ART—PEINTURE CHINOISE: Initiation par le grand maître Li Ruiqun

Du 15 septembre au 19 octobre, des Mauriciens, tous âges confondus, ont pu être initiés à la peinture chinoise par le grand maître Li Ruiqun, venu de la province de Liaoning. Cet héritier du patrimoine culturel immatériel chinois est aussi un spécialiste de l’art au fer rouge. Le Mauricien l’a rencontré au Centre culturel chinois (CCC) à l’occasion d’une exposition de ses travaux et des oeuvres issues de cet atelier. La venue de ce grand maître d’art à Maurice s’inscrit dans le programme culturel de l’ambassade de Chine qui, tous les ans, fait venir des personnes-ressources pour animer des conférences et des ateliers ainsi que faire la promotion d’une province chinoise.
Pour réussir une peinture chinoise dans toute sa finesse, comme celle du tigre exposée au CCC durant la semaine écoulée, il faut d’abord développer une grande maîtrise du pinceau. « Cela demande des années de pratique », soutient Li Ruiqun, ajoutant : « Les élèves étaient nombreux à avoir des difficultés au début de l’atelier. Mais à force de pratique, ils y sont arrivés. Au départ, on avait prévu trois ateliers par semaine, mais vu l’intérêt des stagiaires pour la peinture chinoise, cela s’est fait tous les jours de 19 h à 21 h au CCC à Bell-Village. »
« La maîtrise du pinceau, c’est la base même. C’est comme l’alphabet ! On peint couche par couche pour faire apparaître les couleurs petit à petit. » Ainsi, pour la réalisation de ces deux peintures exposées au CCC, Maître Li a appliqué une vingtaine de couches de peinture sur du papier de riz avec un pinceau très fin. Le résultat est stupéfiant. L’artiste utilise peu de couleurs. « La peinture chinoise est différente de la peinture occidentale. On utilise moins de couleurs et on exprime l’esprit du sujet, et non le sujet lui-même. Par exemple, la peinture montrant un tigre qui descend de la montagne exprime la puissance de l’animal, une caractéristique soulignée par son regard et reprise en écho par les chutes dessinées en toile de fond », observe le maître. Idem pour les deux tigres assis au bord du lac qui contemplent le paysage : ils représentent la douceur. « Il faut que je comprenne ce que je peins. Si c’est un aigle, je me mets dans la peau de l’aigle. Si c’est des enfants au bord de mer, je me mets à leur place », fait ressortir le maître.
Outre ses émotions, dans certains cas, il fait des recherches pour mieux comprendre son sujet. Les élèves mauriciens de Li Ruiqun, âgés entre 11 et 60 ans, ont quasiment tous opté pour le registre animalier ou floral avec une prédominance pour les symboles chinois, dont le poisson rouge, qui signifie le bonheur. Li Ruiqun affirme cependant qu’il pousse les élèves à trouver leur inspiration et à développer leur propre style en utilisant les techniques de base qu’il leur enseigne. Inspiré par les paysages mauriciens, le grand maître affirme qu’il travaillera des peintures une fois rentré en Chine. En général, il met entre un et 20 jours pour réaliser un tableau puisqu’une peinture chinoise complète comprend une poésie, une calligraphie, une peinture et une empreinte.
Li Ruiqun est aussi reconnu pour son art au fer rouge, une technique tout à fait différente de la peinture chinoise et classée au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco. « L’oeuvre se réalise au fer rouge à 800° C sur papier. Pour la peinture chinoise, le pinceau est humide et froid. On l’applique directement sur le papier. Par contre, pour le fer rouge, il faut une certaine distance pour ne pas brûler le papier », explique-t-il.
Li Ruiqun peint depuis une quarantaine d’années. Il est le 52e héritier de l’art au fer rouge de la dynastie Han et le 4e de la Nouvelle Chine. Si cet art était  auparavant transmis de père en fils, avec la Nouvelle Chine, quelqu’un extérieur à la dynastie peut en hériter s’il en a la maîtrise. Ainsi, Li Ruiqun parcourt le monde pour animer des ateliers en vue de propager cet art, mais aussi pour découvrir de nouveaux professionnels. « J’ai 200 élèves de niveau professionnel à travers le monde », fait-il ressortir. Si l’occasion lui est donnée, Li Ruiqun souhaiterait en faire une démonstration à Maurice.

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