APRÈS LE JUGEMENT DE LA COUR PERMANENTE D’ARBITRAGE : « Il faut mettre la question de souveraineté sur la table » selon Ramgoolam

L’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, a rencontré la presse samedi pour affirmer que le jugement rendu par la Cour permanente d’arbitrage, sous la Convention des Droits de la Mer, déclarant illégale la création par la Grande-Bretagne d’une aire marine protégée autour de l’archipel des Chagos, était une « victoire » pour Maurice. « C’est une victoire non seulement pour Maurice, mais aussi pour le droit international dans la mesure où ce jugement fera jurisprudence », a-t-il déclaré. Il s’est prononcé pour une réaction rapide des autorités mauriciennes en vue de développer une stratégie sur la ligne à suivre et a estimé qu’une réunion de tous ceux, Mauriciens et étrangers, qui faisaient partie de la délégation mauricienne était urgente. Pour l’ancien Premier ministre, qui avait pris l’initiative de contester la création de la MPA devant la Cour permanente d’arbitrage, après un jugement d’une telle envergure, il faut remettre la question de la souveraineté de Maurice sur les Chagos sur la table tout en préservant la base militaire de Diego Garcia. De plus, il estime que Maurice doit  faire partie des négociations  concernant le renouvellement du bail alloué par les Britanniques aux Américains sur Diego Garcia.
Navin Ramgoolam a insisté sur le fait qu’au lieu de mettre sur pied un comité présidé par le Premier ministre, il faut fixer rapidement une date avec l’équipe ayant mené vers la victoire. Il estime que cette équipe devrait comprendre « tout le monde », dont le Sollicitor General Dhiren Daby, son adjointe, Mme Narain, Suresh Seebaluck, ancien secrétaire au Cabinet, Milan Meetharban ainsi que les légistes américains et britanniques. « Les Anglais mesurent très bien la victoire remportée par Maurice. Ils ne peuvent accepter qu’un petit pays comme Maurice ait osé traîner la Grande-Bretagne dans la boue », a-t-il dit en ajoutant : « Mo pou en plis pas zis dan Maurice me dan l’Angleterre ossi là. C’est notre lutte. » Il a affirmé que, selon les informations obtenues à  travers ses contacts, Barack Obama ne serait pas très heureux de la situation. Il s’est prononcé en faveur d’une stratégie visant à rassurer les Américains. « Nous avons toujours dit qu’il faut rassurer les Américains que nous ne mettions pas en cause la base de Diego Garcia. Dès maintenant, nous devons négocier le droit d’exercer notre souveraineté sans remettre en cause la base de Diego Garcia. Il nous faut agir rapidement », a-t-il dit.
Navin Ramgoolam s’est montré très critique vis-à-vis des fonctionnaires britanniques. « Ce sont des officiers du FCO qui ont commis des erreurs et qui ont manigancé tout cela avec leur ‘man Friday’. Aujourd’hui, ils ne veulent pas s’exposer et, par conséquent, cela influence tous les Premiers ministres. J’espère que cela va changer », a-t-il estimé. Il a aussi lancé un appel aux Britanniques pour leur demander de « passer l’éponge » sur le passé. « Il y a aura bientôt des élections en Angleterre. Quels que soient ceux qui les remportent, je les invite à passer l’éponge sur le passé. L’Attorney General britannique a déjà accepté qu’il s’agit d’une période honteuse pour la Grande-Bretagne. Nous avons eu un jugement qui est “binding”. Maurice doit faire partie des négociations avec les Américains. Je connais le sentiment des Américains. Il faut agir vite avant que les Anglais ne tentent de les convaincre. Ces derniers sont très embarrassés. Regardons maintenant la souveraineté. » Aux Américains, Navin Ramgoolam a affirmé qu’il fallait « tourner cette vilaine page ». Citant le président Barack Obama, qui avait affirmé que les États-Unis doivent être « du bon côté », il a lancé : « C’est l’occasion de corriger un chapitre honteux auquel nous ne voulons pas penser et de rendre à Maurice son droit de souveraineté. »
Répondant aux questions de la presse, Navin Ramgoolam a reconnu qu’il faut rassurer les Chagossiens, qui doivent être partie prenante dans l’action gouvernementale. Pour lui, il n’est pas question de parler de cogestion après un jugement pareil. « C’est la souveraineté qui doit être sur la table. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -