ALICIA MAUREL : Différence culturelle et diversité

Alicia Maurel est née et a grandi à l’Ile Maurice. Elle a vécu à Paris en 2004 où elle entreprend une Licence en Business International ainsi qu’une Maîtrise en Sciences Politiques et Affaires Internationales. De retour à Maurice en 2009, elle travaille dans le marketing et la communication. En 2013, Alicia décide finalement de suivre sa passion pour l’Art ; elle s’installe à Londres, pour effectuer une deuxième Maîtrise, en Culture, Criticism and Curation, à la Central Saint Martins de Londres. Elle réalise ainsi des expositions au sein même de l’université, mais aussi en collaboration avec le quotidien The Guardian. Sa thèse évoque le développement des espaces d’art dans l’Ile Maurice postcoloniale (Developing the Art Space in Post-Colonial Mauritius : a Negotiation in The Third Space). Basée à Londres jusqu’à la fin de l’année 2014, elle développe son expertise dans divers secteurs, en tant que consultante stratégique pour des marques internationales et des ONG. De retour à Maurice, en 2015, elle crée THE THIRD DOT en collaboration avec son acolyte Laetitia Lor. Alicia Maurel offre en exclusivité aux lecteurs de Week-End Sunlights un extrait de sa préface au catalogue accompagnant la manifestation « Bordeline ».
« L’UNESCO définit la culture comme étant « l’ensemble complexe des traits qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe les arts, les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». THE THIRD DOT, curateur du projet BORDERLINE, est une plateforme de consultance et d’amplification, créée par Alicia Maurel et Laetitia Lor. Elle a pour vocation de développer et de promouvoir des projets interculturels, entre l’Ile Maurice et le reste du monde, dans les domaines de l’art et du design. Pour avancer, il ne sert à rien de croire à l’utopie d’un futur où les dialogues n’auront lieu, qu’une fois nos sociétés devenues linéaires, ni de croire, de façon trop traditionnelle, que seul un agent culturel a le droit de parler de sa terre. Elle nous appartient, à tous, cette terre. Pour celui qui veut bien la voir comme un espace hybride, créé par nos significations, nos identités et les traces d’autres sens et d’autres identités, s’offre alors, finalement, un infini de possibilités.
BORDERLINE est donc une histoire singulière et pourtant si commune. C’est l’histoire de ce que les théoriciens postcoloniaux appellent la différence culturelle et la diversité. C’est aussi, tout simplement, l’histoire des Hommes, qui ont voyagé loin, par choix ou par obligation, et ont ainsi donné naissance à notre vie contemporaine. Le sens de notre culture se découvre, lorsque l’on reconnaît et que l’on accepte d’articuler notre hybridité. C’est alors que se présente à nous le potentiel de vivre et d’évoluer, dans cet entre-deux, dans cette existence sur la ligne, où les dialogues enrichissent et où les unions dessinent l’île dans laquelle nous voulons vivre, aujourd’hui, demain et jusqu’à l’infini. La culture est ultimement liée à la créativité. Cette exposition raconte donc, par le biais de l’art, notre territoire et sa société, dans son ambivalence et sa complexité. Vingt artistes – suivis pendant quatre mois en studio, par les curateurs du projet – émergents et ceux à la pratique déjà établie travaillent autour d’un sujet commun, qu’ils perçoivent dans leur art singulier. Les oeuvres discutent, se rejoignent, se complémentent, se désaccordent aussi parfois. C’est alors que la poésie surgit, dans ce moment suspendu, et dans ce Grenier riche d’histoire, qui regarde l’étranger arriver au port, en portant les secrets de notre rade à jamais.
Notre histoire, comme toutes les histoires, est légitime. Notre art l’est tout autant. Le voyage dans cet art, conçu à l’Ile Maurice, forme une communion, celle d’un peuple et de ses représentants. Dans cet ordre alternatif, nous laissons tous notre trace, singulière et unie. Elle est le témoignage de notre richesse et de la chance que nous avons de vivre une existence sur le ‘borderline’… »

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