AIR MAURITIUS—CONDITIONS DE TRAVAIL: L’AMCCA alerte le Bureau international du Travail

Les hôtesses de l’air et les stewards d’Air Mauritius, réunis au sein de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, ont décidé de dénoncer la compagnie aérienne pour violation de la Convention 98 sur le droit d’association. Ils affirment qu’Air Mauritius « multiplie les démarches pour retarder le démarrage des négociations collectives dues depuis 2014 ».
« Toutes nos démarches pour amener la direction d’Air Mauritius autour d’une table afin de reconduire les négociations collectives sur une augmentation de salaires et une amélioration des conditions de travail du personnel navigant sont jusqu’ici restées vaines. La direction d’Air Mauritius use de tactiques dilatoires et trouve à chaque fois une excuse pour ne pas entamer ces discussions », a déploré la négociatrice de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), Jane Ragoo, également présidente de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public, centrale syndicale à laquelle est affiliée l’AMCCA. La syndicaliste était entourée, au St Georges Hôtel, Port-Louis, de la présidente de l’AMCCA, Christiane Vencatachellum, et des autres membres de son syndicat.
« Tantôt on nous dit qu’il n’y a plus de CEO, tantôt qu’il n’y a pas de HR et ainsi de suite. Et quand nous avons enfin décidé de référer l’affaire à la Commission de conciliation et de médiation du ministère du Travail, cette fois-ci la direction d’Air Mauritius nous fait comprendre que ces discussions auront lieu au sein des Staff Committees parce qu’il y a trop de syndicats », s’indigne Jane Ragoo.
En attendant, poursuit la syndicaliste, les conditions de travail du personnel navigant se détériorent. « Les heures légales de repos ne sont pas respectées, des vols partent souvent avec deux personnels naviguant en moins, ce qui met à mal la qualité du service et les nerfs de ceux qui travaillent », soutient la présidente de l’AMCCA. Christiane Vencatachellum affirme que cela « augmente la pression » sur ceux qui travaillent, car ils évoluent dans des conditions difficiles. « Avoir à s’occuper de 150 passagers à quatre n’est pas évident », décrit-elle.
La présidente de l’AMCCA dénonce par ailleurs la pression exercée sur des responsables de cabine pour qu’ils embarquent sur des vols en tant que simple personnel navigant. « N’est-ce pas humilier quelqu’un dans son travail que de l’obliger à travailler à un poste inférieur à son rang ? » s’est-elle demandé. Christiane Vencatachellum n’exclut pas que toute cette pression puisse influer sur la sécurité à bord. « Avec un personnel réduit, est-on en mesure de faire face à une urgence en plein vol ? Nous sommes certes formés à affronter des situations difficiles, mais n’y a-t-il pas une limite que tout être humain peut atteindre ? » se demande-t-elle.
Le secrétaire de la CTSP, Reeaz Chuttoo, a lui argué que la direction d’Air Mauritius « se permet cette pression » sur le personnel navigant parce qu’il y a « à l’extérieur une pépinière de jeunes sans emploi qui aspirent à travailler dans des avions, sans connaître les conditions qui y sont attachées ». Il ajoute : « Dans ce contexte, nous dénonçons le rôle d’Airmate, une filiale d’Air Mauritius, dans le recrutement de ces jeunes. Cette subsidiaire d’Air Mauritius agit comme un job contractor et permet de recruter des jeunes sur des conditions de salaire et de travail inférieures à celles pratiquées par la compagnie mère, Air Mauritius. C’est du gangstérisme économique (voir encadré) », s’est-il écrié.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -