APRÈS UN TRÈS LONG SILENCE : Apparitions furtives cette semaine de Navin Ramgoolam

Six “fonctions” en trois jours consécutifs, le Premier ministre, longtemps absent de la scène, a multiplié les sorties publiques cette semaine. Pourtant, en dépit de ses apparitions publiques, Navin Ramgoolam se mure toujours dans le silence. Sa dernière déclaration à la presse, donc à la population, remonte au 15 mai, lors de l’inauguration du complexe polyvalent de la municipalité de Vacoas/Phoenix, au coût de Rs 144 M. Il avait alors, interrogé par Week-End à ce sujet, donné l’assurance aux témoins de l’accident de voiture entre Yatin Varma et le jeune Florent Jeannot, qu’il n’y aurait pas de représailles contre eux s’ils allaient déposer à la police. Entre-temps, le Varmagate a connu de gros développements, avec l’implication de plusieurs personnalités, et deux démissions dans le clan gouvernemental. D’autres affaires, dont la situation à la CNT ou dans le port secouent depuis le pays, mais le PM a choisi la voie… du silence.
En effet, depuis le 15 mai, à Vacoas, Navin Ramgoolam n’a effectué aucune sortie publique. Il s’est, certes, rendu à deux reprises en mission à l’étranger, en l’occurrence en Ethiopie, puis au Japon avec un crochet par Londres. Cependant, depuis plus de deux mois, si l’on exclut la conférence de presse tenue le 12 mai pour annoncer les révisions du rapport PRB Manraj, le Premier ministre ne s’est pas adressé à la population. Si l’on croyait, avec les invitations lancées à la presse cette semaine, que le chef du gouvernement allait enfin commenter la situation dans le pays et répondre aux questions de la presse, c’était mal juger sa décision de se murer dans le silence.
Mercredi dernier, Navin Ramgoolam a effectué pas moins de trois sorties publiques. Dont la première, qui doit relever d’un intérêt particulier, a été une conférence sur le traitement précoce des lésions du pénis en vue de prévenir le cancer tenue par le Pr Christopher Barry Bunker au centre Swami Vivekananda, Pailles.
Il préfère le jeu des caméras
Le Pr Bunker est, certes, un ami personnel de Navin Ramgoolam et son invité spécial pour la tenue de cette conférence qui a largement débordé, mais le Premier ministre, attendu à la State House pour la cérémonie de remise des insignes aux décorés de la République, ne s’est finalement pas attardé à Pailles. A sa deuxième apparition publique ce jour-là, le PM, dans une ambiance pourtant plus décontractée parmi les décorés de la République à la State House, a joué au chat et à la souris avec les journalistes, se prêtant, plutôt, comme le veut la coutume, au jeu des caméras.
Idem un peu plus tard dans la soirée à la Macarty House, à l’occasion du 237e anniversaire de l’indépendance des États-Unis. Cette soirée réunissait, outre le président de la République Kailash Purryag, plusieurs autres personnalités, dont le leader de l’opposition Alan Ganoo, le leader du Remake 2000, Sir Anerood Jugnauth, et également le leader du MSM, Pravind Jugnauth. Là encore, Navin Ramgoolam, qui a passé un bon moment avec les invités, a repoussé toute tentative de la presse de lui soutirer ne serait-ce qu’un commentaire sur les relations de Maurice et les États-Unis, à défaut d’une déclaration sur l’actualité.
Entre vendredi – jour où il s’est également rendu à la cérémonie de remises d’insignes aux décorés de la République à la State House – et jeudi où il y était également présent, aux côtés de sa femme Veena, c’est sans doute ce matin-là, au lancement de la conférence régionale de l’Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation (IOR ARC), à l’hôtel Le Méridien, Pointe-aux-Piments, que le Premier ministre a semblé vouloir enfin lâcher un peu prise.
Pique contre ses adversaires
Alors qu’il invitait, dans son discours, les pays à redynamiser la coopération régionale afin d’éviter la marginalisation sur le plan du commerce international, Navin Ramgoolam a laissé entendre qu’il a fallu attendre seize ans, après la création de l’Indian Ocean Rim, en 1997, pour voir l’organisation d’une conférence sur l’économie et les affaires. Il a fait référence à la nomination de Kailash Ruhee comme directeur de l’IOR lorsqu’il est arrivé au pouvoir, “parce qu’il avait une expérience ministérielle”. Cependant, a-t-il tenu à faire remarquer, “je n’avais pas regardé à quel parti il appartenait. Mais après l’arrivée du gouvernement MSM/MMM en 2000, il a été limogé et remplacé par quelqu’un d’autre. Voilà pourquoi les activités de cette organisation ont commencé à piétiner. Aujourd’hui, ils ont le toupet de parler d’incompétence”. Le Premier ministre s’est ainsi réjoui que l’actuelle conférence ait lieu alors qu’il est à la tête du gouvernement et a qualifié d’”incompétents” ceux qui veulent le remplacer. “Voilà pourquoi il faut me maintenir au pouvoir pendant quinze ans encore”, a-t-il dit à l’assistance. Propos qu’il a repris dehors, avec les journalistes qui souhaitaient connaître son point de vue sur la situation à Maurice.
Un peu plus tard, à la State House, ce jeudi, il indiquera à la presse qu’il n’y avait pas de commentaires à faire sur l’actualité, puisque “l’actualité change tous les jours”. On appréciera la hauteur de la réflexion ! Et qu’en ce jeudi, “c’était les décorés qui faisaient l’actualité”. Navin Ramgoolam n’en dira pas plus. Son silence parlant davantage.
Attentes de la population
Entre-temps, les yeux de la population restent braqués sur le PMO. Non seulement pour voir ce qu’il adviendra du président de la Mauritius Ports Authority, Maurice Allet, mais aussi la posture du PMSD et les autres ministres impliqués dans le Varmagate et autres scandales qui secouent le pays. Du sort aussi réservé au Senior Advisor de Navin Ramgoolam, Subash Gobine, dont le nom a été cité dans cette affaire.
Ce n’est, en tout cas, pas ce dernier qui semble préoccupé par tout ça, puisqu’il profite de chaque sortie du Premier ministre pour s’afficher à ses côtés. Maurice Allet aussi, arrêté dans la même affaire Varma, n’a toujours pas estimé nécessaire, de soumettre sa démission de la présidence de la MPA, et qui plus est, n’a toujours pas reçu l’ordre du PMO de step down.
Voilà probablement autant de raisons qui doivent expliquer qu’un Premier ministre réussit le tour de force de multiplier les sorties sans avoir le moindre commentaire sérieux à faire sur ce qui interpelle les Mauriciens…

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