ASSEMBLÉE NATIONALE: Les PNQ pour rompre avec la monotonie des débats budgétaires

Ce n’est pas que dans le pays que les budgets perdent de leur intérêt une fois les 72 heures passées après leur présentation et que chacun a fait le compte de ce qu’il a perdu ou ce qu’il a gagné. Même à l’Assemblée Nationale, les débats sombrent vite dans la monotonie malgré quelques interventions de bonne facture. Heureusement qu’il y a les Private Notice Questions (PNQ) pour rompre avec cette monotonie et le leader de l’opposition a eu la main heureuse jusqu’ici puisqu’il a réussi à faire avancer quelques dossiers. Et non des moindres…
Si on voulait faire de l’ironie aux dépens du ministre des Finances, on dirait qu’au fil de ses trois PNQ de la semaine, le leader de l’opposition a obtenu « résultat lor résultat », un slogan qui était cher à Xavier Duval alors qu’il était au Tourisme. En effet, s’il a raté sa PNQ de mardi pour cause de blocage dans le trafic suite à une panne de pneu d’un poids lourd sur la déviation nouvellement aménagée à Sorèze, Paul Bérenger s’est largement rattrapé ensuite.
Le leader de l’opposition est arrivé à 11h37 dans l’hémicycle alors que les travaux avaient démarré à 11h33 et c’est le Speaker Kailash Purryag qui a fait part à la Chambre du contre-temps rencontré par le chef de l’opposition et de sa décision, en conséquence, de ne pas aller de l’avant avec sa PNQ sur Medpoint.
La séance de mardi, comme d’habitude, démarre avec le volet questions. On a eu droit à des échanges intéressants sur l’attitude de la police lorsqu’il s’agit de décider de la liberté conditionnelle des prévenus et qui est source de discrimination, selon l’opposition, envers ceux qui n’ont pas les moyens de se faire représenter par un avocat et de plaider leur cause. Toujours est-il que le Premier ministre a assuré que les amendements au Bail Act sont prêts et qu’il seront très bientôt soumis à l’approbation des parlementaires.
Les autres temps forts du Question Time de mardi ont été les passes d’armes entre l’opposition et le ministre des PME Jim Seetaram. Ce dernier a été incapable de donner des réponses exactes aux questions supplémentaires de Kee chong Li Kwong Wing tant et si bien que ce « metteur l’ambiance » de Rajesh Bhagwan lui a dit « prend enn téléférique to al rode réponse là ». Le ministre a fini par dire qu’il avait besoin d’un préavis pour pouvoir répondre de manière précise aux interrogations de l’opposition.
Ambassade en Arabie Saoudite: les paroles s’envolent, les promesses aussi…
Plus abrupts encore les échanges entre Adil Ameer Meea et les ministres Arvin Boolell et Shakeel Mohamed. Le député du MMM avait adressé une question au ministre des Affaires Étrangères sur l’ouverture d’une ambassade en Arabie Saoudite, mais Arvin Boolell s’est brusquement emporté après des interpellations supplémentaires, accusant l’opposition de faire de la politique partisane sur cette question.
Adil Ameer Meea a alors rappelé que lors de la dernière campagne électorale, l’alliance de l’avenir avait fait une promesse dans ce sens. Non sans avoir lourdement insisté sur le fait que ce fut de « fausses promesses! » Shakeel Mohamed, passablement énervé, a vigoureusement démenti avoir été associé à une telle promesse et il s’en est violemment pris au député.
Ce dernier a, toutefois, fait circuler à la presse des photocopies d’une édition du Star en date du 25 avril 2010 dans laquelle le PM Navin Ramgoolam a « évoqué l’ouverture d’une ambassade en Arabie Saoudite et au Qatar » à l’occasion d’un rassemblement à Plaine Verte lors de la campagne électorale de l’année dernière.
On aura aussi noté, lors de cette tranche, l’embarras du vice-PM, le Dr Rashid Beebeejaun, alors qu’il était interrogé par Joe Lesjongard sur les conditions de la nomination du directeur général du CEB. Paul Bérenger a rappelé que lors de la séance du 3 juillet dernier, le ministre avait solennellement annoncé que ce serait par le biais d’un appel de candidatures international que le prochain directeur sera recruté mais qu’entre-temps, M. Thanoo a été nommé par le conseil des ministres.
Rashid Beebeejaun a soutenu que les directeurs ont ainsi été désignés depuis 1995 alors que le leader de l’opposition a, lui, avancé que l’exemple de M. Dabidin, nommé de la même manière, s’est terminé par sa suspension, tandis que Joe Lesjongard, un brin perfide, a demandé si M. Thanoo n’a pas été nommé directeur sur des « special criteria ».
Longs échanges aussi sur le dossier Betamax, suite à une question de Reza Uteem et les réponses qui se voulaient le plus élaborées possibles de Cader Sayed Hossen. Ce qui n’a pas plu à son collègue de la Santé, Lormesh Bundhoo, qui a déploré que le Deputy Speaker, Pradeep Roopun, ait permis que cette question absorbe 15 minutes.
Coup d’envoi ensuite des débats sur le budget avec l’intervention du leader de l’opposition qui, tout en étant critique de l’exercice, n’en a pas moins souligné ses aspects positifs et fait des suggestions. Il a traité « d’enfantillage » la comparaison du pays avec la Grèce et a tourné en dérision le fait que la majorité qui a enregistré trois ministres des Finances en deux ans félicite chaque année le ministre qui défait ce qu’avait fait son prédécesseur.
Pas convaincu, Paul Bérenger, que les concessions faites au secteur privé auront les résultats escomptés sur la croissance en 2012 qui, prévoit-il, pourrait être témoin de faillites et de licenciements. Le leader de l’opposition a déploré que rien n’a été dit sur certains indicateurs comme l’inflation et le taux du chômage pour l’année prochaine et que des secteurs d’avenir comme la Land Based Oceanic Industry ou Maurice île Durable aient été ignorées dans ce budget.
Il a réitéré son appréciation de la révision à la hausse du budget alloué aux personnes qui doivent se faire soigner à l’étranger et des mesures envisagées pour les complexes de la NHDC et a terminé en lançant un double appel au gouvernement et au PM en particulier, la suppression de l’augmentation de 20% du coût du sms, qui pénalise les jeunes et qui ne rapportera que Rs 130 millions – alors même que l’Etat engrangera Rs 8 milliards de recettes de TVA de plus en 2012 – et la révision de la compensation pour les pensionnés afin qu’elle soit indexée sur les Rs 330 accordées aux salariés au bas de l’échelle.
Le ton était été donné, soit celui de la mesure et non de la basse démagogie et le ministre de l’Éducation qui était le premier intervenant de la majorité sur le budget a, certes, critiqué l’orateur précédent tout en relevant qu’il avait aussi été positif dans ses propos. Ce prélable posé, Vasant Bunwaree a ensuite fait un survol du ministère dont il a la charge.
Medpoint : le « money gone, already cashed and transferred to London » toujours là !
Et c’est donc mercredi que le leader de l’opposition a pu adresser sa PNQ sur le chèque que le gouvernement a versé aux propriétaires de la clinique Medpoint. Destiné à Navin Ramgoolam dans la mesure où c’est le PM qui avait été le plus catégorique quant au fait que l’argent payé par le gouvernement aux propriétaires avait été encaissé par eux et avait même été transféré à l’étranger.
C’était le 25 octobre, lors des débats sur la motion de Pravind Jugnauth qui voulait que l’acquisition de l’hôpital gériatrique soit biffée du budget supplémentaire de 2010. Mais c’est le ministre des Finances qui s’est chargé de répondre à la PNQ de Paul Bérenger.
L’ambiance a failli tourner au vinaigre dès le début des échanges. Et pour cause. Si le Speaker n’a rien trouvé à redire sur le fait que Xavier Duval ait repris les propos de Navin Ramgoolam à l’effet que « it seems that part of the cheque has been sent abroad », il a voulu empêcher le leader de l’opposition de citer un autre extrait des propos premierministériels du 25 octobre.
Mais c’était sans compter la vive réaction du principal concerné qui a déploré que ce qui a été consenti dans le cas du ministre lui est refusé à lui. Devant cette levée de boucliers, Kailash Purryag a fini par autoriser Paul Bérenger à dire que le PM avait été catégorique en disant que « the money is gone, already cashed and transferred to London ».
Le voeu de la Chambre transmis à l’ICAC
Si Xavier Duval a tout entrepris pour faire porter le chapeau à son prédécesseur, en soulignant la rapidité avec laquelle la transaction a été conclue et l’absence de toute action en vue de récupérer l’argent de l’Etat, il a fini par annoncer, suite aux nombreuses questions supplémentaires, que la seule initiative prise par les autorités a été de créer un « escrow account » avec les Rs 120 millions qui sont à la Baroda Bank. Donc une manière de prévenir son utilisation.
L’opposition ne l’a pas entendu de cette oreille et a insisté pour qu’il y ait une action ferme visant le gel de ce compte. Comme le ministre des Finances insistait que c’est à l’ICAC de décider dans ce sens, Paul Bérenger l’a pris au mot et a suggéré que la commission soit mise en présence du voeu unanime de la Chambre que les démarches soient prises pour que ce compte soit gelé. Le ministre a été réticent au départ et après que Navin Ramgoolam lui a soufflé quelques mots, il a agréé à la demande du leader de l’opposition.
Pluieurs intervenants sur le Budget, ensuite, Kalyanee Juggoo, Françoise Labelle, Reza Issack qui a déploré le gaspillage des fonds publics, Maehn Seeruttun, Yatin Varma, Rajesh Bhagwan qui a lui aussi cité les projets qui ont englouti des milliards comme Jin Fei (Rs 615 millions), le Tourist Village de Belle Mare (Rs 200 m)et la location des bâtiments (Rs 500 millions), Deva Virahsawmy et Thierry Henry.
La séance de jeudi a démarré avec une PNQ du leader de l’opposition sur Rodrigues et sur les initiatives récentes prises, création d’un conseil pour Port Mathurin dans le Local Government Bill d’Hervé Aimée et l’absence de distinction pour le créole rodriguais dans l’éducation qui donnent l’impression que le gouvernement porte atteinte à l’autonomie de l’île.
Navin Ramgoolam a rejeté cette assertion et a même dit que des amendements seront éventuellement apportés au projet de loi pour exclure Port Mathurin de la juridiction du Local Government Bill. Il a aussi assuré que les consultations se poursuivront sur le créole qui sera utilisé dans le cursus rodriguais.
Pour les débats sur le Budget en ce jeudi, le ministre des TIC Tassarajen Pillay Chedumbrum, le député mauve Satish Boolell, Nita Deerpalsing qui a pris un malin plaisir à critiquer le MSM tout en ménageant l’opposition MMM et son leader, Pratibha Bholah, la ministre Mireille Martin, le Dr Raffick Sorefan et le ministre Jim Seetaram. L’opposition a effectué un walk-out au moment des interventions des ministres Mireille Martin et Jim Seetaram, une manière de protester contre selon ce qu’elle en a dit « des transfuges qui ont quitté leur parti pour un poste de ministre ».
Pas de séance le vendredi 11.11.11 par pure superstition, mais pour des raisons d’intendance. Et hier, c’est avec la PNQ de Paul Bérenger sur le cas Rehana Ameer et un engagement du PM sur sa réintégration sur une base humanitaire que la séance a commencé (voir plus loin). Quatre intervenants seulement sur le Budget: le ministre Satish Faugoo, Adil Ameer Meea, le ministre Shakeel Mohamed et Mahen Jhugroo. Il y a eu de vifs échanges entre les deux derniers intervenants, le ministre du Travail prenant pour cible le MSM et le député de ce parti rappelant que Shakeel Mohamed avait commencé sa carrière politique au Sun Trust. Des allusions à l’affaire Gorah Issac et MedPoint ont plu de part et d’autre nécessitant l’intervention du Deptuy Speaker Pradeep Roopun.

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -