Air Mauritius : La menace de grève lui pend toujours au nez

La semaine risque d’être une fois de plus chargée pour Air Mauritius. Après des négociations ardues au courant de la semaine écoulée avec l’intersyndicale et parallèlement d’autres associations, le management doit désormais, d’une part, faire face à une nouvelle menace de grève — cette fois du cabin crew — et, d’autre part, étudier les modalités pour le paiement des arriérés de 10% ainsi que l’augmentation salariale de 4% s’agissant du personnel au sol qui, après un vote consultatif, est revenu à de meilleurs sentiments. 

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Après plusieurs jours mouvementés, le calme devrait revenir à Air Mauritius cette semaine. Mais pas pour longtemps, car une nouvelle menace de grève pèse sur la compagnie d’aviation nationale. Cette fois, ce sont les membres de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) qui évoquent leur ras-le-bol. Notamment parce que les négociations salariales butent depuis quatre ans sur une augmentation de 4% que propose la compagnie au personnel navigant. L’AMCCA parle ainsi d’« humiliation » par Air Mauritius et d’une stratégie de « downgrading » du cabin crew.

Lueur d’espoir

La goutte d’eau qui fait déborder le vase auprès du cabin crew, c’est l’accord signé avec trois syndicats vendredi portant sur une augmentation s’élevant à 10% pour le personnel au sol. Le personnel navigant déplore ainsi les 4% d’augmentation qui lui sont proposés. Le dernier accord collectif du syndicat des hôtesses de l’air et stewards d’Air Mauritius date de 2011. En 2017, les propositions du syndicat ont toutes été rejetées. L’affaire portée devant la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM) demeurant sans issue — le management n’ayant dépêché aucun représentant lors de la dernière réunion devant l’organisme —, le syndicat a écrit au président et réclame le « deadlock » en vue d’enclencher les procédures de grève.

D’autant plus qu’en sus des négociations salariales au point mort, 27 hôtesses et stewards dont le contrat avec MK arrive à terme devraient passer prochainement tous, avec les conditions moins favorables, comme celles d’Airmate. « Cette situation est tout à fait illégale », déplore Reeaz Chuttoo, selon qui MK est en train de créer un mauvais précédent. Le syndicat a lancé un appel au Premier ministre pour qu’il intervienne sur ce dossier. Le ministre du Travail est aussi appelé à assumer ses responsabilités si les procédures de grève sont enclenchées, dit le syndicaliste.

De leur côté, les employés au sol regroupés au sein de l’AMSA, l’AMTSSU, la PTEU et l’UEAML entrevoient une lueur d’espoir. Ils devront percevoir leur augmentation d’ici juin et toucher finalement les arriérés dus depuis 2015. Un premier accord a finalement été trouvé avec la direction d’Air Mauritius, a fait comprendre leur négociateur intersyndical Jack Bizlall lors d’un point de presse vendredi. Le management, a agréé à une augmentation de 10% à partir d’avril 2015 et 4% additionnels pour avril 2018. Les nouveaux salaires seront applicables à partir de fin juin. Proposition qui a été acceptée à l’unanimité par les assemblées respectives des travailleurs.

Toutefois, le mode de paiement des arriérés, notamment pour la période d’avril 2015 à avril 2018, reste à être défini. C’est autour de cette question que porteront les nouvelles discussions cette semaine à Air Mauritius en vue de trouver une formule appropriée pour compenser environ 2 000 à 3 000 employés concernés par cette augmentation salariale.

Airmateet fonds de pension

Autre question qui fera l’objet de discussions entre l’intersyndicale et le management : le cas des 800 à 900 employés d’Airmate qui, eux, ont des conditions de travail moins favorables que ceux d’Air Mauritius. Si la décision a été prise pour que ces employés deviennent graduellement des employés d’Air Mauritius, il faudra voir les dispositions qui seront prises pour cette absorption dans le circuit, dit Jack Bizlall.

L’intersyndicale évoque également ses préoccupations quant au fonds de pension d’Air Mauritius, qui accuse un déficit de Rs 1 Md. « Il existe deux fonds de pension : le Defined Benefit Scheme et le Defined Contribution Scheme. Le Defined Benefit Scheme est déficitaire à hauteur de Rs 1 Md », indique Jack Bizlall, pour qui la solution n’est pas entre les mains d’Air Mauritius, mais auprès du ministère des Finances. « La loi doit être revue à ce sujet, autrement le fonds de pension risque de s’écrouler », estime-t-il.

Jack Bizlall invite les autres syndicats de la compagnie, soit celui du cabin crew, des pilotes et des ingénieurs, à s’asseoir à la même table de discussion et trouver une formule commune. Il déplore cependant que, s’agissant des négociations salariales, les autres syndicats de MK ne sont toujours pas parvenus à un accord. Les qualifiant d’« opportunistes et à vouloir chercher plus que les autres », il les invite à penser à la compagnie dans son ensemble et de comparer les salaires mirobolants aux salaires dérisoires touchés par certains employés, dont ceux d’Airmate.

Extrêmement « choqué » de ces critiques, Reeaz Chuttoo compte répliquer à Jack Bizlall lors d’une conférence de presse demain aux côtés des membres de l’AMCCA et des syndicats des pilotes. « Ceux qui se prennent pour de grands mathématiciens et ont calculé le salaire global du cabin crew ne prennent pas en considération que, dans la réalité, cet argent dessert les préjudices sociaux et familiaux qu’encourt le personnel navigant », dit le syndicaliste. « Li aberan zordi trouv intersindikal rant dan zwe management. »Il soutient que son syndicat n’entrera pas dans la même logique de faire le procès des travailleurs et que, si besoin est, la grève à Air Mauritius devra être enclenchée.

 

 

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