AFROBAROMETER: trois Mauriciens sur cinq (61%) soutiennent que la corruption a augmenté au cours de la dernière année

Le deuxième volet du sondage entrepris par Straconsult à l’item AfroBarometer dresse un état des lieux de la corruption à Maurice. Comme pour la première série, les institutions de l’État – dont l’Assemblée nationale et le Prime Minister’s Office – essuient de sérieux revers quant à la perception de la corruption. Le contact général est que pour une majorité des sondés, soit trois sur cinq (61%), le fléau de la fraude et de la corruption a progressé au cours des 12 derniers mois. Le dernier bulletin, rendu public par StraConsult, après l’exercice entrepris sur le terrain en octobre et novembre de l’année dernière, avance que « overwhelmingly majorities of Mauritians believe that at least some government officials, police, National assembly members, local councils and Prime Minister’s staff are involved in corruption ». Ce constat ouvre la voie à un débat au sujet de la pertinence de la loi-cadre pour lutter contre la fraude et la corruption ou encore l’efficacité de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) à endiguer ce problème, avec des conséquences sur les plans économique et national.
Tout semble indiquer que les conclusions de l’analyse des réponses fournies lors du sondage de StraConsult, société dirigée par Amédée Darga, aux trois questions consacrées à la corruption, devront susciter un sursaut, que ce soit au sein de la population ou même à la tête des institutions ciblées, que ce soit le Prime Minister’s Office, la police, l’Assemblée nationale et même le judiciaire et le corps religieux. Les 1 200 Mauriciens, âgés de 18 ans et plus, confrontés à trois questions principales, laissent clairement comprendre que « most Mauritians see corruption in State institutions ». À la décharge, il faudra reconnaître le fait que s’il y a des corrompus dans les institutions, il doit y avoir, en contrepartie, des corrupteurs, qui restent encore sous le couvert de l’anonymat. Les éléments de réponse à la question de la participation de la population à la lutte contre la corruption demeurent révélateurs à plus d’un titre.
À la première question sur la perception de la corruption parmi les officiels, une grande majorité de Mauriciens, soit plus de quatre sur cinq (80%), considère que des membres de la force policière (86%) et des fonctionnaires (82%) sont impliqués dans des cas de corruption. Le commissaire de police, Karl Mario Nobin, aura du fil à retordre pour corriger cette perception de la corruption aux Casernes centrales.
Le tableau établi sur la base des réponses des sondés sur la prévalence de la corruption donne un taux de :
– 80% au niveau de l’Assemblée nationale
– 77% au sein du Prime Ministers’ Office
– 86% dans la force policière
– 79% dans les collectivités locales
– 74% parmi les Business Executives
– 82% parmi les fonctionnaires
– 64% dans le judiciaire
– 70% sur le plan du fisc, dont la MRA
– 77% dans les Ong, et
– 59% parmi les religieux.
La lutte contre la corruption est encore loin d’être gagnée dans la mesure où trois Mauriciens sur cinq sont d’avis que ce fléau a encore gagné du terrain au cours de l’année écoulée. La seule satisfaction, si elle peut être considérée comme telle, est que le pourcentage de 31% enregistré en 2017 est en régression face aux 69% de 2016.
L’indicateur qui suscite encore des préoccupations est qu’une majorité de Mauriciens affirment craindre des actes de représailles quand ils décideront de dénoncer des actes de corruption. En effet, plus de deux Mauriciens sur trois (67%) avancent des risques potentiels de conséquences négatives pour eux s’ils viennent de l’avant avec des détails de cas de corruption. Avec cet état d’esprit, la logique veut que moins d’un Mauricien sur deux estime que les dénonciations de la population peuvent faire la différence dans la lutte contre la fraude et la corruption.
Pour conclure, les nantis se retrouvent sur le banc des accusés dans les cas de corruption. Trois sondés sur cinq croient que ceux qui sont en haut de l’échelle socio-économique sont plus aptes à donner une “bribe” ou à prendre avantage de leurs connexions personnelles pour éviter de payer la taxe (66%), d’éviter de se présenter en cour (62%) ou encore d’enregistrer une propriété immobilière qui ne leur appartient pas (61%).
Pour StraConsult, qui a mené la troisième édition d’AfroBarometer, axée sur des “attitude surveys on democracy, governance, economic conditions and related issues in Africa”, « these views reflect public concern about corruption as Transparency International, in its 2016 report, downgraded Mauritius to 50 th out of 176 countries in its corruption ranking ».

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