ART DU SPECTACLE— FESTIVAL DE L’INDE: Un aperçu de la diversité culturelle de la Grande Péninsule

Du 21 août jusqu’au 1er novembre, Maurice vivra au rythme de l’Inde avec le « Festival of India » dont le lancement officiel a eu lieu, par un spectacle à deux temps – le Ramlila et un Nrityarupa –, vendredi dernier au Centre Indira Gandhi pour la culture indienne (IGCIC), à Phoenix. Deux autres représentations de ce spectacle haut en couleur ont eu lieu samedi soir au Rabindranath Tagore Institute (RTI), à Îlot, et dimanche soir au Mahatma Gandhi Institute (MGI).
Parés de leurs costumes de scène, dans un décor digne de l’une des deux grandes épopées indiennes, le « Ramlila », les acteurs du Shriram Bharatiya Kala Kendra de l’Inde ont captivé l’attention du public présent pendant toute la durée du spectacle dimanche soir au MGI. Musique, dialogues, chants, jeux de lumière… Tout était au rendez-vous pour plonger le spectateur dans l’univers dramatique de Ram, selon un scénario de Neelabh et Arvind Kumar, basé sur le texte consacré à la gloire du dieu Ram, par le philosophe, poète et écrivain indien Tulsidas au XVI siècle.
Le Ramlila, littéralement traduit par « la pièce de Ram », est une mise en scène de l’épopée du Ramayana. Cette pièce s’attache surtout à l’évocation de la bataille opposant Ram à Ravan et est l’un des spectacles des plus populaires dans la Grande Péninsule, où il y est joué au moins une fois par an. La pièce est présentée par le Shri Ram Bharatiya Kala Kendra depuis 1957 et est devenue une institution en elle-même. Elle a été reconnue patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco depuis 2005. Fondée en 1952, la Shri Ram Bharatiya Kala Kendra est, quant à elle, une des premières institutions culturelles indiennes. Elle offre des formations en arts du spectacle, musique et danse.
« Nrityarupa »
Durant le spectacle, six formes de danses classiques indiennes, à travers le « Nrityarupa », sont présentées par la Sangeet Natak Akademi. Le Bharatanatyam, originaire du Tamil Nadu et le sud de l’Inde en général, et le « Kathak », du nord de l’Inde, l’« Odissi », de l’Odisha, qui se trouve dans l’est de l’Inde, le « Manipuri », du nord-est, le « Chhau », dans les États de l’est également, et le Kathakali, de l’État du Kerala et du sud de la péninsule indienne.
Si à Maurice le spectateur est relativement familier avec le « Bharatanatyam » et le « Kathak », c’est certainement avec beaucoup de plaisir qu’il a découvert les autres formes de danses présentées, dans un premier temps, en même temps, et sur une même musique, chacun respectant la particularité de la danse qu’il présente. Ensuite, un à un, les danseurs se sont succédé sur scène, donnant l’occasion au spectateur de prendre connaissance d’une ou deux danses à la fois.
Pour le néophyte, l’« Odissi » pouvait être confondue avec le bharatanatyam, bien que la lenteur de l’exécution de ces mouvements en était perceptible. C’est avec beaucoup de grâce et de précision que la danseuse s’est exécutée. Comme pour le « bharatanatyam », l’usage des mudrâs et des autres expressions mimiques et corporelles constituent des éléments majeurs de cette forme de danse. Le spectateur a le temps d’observer dans les moindres détails les positions corporelles sculpturales fondées sur le « tribhang », soit la triple flexion de la tête, du corps et des jambes. La vitesse de l’oscillation de la cheville et l’appui des pieds étaient également frappants. Ce sont autant d’indices qui le poussaient à s’interroger sur cette danse. Quelques éléments de réponses sont arrivés avec la présence sur scène du danseur du bharatanatyam qui, cette fois, était plus rapide dans ses mouvements, mais tout aussi gracieux.
 « Chhau »
Originaire de Manipur, à la frontière du Myanmar, les danseuses de manipur ont frappé les esprits par leurs costumes. Vêtues d’un jupon en forme cylindrique leur arrivant jusqu’au pied, décoré de petits miroirs, et surmonté d’une petite robe avec la jupe large, les danseuses de manipur s’exécutent en mouvements circulaires. La danse fait une place importante au travail des pieds. Contrairement aux autres formes de danses classiques indiennes, les danseurs n’utilisent pas les « ghoongourous » pour amplifier le son de ses battements de pieds.
La souplesse et la rapidité des danseurs de « Chhau » ont aussi été très appréciées. Inspirée des épopées indiennes et du folklore local, elle est intimement liée aux fêtes régionales, en particulier celle du printemps, la Chaitra Parva. Elle tirerait son origine des formes de danse autochtone et de pratiques guerrières.
D’aucuns présents à la séance inaugurale du mini-Pravasi Bharatya Divas, à Maurice, en octobre 2012, en marge de la tenue du PBD à Kochi dans l’État du Kerala en janvier 2013, se souviendront de la découverte du Kathakali, un théâtre dansé qui prend sa source au 17e siècle. Incarné par un homme – bien qu’aujourd’hui les femmes le pratiquent aussi – le kathakali danse et mime et reconstitue des épisodes tirés des épopées hindoues le Mahabarata et le Ramayana et la vie de Krishna. Sa particularité réside dans ses costumes et son maquillage, dont les formes et les couleurs sont codées, selon le personnage qu’il présente : prince vertueux, personnage démoniaque, sexe, hiérarchie…  
La représentation de ces six danses classiques indiennes constitue la première partie de ce festival, qui se poursuit le week-end prochain avec un spectacle folklorique de bhojpuri. Des groupes marathi et rajasthani sont également attendus à Maurice courant septembre. La deuxième partie du festival sera marquée par des conférences, expositions et spectacles bollywoodiens.

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