AFFAIRE LAM PO TANG: Nunkoo fixé sur son sort le 5 janvier

Après plus de trois mois d’audiences en cour de Pamplemousses, les travaux de l’enquête préliminaire sur l’assassinat de Hélène Lam Po Tang en octobre 2010 ont pris fin hier. Cette séance, qui allait être consacrée à l’audition de trois témoins de la défense, a finalement permis à la magistrate Maryse Panglose-Cala d’en entendre qu’un en la personne du Dr Amah Charya Gujjalu, Forensic Pathologist et ex-Police Medical Officer. Le médecin légiste retraité a maintenu que Mme Lam Po Tang a été tuée par « au moins deux personnes ». À l’issue de l’ultime séance d’hier, la magistrate a annoncé qu’elle ferait connaître sa décision de déférer l’accusé Sanjiv Nunkoo ou non aux Assises le 5 janvier.
Pendant plus de deux heures hier, le Dr Gujjalu, unique témoin de la défense, a été entendu sur les conclusions du rapport d’autopsie rédigé par le Chief Police Medical Officer (CPMO), le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Invité à donner son avis au sujet de différents aspects de l’examen post mortem, notamment eu égard aux blessures relevées sur Hélène Lam Po Tang ainsi que de l’heure de la mort, l’ancien Police Medical Officer a soutenu que la défunte a été agressée par plusieurs personnes. Ci-dessous un extrait de l’interrogatoire du médecin légiste retraité par Me Rama Valayden.
Q : Pourquoi dites-vous « assaillants » ?
R : Premièrement, les blessures relevées sur le corps étaient au moins de deux types. Deuxièmement, les blessures sur le corps étaient à gauche, à droite, devant et à l’arrière du corps de la victime. With these two elements, in my reasoning, I can conclude and affirm that at least two persons and at least two weapons have been involved in the stabbing and in the injuries.
Q : La mort aurait-elle pu survenir le 14 octobre 2010 aux alentours de 15 heures ?
À cette question, Me Nataraj Mooneesamy du State Law Office (SLO) objecte, faisant ressortir que celle-ci est une « leading question ». Dans son « ruling », la magistrate souligne : « This is an enquiry and not a trial. We are searching for the truth. There is no other way to ask that question. » Et autorise, par la même occasion, la question.
R : I said earlier that I concur with the time given by Dr Gungadin just after the autopsy, which is the right time after the examination of the scene of crime, to give a proper time of death. So, to answer this question, of Counsel, I fully disagree with the time given of the 14th of October at 3 p.m.
En début de séance, Me Valayden a demandé à la cour que le Dr Gujallu puisse consulter le rapport d’autopsie du Dr Gungadin ainsi que son avis sur l’heure et la date de la mort inscrites sur l’acte de décès officiel de Mme Lam Po Tang, à savoir le 13 octobre 2010 à 23 heures. Il lui a aussi posé certaines questions sur ses compétences professionnelles.
Q : Pouvez-vous dire à la cour depuis quand êtes-vous un Forensic Pathologist ?
R : Depuis le 7 novembre 1981. J’ai pratiqué à Maurice et aussi en Grande-Bretagne.
Q : Avez-vous été employé par une agence ou une compagnie à Maurice ?
R : Oui. Depuis 1981, j’ai été affecté au Police Forensic Department.
Q : Y travaillez-vous toujours ?
R : Je suis à la retraite depuis six ans.
Q : En tant que Forensic Pathologist, pratiquez-vous des autopsies ?
R : Oui.
Q : À Maurice, combien d’autopsies avez-vous pratiqué ?
R : Des milliers.
Q : Dans la présente affaire, avez-vous pris connaissance du rapport médico-légal du Dr Sudesh Kumar Gungadin ?
R : Oui.
Q : Avez-vous pris connaissance des rapports du Forensic Science Laboratory (FSL) ?
R : Oui.
À ce stade, Me Valayden demande que l’acte officiel du décès de Hélène Lam Po Tang soit montré au témoin. Ce qui est fait.
Q : Pouvez-vous lire l’heure et la date du décès à partir de ce document ?
R : La date et l’heure de la mort inscrites sont 23 heures le 13 octobre 2010.
Me Valayden réclame ensuite à la cour une copie du rapport d’autopsie du Dr Gungadin afin que celle-ci soit montrée au témoin.
Q : Est-ce le même rapport en date du 15 novembre 2010 dont vous avez eu l’occasion de prendre connaissance ?
R : Oui.
Q : Est-il signé par le Dr Gungadin ?
R : Oui.
Q : Est-ce à propos de la mort de Mme Lam Po Tang ?
R : Oui.
Q : Après avoir examiné le rapport, en vous fiant à votre expérience, à quelle heure considérez-vous que Mme Lam Po Tang est décédée ?
R : En fonction de ma longue expérience à Maurice, je suis d’avis que l’heure approximative de la mort de Mme Lam Po Tang est celle mentionnée dans l’acte de décès émis. Peut-être avec deux ou trois heures de différence.
Q : Quand vous dites deux à trois heures de différence, pourrait-il être le mercredi 13 octobre, avec plus ou moins deux à trois heures ?
À ce moment précis, Me Mooneesamy objecte. « Do not lead the witness », déclare-t-il à Me Valayden. Celui-ci reformule sa question.
Q : Do you base yourself on scientific facts…
Nouvelle objection de la poursuite concernant une autre leading question.
Q : On what factors do you base yourself to say that death occured around 11 p.m on the 13th of October ?
R : The rigor mortis passing off, post mortem lividity which was fixed and on numerous findings at the autopsy […] I have based myself on my long experience of autopsies and a well-known textbook in forensic medicine, Vernon Knight, regarding rigor mortis. In that textbook, it is well said : « Rigor mortis passing off after 36 hrs ». Now if we add the state of decomposition of the body, this will lead me to conclude that the time of death was about 40 hours before the autopsy time.
Q : Generally speaking, how many hours from the time of death of a person does rigor mortis start to settle in ?
R : Rigor mortis starts six hours after death and it is well established 12 hours after death.
Q : Dans la présente affaire, après avoir lu le rapport et votre expérience, selon vous, combien d’heures se sont écoulées avant que le rigor mortis ne s’installe ? (NdlR : la rigidité du corps)
R : Dans ce cas, après six heures.
Par la suite, Me Valayden s’est intéressé à trois types de blessures relevées sur le corps de Mme Lam Po Tang. Celles-ci sont décrites sous les numéros 13, 23 et 25 dans le rapport du Dr Gungadin. À ce propos, le Dr Gujjalu a soutenu qu’elles ne pouvaient avoir été causées par le couteau qu’avait acheté Sanjiv Nunkoo le 14 octobre 2010 au Jumbo de Riche-Terre. Après avoir examiné le couteau, le Dr Gujjalu a dessiné à l’aide d’une craie sur un tableau noir pour expliquer la forme de ces trois blessures, ainsi que le type d’arme qui les aurait causées. Pour lui, seule une lame à double tranchant aurait causé ces blessures et non pas le type de couteau retrouvé par la police sous le Pont Colville Deverell à la fin du mois d’octobre 2010.
La magistrate : Pourquoi dites-vous que ces blessures n’ont pu être causées par ce couteau ?
R : In all the three injuries, the pointed apices should have been caused by a double, sharp-edged weapon knife and not by this weapon.
Par la suite, le témoin de la défense a été contradictoirement interrogé par Me Mooneesamy. Le Dr Gujjalu a soutenu au cours du cross-examination que la température du corps n’a pas été enregistré. Le représentant du State Law Office a contredit le témoin sur cet aspect. Ci-dessous les principaux extraits du contre-interrogatoire.
Q : Docteur, vous avez déposé en cour uniquement sur la base de ce que le Dr Gungadin a écrit dans son rapport. Est-ce correct ?
R : Oui, en me basant sur ce qu’il a trouvé à l’autopsie.
Q : Donc, vous n’étiez pas présent sur les lieux du crime à aucun moment ?
R : Non.
Q : Vous n’avez pas non plus assisté à l’autopsie à aucun moment ?
R : Non.
Q : Vous avez dit plus tôt que la mort s’est produite plus de 40 heures avant que l’autopsie ne soit pratiquée ?
R : Oui, en me basant sur le rapport du Dr Gungadin.
Q : Donc, votre point de départ est 19 heures, comme spécifié dans le rapport…
R : Oui, l’heure de l’autopsie.
Q : Êtes-vous d’accord avec moi en disant que l’heure de la mort n’est pas une science exacte ?
R : Oui. Il y a une marge d’erreur.
Q : What is your bracket of time in relation to the time of death ? Forty hours and what time ?
R : Again, I add two or three hours, plus or minus. You have to take consideration of other factors also.
Q : You just mentioned that several factors have to be taken into consideration to determine the cause of death…
R : Yes.
Q : Now, is one of these factors the body temperature of the corpse ?
R : Yes and this was not taken.
Q : Do you mean to say that you did not know the body temperature ?
R : Yes. This was not taken. It is a fact. It was not taken neither at the scene of crime nor at the autopsy.
Q : Vous serez d’accord avec moi que prendre la température du corps est l’indicateur le plus utile de l’heure de la mort ?
R : C’est un facteur.
Q : Diriez-vous que c’est un facteur important ?
R : C’est un facteur important.
Q : C’est un facteur que vous n’avez pas pris en considération dans votre calcul de l’heure de la mort dans cette affaire…
R : This was not done.
Q : If I tell you that Dr Gungadin took the body temperature of the victim, you have to agree automatically that his estimation of the time of death would be more accurate than yours ?
R : Je ne peux répondre par oui ou par non concernant un aspect médical et technique, en particulier s’agissant des affaires criminelles et des corps en putréfaction. Le Dr Gungadin a mentionné qu’après l’autopsie que l’heure de la mort, en fonction de son expertise, était autour de 23 heures le 13 octobre 2010.
Q : The other factor you consider before calculating the time of death were rigor mortis and the lividity of the body ?
R : These are the main factors we have to consider.
Q : Êtes-vous d’accord que la mort était une mort violente ?
R : Oui.
Q : In case of violent deaths does rigor mortis start earlier ?
R : Yes it can.
Q : Dans les cas de mort violente, les changements de putréfaction commencent-ils aussi plus tôt ?
R : Je ne suis pas d’accord.
Q : In the present matter, if death occured on the 13th of October 2010, there should have been the smell of decompsing dead body the next day…
R : There is no mention of air temperature and it was in winter. In October, it is cold. So, the smell arising sarts with the outside body decomposing and we don’t know if there was an air conditioner in that room to keep that body fresh.
Q : Donc, n’y aurait-il pas d’odeur le lendemain ?
R : Pas nécessairement.
À l’issue du témoignage du Dr Gujjalu, la défense a, à son tour, close its case. La magistrate a alors informé l’accusé Sanjiv Nunkoo et les parties en présence qu’elle ferait connaître sa décision le 5 janvier.

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