AFFAIRE LAM PO TANG : Me Rama VALAYDEN, « La force policière est la seule institution où il n’y a jamais eu de véritable réforme »

Suite à l’acquittement de son client Sanjeev Nunkoo dans l’affaire Lam Po Tang en Cour d’assises jeudi, Me Rama Valayden a tenu un point de presse à son bureau hier pour commenter l’enquête policière sur cette affaire ainsi que le déroulement du procès en Cour. Énumérant les « zones d’ombre et failles », selon lui, dans l’enquête de la MCIT, l’homme de loi souligne que la force policière est la seule institution où il n’y a jamais eu de véritable réforme. « Il est temps que la police arrête d’élucider des crimes à travers le système de confession. 80 % de la formation des policiers est physique alors que les méthodes de résolution des crimes sont de plus en plus scientifiques », a déclaré Me Rama Valayden. L’homme de loi et son équipe comptent mettre en place un dossier demandant la réouverture de l’enquête sur le meurtre d’Hélène Lam Po Tang.
Rappelons que les neuf membres du jury ont à l’unanimité trouvé Sanjeev Nunkoo innocent dans l’affaire Lam Po Tang. Il était accusé d’avoir agi en tant que complice dans cette affaire en ayant fourni le couteau qui avait servi pour commettre le meurtre. Face à la presse hier, son avocat, Me Rama Valayden, est revenu sur l’enquête policière et le procès en Cour. « C’est avec beaucoup de tristesse que je dois une fois de plus dire après un procès que l’enquête policière a été mal faite », a-t-il relevé. Ce dernier estime que les méthodes utilisées actuellement par la police pour élucider des crimes sont dépassées. « La police n’a aucune méthode pour trouver le coupable et se base sur la confession », insiste Me Rama Valayden. Il ajoute que « si aujourd’hui le meurtrier est toujours en liberté c’est parce que la police a fermé les yeux sur beaucoup de choses ».
Me Valayden soutient que la police n’a jamais voulu savoir quels habits portait la victime la dernière fois qu’elle avait été vue ou encore ce qu’elle avait mangé. L’homme de loi estime que ces détails auraient été importants pour une telle affaire. Me Valayden a également fait ressortir qu’aucune enquête n’avait été prise auprès de certaines personnes importantes. De plus, des objets susceptibles d’être pertinents à l’enquête tels que le diary personnel d’Hélène Lam Po Tang, son téléphone portable et un livre retrouvés à côté du cadavre ainsi qu’une chaîne en or n’avaient pas été saisis et examinés par la police. « Si lanket ti enn dimoun, li ti pou poursuiv la polis pou difamasion », a lancé Me Rama Valayden. Il s’est alors appuyé sur certains aspects du procès, indiquant que les membres du jury ont eux-mêmes trouvé que l’enquête policière était remplie de failles. « Comment se fait-il que pour une affaire comme cela, la police n’a pas relevé une seule empreinte dans cette maison », questionne-t-il.
L’homme de loi de Sanjeev Nunkoo est d’avis qu’il faudrait instituer une commission pour se pencher sur le rôle de la police. Rama Valayden relève que la force policière est la seule institution où il n’y a jamais eu de véritable réforme. L’homme de loi continue en déclarant que « ce n’est pas possible que la MCIT existe toujours ».
Rama Valayden demande par ailleurs une réforme au niveau du Forensic Science Laboratory et propose que Maurice travaille en collaboration avec des institutions étrangères pour les analyses. Concernant le judiciaire, l’avocat propose un système de juge d’instruction à la mauricienne et suggère que les procès devant les Assises soient télévisés.
Me Valayden compte écrire au Premier ministre à son retour au pays et à la Présidente de la République pour demander la réouverture de l’enquête afin d’élucider le meurtre d’Hélène Lam Po Tang. « Je compilerai un dossier que je remettrai à la police comme je l’avais fait dans le cas de Michaela Harte », a-t-il indiqué.
Quant à Sanjeev Nunkoo, il compte instituer un procès en réclamations contre l’État. Son homme de loi n’a pas voulu donner plus de détails sur cette action en cour. « Nous nous mettrons à la disposition de la police pour toute collaboration dans cette affaire. La vérité vaincra », a conclu Me Valayden.

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