Arbitrage du PM sur le sucre

Devant la pression syndicale contre les recommandations du Joint Technical Committee sur le sucre, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a préféré jouer
l’arbitre. L’une des principales raisons derrière l’intervention du chef du gouvernement avec la convocation des syndicalistes du Joint Negotiating Panel (JNP) de l’industrie sucrière était de réduire au minimum les risques de perturbations politiques lors de cette ultime étape menant à la présentation du budget du 14 juin à l’Assemblée nationale.

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Sur ce coup, il a réussi de mettre en sourdine les protestations des syndicats jusqu’au Budget Day. Mais le problème de l’industrie cannière, avec le prix d’une tonne de sucre aux planteurs annoncé à Rs 10 000, soit Rs 7 000 de moins que le seuil de rentabilité, demeure entier. Dans la conjoncture, la Chambre d’Agriculture riposte avec une campagne d’explications autour du contexte et des objectifs des recommandations du Joint Technical Committee, tout en soulignant que leur mise en oeuvre relève du gouvernement.

Les syndicalistes, menés par Ashok Subron, ont quitté le Prime Minister’s Office avec au moins un engagement à l’effet que le budget et le Finance Bill ne devraient contenir aucune allusion aux propositions du Joint Technical Committee au sujet des conditions
de travail des employés de l’industrie sucrière.

La question ne devra être évoquée qu’après les consultations entre le gouvernement et les syndicats. Mais qu’en est-il des mesures d’accompagnement en faveur des planteurs de l’industrie sucrière? Commentan  la proposition d’un ballon d’oxygène de Rs 1,3 milliard au secteur sucre, la porte-parole du Joint Negotiating Panel parle de détournement. « Komite-la, ti inklir enn reprezantan Minister Finans. Alor Pravind Jugnauth pa kapav pled iniorans. O-kontrer, Pravind Jugnauth bizin explike ki so reprezantan fi nn consent avek enn rapor ki rekomand detourman 1.3 miliar roupi, plis lisansiman 40% travayer, plis abolision drwa aki labourer ek artizan lindistri sikriyer », souiigne Ashok Subron à Week-End en résumant les principales propositions du comité conjoint. La question qui se pose après la réunion de vendredi au Prime Minister’s Offi ce est de savoir, si dans le Budget Speech, Pravind Jugnauth fera abstracion totale de toute mesure en faveur de l’industrie sucrière. Diffi cile
de concevoir une telle démarche dans un contexte national, car les Budget Estimates devront faire provision pour des dépenses publiques envisagées au cours de l’exercice fi nancier en question. Ainsi, l’exercice du Grand Argentier à partir de 15h ce 14 juin sera suivi avec une attention redoublée, que ce soit sur le plan syndical ou dans le camp du corporate sector, sans compter la communauté des planteurs, petits aussi bien que grands. En marge du budget, le JNP préfère adopter la stratégie d’élargir le débat en faisant état d’éventuels délits de trafic d’infl uence et de confl its d’intérêt sous la Prevention of Corruption Act,ou même une demande de commission d’enquête « pou sitie rol sertin o-fonksyoner Leta ek sertin “konsiltan” fi nn zwe dan tantativ detournman 1,3 miliar larzan piblik ek “anihilasion” travayer lindistri sikriyer, o-profi bann oligark sikriye. » Les autres attributions de cette commission d’enquête devraient être de faire la lumière au sujet de « l’accumulation des richesses avec la réforme de l’industrie sucrière et découlant des amendements à la Sugar Industry Effi ciency Act. »

De son côté, la Chambre d’Agriculture,
qui est partie prenante du rapport du Joint Technical Committee, maintient le cap sur la mise à exécution des recommandations. Le corporate sector se dit confi ant dans l’avenir de l’industrie cannière, « à condition que toutes ces recommandations soient appliquées. » Une manière de dire que les positions restent tranchées sur le dossier sucre et il n’est pas à écarter que l’Hôtel du gouvernement ne soit

approché avant le budget en vue d’un ultime lobbying. L’industrie sucrière prend le soin de souligner que « la mise en oeuvre de ces recommandations est la prérogative du gouvernement. Selon ce rapport technique, celles-ci s’étalent sur les court et moyen termes. »

Impact socioéconomique
Évoquant l’éventualité où le gouvernement décide de geler les recommandations
du Joint Technical Committee, la Chambre d’Agriculture indique que « l’impact socio-économique pourrait être très fort. Le secteur contribue offi ciellement à hauteur de 2% au PIB, mais c’est sans compter toutes ces filières qui opèrent autour de
l’industrie, notamment le transport et les entrepreneurs – production d’énergie, distillerie, nourriture pour animaux. Si l’on tient compte de cela, la contribution du secteur sucre pourrait monter jusqu’à 10% du PIB », tout en ajoutant
qu’« une telle situation aura aussi un impact conséquent sur le secteur de l’énergie, sachant que l’industrie cannière contribue à hauteur de 60% à la production d’électricité. Le comité technique préconise simplement le paiement de la bagasse à sa juste valeur économique. Pour mettre cela dans un contexte plus large, 16% de l’électricité locale sont produits à partir de la bagasse, ce qui contribue largement à l’objectif du gouvernement de produire 35% d’énergie renouvelable d’ici à 2025. En outre, un effondrement de l’industrie cannière aura un impact sur la rentrée de devises étrangères dans la mesure où 90% du sucre produit à Maurice sont exportés. »

Chambre d’Agriculture ne lâche pas prise sur le rightsizing de l’industrie sucrière et le recadrage des acquis des employés. « La masse salariale représente 60% des coûts opérationnels de l’industrie cannière. Comme l’objectif de ce comité technique est de proposer des mesures visant à réduire ces coûts, il était donc logique de considérer cet item », fait-on comprendre au sein du patronat, qui reconnaît aussi que « le rapport recommande une révision des cadres légaux et des anomalies dans lesquels opère l’industrie, notamment la rémunération des employés qui est sujette à un mécanisme de double compensation, mais aussi en termes de charges. Cela a un impact considérable sur la réforme de l’industrie. »

Justifiant le volet consacré aux conditions de travail dans l’industrie cannière de ce comité technique, avec un mandat précis sur l’identification des mesures à court et long termes, la Chambre avance qu’en sept ans, le poids de la masse salariale a augmenté de quelque 65% contre une baisse de revenus de l’ordre de 40%. « Pour assurer sa survie, il faut une réflexion sur l’emploi dans cette industrie. L’industrie cannière doit opérer dans un cadre légal harmonisé afin d’être sur un pied d’égalité avec les autres secteurs économiques », conclut-on du côté de ce qui fut la Plantation House, alors que le Syndicat des Sucres de

Devesh Dukhira est étrangement silencieux depuis des mois.
En tout cas, l’accalmie de ces 12 prochains jours devra être mise à profit par les différentes parties pour affûter leurs armes en vue d’une nouvelle confrontation après le Budget Speech du 14, car Ashok Subron a déjà balisé son champ d’intervention en déclarant que « JNP an eta de mobilizasyon maksimal. Nou pre pou bann gran manifestasion ek mem lagrev. Nou pou desid lamars a swiv an seki konsern 3 manif rezional ek protestasion masif divan Lasanble Nasional ek evatyelman lagrev, apre ki nou pran konesans vre lintansion Pravind Jugnauth dan diskour bidze. »

 

 

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