APRÈS LE COUP DE FORCE AU ZIMBABWE : Une transition dans la légalité souhaitée à Maurice

La situation au Zimbabwe, où l’armée a effectué un coup de force en plaçant le président Robert Mugabe en résidence surveillée, est suivie avec attention à Maurice tant dans les milieux politiques que dans ceux du secteur privé.
« Une transition dans la légalité est très importante pour les pays de la région », a fait comprendre le directeur de Business Mauritius, Raj Makoond, au Mauricien ce matin. De son côté, Amédée Darga ne fait pas de détour pour affirmer « qu’il est temps que Mugabe cesse d’agir comme un vieil homme sénile et têtu en s’agrippant au pouvoir jusqu’à son dernier souffle ». L’ancien ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, lui, souhaite également un retour au droit constitutionnel au Zimbabwe au plus vite.
Le Zimbabwe est un partenaire important pour Maurice au niveau de la région. Le président Mugabe figurait parmi les chefs d’État africains qui avaient fait le déplacement à Maurice en mars dernier à l’occasion de la première réunion de la plateforme économique africaine. Ce pays est cosignataire – avec Maurice, les Seychelles, les Comores et Madagascar – de l’accord de partenariat économique intérimaire avec l’Union européenne. Les importations de Maurice du Zimbabwe étaient estimées à Rs 136,9 millions en 2016 alors que les exportations, elles, se sont élevées à Rs 21,1 M. Durant le premier trimestre de cette année, les importations étaient estimées à Rs 76,5 M et les exportations à 27,3 M. Le Zimbabwe, tout comme Maurice, est un membre actif de la SADC et a toujours soutenu le pays dans les grands dossiers internationaux, dont celui des Chagos.
Pour le moment, la confusion règne dans le pays alors que Mugabe se trouve actuellement en résidence surveillée par l’armée. Les négociations pour qu’il soumette sa démission comme président n’ont jusqu’ici pas encore abouti. Robert Mugabe est le  plus vieux dirigeant en exercice de la planète. Âgé de 93 ans, il exerce un pouvoir sans partage sur le Zimbabwe depuis son indépendance, en 1980. Ex-chef de guérilla, héros de la libération, son crédit a faibli à mesure que son pouvoir se durcissait. Les violences contre l’opposition, les fraudes électorales et l’expulsion violente des fermiers blancs lui ont fait perdre ses soutiens occidentaux.
La grave crise économique qui affecte le pays a détourné de lui une large majorité des Zimbabwéens. En outre, fragilisé par l’âge et la maladie, il a perdu de sa fougue, ce qui n’a pas empêché le parti au pouvoir de le désigner comme candidat à sa succession pour les élections de 2018. Le coup de force de l’armée rend ce scénario très improbable.
Grace Mugabe, sa seconde épouse, âgée de 52 ans, a pris l’ascendant sur son nonagénaire de mari, qui l’a imposée en 2014 à la tête de la puissante Ligue des femmes de la Zanu-PF, le parti au pouvoir. Elle a obtenu la tête du vice-président Emmerson Mnangagwa la semaine dernière, ce qui  aurait suscité la crise actuelle. Une réunion convoquée par la SADC hier n’a rien donné. Une nouvelle réunion a cependant déjà été convoquée.
Le sentiment, à Maurice, est que le président Mugabe devrait soumettre sa démission dans l’intérêt supérieur de son pays et de la région. « Cela lui permettra de ne pas laisser une image trop négative dans l’histoire de son pays et de l’Afrique après avoir bâti une solide réputation de “freedom fighter” à ses débuts », observe Amédée Darga.

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