AFFAIRE HARTE — ME RAMA VALAYDEN: « L’amateurisme tue les innocents ! »

Me Rama Valayden, avocat de Sandip Moneea (accusé n°2) dans le procès de l’assassinat de Michaela Harte, s’est adressé hier aux membres du jury pour la dernière fois. Il a fustigé le travail d’« amateur » de la Major Crimes Investigation Team (MCIT). L’avocat a ensuite présenté une liste de 75 « contradictions » du témoin principal de la poursuite, Raj Theekoy. Le juge Prithviraj Fekna fera, pour sa part, son discours de clôture jeudi pour guider les membres du jury avant la délibération.
« Mr John deserves a lot of sympathy. » Ce sont les premiers mots de Me Rama Valayden, leading counsel de Sandip Moneea, hier après-midi lors de sa plaidoirie qui a duré environ trois heures et demie. John McAreavey était toutefois absent de la salle d’audience dans la journée d’hier.
« La personne qui a commis ce crime atroce a non seulement tué notre invitée mais a en même temps tué toute une industrie », a-t-il souligné. L’homme de loi a expliqué le devoir d’un avocat envers son client et le serment de ne pas induire la Cour en erreur. « Pourquoi ont-ils dû aller aussi vite ? Se sont-ils couverts la tête en ne cherchant rien autour qui pourrait être d’une quelconque utilité pour trouver les vrais meurtriers ? », a-t-il demandé aux membres du jury.
Me Rama Valayden a expliqué qu’il aurait été facile pour la défense, après avoir écarté le plan de l’hôtel du procès, d’affirmer que « vous ne serez jamais sûrs et d’accorder le bénéfice du doute à la défense ». L’avocat de Moneea a souligné que la demande d’organiser la visite guidée est venue de la défense et non de la poursuite. « Vous pouvez maintenant facilement vous situer dans l’hôtel grâce à la visite guidée », a-t-il souligné.
« Travail d’amateur »
Me Rama Valayden a tout au long de son discours traité d’« amateur » l’équipe policière responsable dans l’affaire Michaela Harte. L’homme de loi a établi une liste d’omissions de la police qu’il juge inacceptable. « Nous ne sommes pas contre la police mais nous voulons une police qui mène des enquêtes de la bonne façon ». Il a affirmé demeurer perplexe sur la capacité de la MCIT à visionner 60 heures d’enregistrement CCTV de l’hôtel en un jour. « Il n’y a pas eu de test sur chaque porte (NdlR : en rapport avec le door reading) … Ne venez pas me dire qu’ils ne pouvaient pas le faire ! », a-t-il lancé en se référant aux 40 ans d’expérience de l’Assistant Commissaire de Police (ASP) Soopun, le chef de la MCIT qui vient de prendre sa retraite.
Par ailleurs, la police est parvenue à identifier le couple allemand sur la vidéo diffusée lors du procès en usant de leurs contacts. « Pourquoi la police n’a-t-elle pas déployé le même effort pour obtenir la version de l’autre couple allemand qui voulait donner une déclaration ? », s’interroge l’avocat. Ce couple parlait ni français ni anglais, c’est ce qui, selon lui, aurait dissuadé les enquêteurs. « Maurice est-elle trop pauvre pour envoyer un officier en Allemagne et prendre une déposition ? Est-ce trop tard pour Interpol ? Il était sans doute trop tard pour chercher d’autres suspects ! », a déclaré Me Rama Valayden. Et l’avocat d’aborder un manque de coordination avec plusieurs équipes au Legends dans cette affaire. « L’amateurisme tue les innocents ! », a-t-il affirmé dans ce contexte.
Me Valayden a affirmé que l’ACP Soopun a joué au jeu de « pa mwa sa, li sa » en Cour. Il a mis en avant que le chef de la MCIT a tout mis sur le dos du Scene of Crime Office (SOCO) en disant qu’une empreinte trouvée sur la scène du crime pourrait être celle d’un de ses officiers. « Ne portent-ils donc pas de gants ? », a-t-il lancé. L’avocat a déclaré, par ailleurs, que les quatre empreintes relevées sur la porte n’ont pas été vérifiées et le footprint sur un drap non plus. Selon lui, les témoins n’ont pas été interrogés correctement.
Qui plus est, Me Valayden a avancé que « la poursuite veut nous faire accroire que l’accusé N°2 (Sandip Moneea), en tuant Michaela Harte, a appelé sa grande soeur afin de lui demander des instructions ? Et la police n’a jamais interrogé la soeur et ne l’a jamais arrêtée ? Cessez de nous prendre pour des imbéciles ! » Et de poursuivre sur un ton sarcastique : « D’après eux, quand vous tuez quelqu’un, vous nettoyez tout, vous attendez dans la chambre du meurtre, vous passez un appel et vous restez dans les environs pour que les gens vous voient. » Il a déclaré en ce sens que le « case of the prosecution is fiction and fantasy » et que les témoins à charge ont été « economical with the truth ».
« J’aurais pu prendre 30 minutes et casser tous les témoins de la poursuite mais ce n’est pas nécessaire car ils le font eux-mêmes », a déclaré l’avocat. Il a entre autres cité l’intervention du juge pour faire parler le PC Sevathian, qui était interrogé à propos de la baignoire. « Quand j’appelle un témoin, je le respecte… Je n’appelle pas un autre témoin pour venir dire qu’il est un menteur », a-t-il ajouté. Govinden Saminaden a déclaré pendant le procès qu’il avait été bousculé par la police et a été contraint de signer une déposition. « Quand Saminaden dit qu’il n’a pas mentionné des choses dans son statement à la police, c’est un menteur mais quand Theekoy le fait tout va bien… », a soutenu Rama Valayden.
L’avocat a dressé une liste de 75 « contradictions » de Raj Theekoy. Il a expliqué qu’en droit pénal, l’utilisation d’une déclaration contre un co-accusé n’est pas possible et que la poursuite ne compte que sur Raj Theekoy pour condamner son client. Celui-ci a déclaré avoir vu le nom d’Avinash Treebhoowoon sur le trolley alors que l’hôtel avait changé les chariots peu avant. « S’il avait dit avoir reconnu le chariot, ça aurait pu coller », a-t-il soutenu. « Kan ou tann enn koup lager ou kas enn poz ou atann ek veye si ena dimoun sorti ? Kouma li kone dimoun ti pou sorti ? » L’avocat a de plus soutenu qu’une personne n’aurait pas pris 20 minutes pour voler dans un portefeuille. « Cessez de nous prendre pour des guignols ! », a affirmé Rama Valayden.

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