Ashwin Dookun, la voix discordante de la CNT

«Kan ou fer travay drwat ek ki ou suiv procédures, kifer bizin per réprésailles?» se demande Ashwin Dookun, interrogé par Week-End après ses propos relatifs aux secousses à la Corporation Nationale de Transport (CNT). Les propos du Chairman de la CNT ont choqué plus d’un cette semaine car, allant à l’encontre des décisions ministérielles, ce nominé politique n’a pas hésité à exprimer haut et fort son opinion, condamnant son directeur général, Robin Soonarane, mais aussi le ministre des Infrastructures publiques, Anil Baichoo Une prise de position qu’il dit assumer avec conviction car, dit-il, «bizin koz la vérité dès le départ».
Pour éviter la grève de mercredi dernier et désamorcer la crise à la CNT, Ashwin Dookun souhaitait convoquer son board tard mardi soir mais s’est heurté à un refus. Cependant, il n’a pas hésité à dire haut et fort qu’il y avait d’autres solutions pour la CNT que celles des décisions prises par la NTA, à la demande du General Manager de concert avec le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques. Ce n’est pas la première fois que le président du board de la CNT prend à contre-pied les autorités. Outre sa résistance ouverte quant à la tentative d’Anil Baichoo de venir avec une solution temporaire en allouant des lignes réservées à la CNT à d’autres opérateurs, il a aussi critiqué les prétextes fournis par les autorités en ce qu’il s’agit des pièces de rechange qui manquent pour les autobus défectueux. Et c’est sans compter sa prise de position quant aux tentatives de déroger aux procédures pour l’achat de 65 autobus l’an dernier mais également lorsqu’il a attiré l’attention du gouvernement concernant les autobus du batch 2007 mis sur les routes suivant une décision avalisée par le DPM Rashid Beebeejaun.
Comment donc ce jeune Chairman, nominé politique de surcroît, peut-il se permettre cela ? N’a-t-il pas peur de représailles en défiant plus haut que lui ? «Kan ou fer travay drwat ek ki ou suiv procédures, kifer bizin per réprésailles?» s’interroge-t-il. Âgé de 36 ans, il est l’un des plus jeunes présidents de conseils d’administration nommés par le Premier ministre. Marié à Shalini et père d’un petit bout de chou de 16 mois, Aayush, Ashwin Dookun, diplômé en pharmacie et possédant un MBA en marketing de l’IGNU (Indira Gandhi National University) ainsi qu’un degree par correspondance en hindi, cet ancien maire de Vacoas-Phoenix (2006-07) n’a pas froid aux yeux quant il s’agit de dire la vérité. «Pou résoudre enn problème ou pa kapav koz enn menti parski ou pou bizin 100 menti pou couvert enn menti. Kan ou koz la vérité dès le départ, dimounn koné ki kapav fer ou confiance parski ou pé expoz zot la réalité kouma li été», dit-il.
Est-ce ses connexions politiques qui lui donnent autant d’assurance ? Ashwin Dookun n’y voit là que «son devoir». Certes, il baigne dans la politique depuis sa naissance. Son grand-père, Rambans Dookun, a été membre du PMSD et candidat aux côtés de sir Gaëtan Duval au N°10 dans les années 1970. Son père, Ravindranath Dookun, a été quant à lui nommé commissaire de Vacoas-Phoenix sous SSR et figurait parmi les huit élus PTr à Vacoas-Phoenix aux élections municipales de 1983. Ashwin Dookun est également le cousin de la députée MSM Leela-Devi Dookun-Lutchoomun.  Cette dernière, dit-il, est comme une soeur pour lui. «C’est pa zordi ki dimounnkoné mo fami ar Leela-Devi. Tous les ans li vinn atass rakhi avec moi», dit-il. Et de faire ressortir que «nous sommes de deux partis politiques différents, son parti a son code de conduite et mon parti a le sien. Mais quand nos deux familles se rencontrent, nous évitons autant que possible de débattre sur la politique.»
Dès son retour au pays en 2002 après ses études en pharmacie, cet ex-étudiant du collège du St-Esprit s’est joint au PTr et, deux années plus tard, se faisait élire en tête de liste au Ward 3 (aujourd’hui ward 4) de Vacoas-Phoenix. À 29 ans, il occupait le fauteuil de maire de la ville. «Dans la famille Dookun, c’est une culture d’apporter notre contribution au pays à travers nos actions en politique», dit-il.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -