Affaire Roches-Noires | Sooroojbally et Jokhoo confirment la présence de Ramgoolam

  • La carte donnant la position des antennes-relais des deux opérateurs téléphoniques dans le pays toujours pas disponible

Le procès intenté à l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam, ainsi qu’aux ex-DCP Dev Jokhoo et Ravine Sooroojebally, concernant les incidents survenus au bungalow de Roches-Noires dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011, a repris ce matin. Cette séance a été marquée par l’audition des limiers du CCID, le PS Ramdoo et l’inspecteur Seebaruth, qui avaient consigné la déposition de Ravine Sooroojebally et Dev Jokhoo. Les deux accusés ont déclaré à la police qu’ils s’étaient rendus au bungalow de Roches-Noires après avoir reçu un appel de l’ancien Premier ministre. Lorsqu’ils sont arrivés sur place, ce dernier était en compagnie de Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury. Dev Jokhoo devait aussi évoquer des raisons personnelles de Rakesh Gooljaury ayant motivé son changement de version.
Au début de l’audience, la représentante de la poursuite, Me Mohana Naidoo, devait informer la Cour que certains documents réclamés par la défense – à savoir les “diary book entries” de la PS Bhunjun – n’étaient toujours pas disponibles ainsi que la carte donnant la position des antennes-relais des deux opérateurs téléphoniques dans le pays. Si Emtel et MyT ont pu produire certains documents relatifs aux antennes-relais, elles ne sont toutefois pas en présence d’une carte montrant les régions qui sont couvertes par ces antennes. Me Gavin Glover, l’avocat de Navin Ramgoolam, n’a pas caché son mécontentement face à cette situation.

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Le premier témoin à être appelé à la barre après la longue audition de Rakesh Gooljaury a été hier le PS Ramdoo, qui avait enregistré la déposition de Ravine Sooroojbally le 14 janvier 2015. Celle-ci s’est déroulée sous la forme d’entretiens pendant lesquels 49 questions avaient été posées à Ravine Sooroojbally. Répondant aux questions du policier, il est revenu sur sa carrière dans la police, donnant des précisions sur les numéros de téléphone dont il se servait au moment des faits ainsi que la voiture qu’il utilisait. Il devait expliquer que le 3 juillet, vers 2h du matin, il avait reçu un appel sur un numéro inconnu de Navin Ramgoolam, lui demandant de venir au bungalow de Roches-Noires suite à un incident. « Kot ou ete la ? Eski ou pou kapav vinn dan mo bungalow Roches-Noires ? », lui avait dit l’ex-PM. Ravine Sooroojbally a concédé qu’il ne savait pas que Navin Ramgoolam avait un bungalow à Roches-Noires et ne savait pas où il se trouvait. Navin Ramgoolam lui aurait alors dit de prendre contact avec Dev Jokhoo, déjà en route pour le bungalow. Ce dernier connaissait le campement. En route, il a appelé Dev Jokhoo, qui lui avait donné des instructions. En arrivant au campement, a-t-il relaté, Navin Ramgoolam lui aurait présenté Rakesh Gooljaury et Nandanee Soornack, décrite comme une amie.

« Ex PM was upset and the lady said nothing. Gooljaury was talking to Jokhoo who was already there. Everyboday was standing except the lady. They told me that an intruder entered the room from the window and stole Rs 20 000 », avait dit Ravine Sooroojbally dans sa déposition. Il indique qu’il leur avait conseillé de ne pas entrer dans la chambre pour ne pas compromettre les preuves car les élements du SOCO allaient y effectuer des prélèvements d’empreinte. Il a soutenu qu’il n’y avait aucun autre policier, ajoutant avoir dit à Navin Ramgoolam de rapporter l’affaire à la police. À son retour, il avait informé le Security Adviser Sandana Mukherjee de cet incident, précisant que ce dernier est ensuite parti faire un constat des lieux. Il affirme que c’est par la suite qu’il avait appris que c’est Rakesh Gooljaury qui avait rapporté l’affaire à la police.

Aucun complot

« The decision of calling police assistants was at the discretion of the ex PM », devait-il répondre quand il avait été interrogé sur la raison pour laquelle il n’avait pas appelé la police personnellement. Selon lui, le fait que le voleur les avait surpris « en plein ébats » et avait tenté de toucher Nandanee Soornack n’avait jamais été mentionné devant lui. « I never witness any conversation as such. I never had any conversation or argument with Gooljaury. I spoke only to Ex PM and Jokhoo. I completely disagree that I conspire. I only told them that the victim of the crime should report the matter », a déclaré Ravine Sooroojbally. Il a nié avoir fait partie d’un complot pour changer de déclaration à la police. Par ailleurs, lors du contre-interrogatoire du PS Ramdoo par Me Gavin Glover, ce dernier est revenu sur le mandat de perquisition du 6 février 2015.
Me Glover, SC : Le 6 février 2015, vous vous êtes rendu au tribunal de Curepipe pour rencontrer la magistrate ?
PS Ramdoo : Oui, vers 13h15 j’ai été la voir et je lui ai fait part de certains faits pour justifier la demande d’un mandat de perquisition.
Me Glover : Qu’est-ce que vous lui avez dit ?
PS Ramdoo : I claim priviledge for this.
Me Glover s’est dit « choqué » d’une telle réponse et a expliqué que le refus de répondre affectera sa crédibilité.
PS Ramdoo : Je lui ai fait part des preuves recueillies et elle m’avait demandé si, après, dans les dépositions enregistrées, il y avait des allégations directes.
Me Glover : Pourquoi deviez-vous effectuer une fouille ?
PS Ramdoo : Le but était de chercher des “sim cards”, des téléphones ou autres documents relatifs à l’enquête.
Me Glover : I put it to you that the evidence gathered was the turncoat evidence of Gooljaury.
PS Ramdoo : No.
Me Glover : Vous agissez sous l’instruction de qui ?
PS Ramdoo : ACP Jangi et Seebaruth. Il y avait aussi le DCI Nutcheram et le DI Ramkhelawon.
Me Glover : C’est bizarre qu’aucun d’entre eux ne figurent sur la liste des témoins de la poursuite.
Me Glover : Quand vous vous êtes rendu chez l’ex-PM, qui était avec vous ?
PS Ramdoo : le DCI Nutcheram était là. Il m’avait demandé de chercher les affaires mentionnées dans le mandat de perquisition.
Me Glover devait longuement interroger le témoin sur les raisons de cette fouille, lui demandant à plusieurs reprises ce qu’il était parti chercher outre des “sim cards” et des téléphones. Rappelons que c’est lors de cette fouille au domicile de Navin Ramgoolam à Riverwalk que ses coffres-forts, contenant Rs 220 M, avaient été saisis.

Autre témoin appelé à la barre : l’inspecteur Seebaruth, qui avait enregistré la déposition de Dev Jokhoo. Ce dernier avait également répondu aux mêmes 49 questions. Dev Jokhoo devait aussi nier toute implication dans un quelconque complot pour changer de version. « My only concern was the security of the Prime Minister. I went there to do my duty. I did not give any instructions to Gooljaury », a déclaré Dev Jokhoo. Dans sa déposition à la police, il était aussi revenu sur sa présence au bungalow. « Rakesh Gooljaury is a self-confesed liar. He was prompted by his personal motive, for political reason and to protect his business. He is a self-centered conspirator. He is getting police protection and already getting favours », a-t-il dit dans sa déposition. L’interrogatoire de l’inspecteur Seebaruth reprend demain.

Les trois accusés ont plaidé non-coupables d’une charge de “conspiracy to do an unlawful act, namely effecting public mischief in breach of Section 109 of the Criminal Code”. Navin Ramgoolam est défendu par sir Hamid Moolan (QC), Me Gavin Glover (SC), Me robin Ramburn (SC) et Me Shaukat Oozeer. Dev Jokhoo, lui, est représenté par Mes Mooloo Gujadhur, Shiam Servansingh, Kevin Luckeeram et Shiv Servansingh alors que Rampersad Sooroojebally est défendu par Me Narghis Bundhun.
La poursuite est représentée par Me Mohana Naidoo, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, Me Jean Michel Ah Sen, Principal State Counsel, et Me Keshri Soochit, State Counsel.

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