ASSEMBLÉE NATIONALE: Un air de consensus sur la retransmission en direct

En prélude aux débats sur l’amendement Bhadain à l’Insurance Act avec la nomination d’un Super Administrator pour le groupe BAI, l’Assemblée nationale a littéralement vécu une heure de consensus hier. C’était lors des échanges sur la motion présentée par le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth (SAJ), en vue d’instituer un Select Committee pour se pencher sur les modalités pour la retransmission en direct des travaux parlementaires. Aucune voix discordante, que ce soit des rangs du gouvernement ou de l’opposition, dans la dénonciation en règle des travers de la station de télévision nationale dans la couverture des séances de l’Assemblée nationale. SAJ n’y est pas allé de main morte, soutenant que « le moment est venu de mettre un terme à la parodie de démocratie que sert la MBC-TV après chaque séance ». Le député MMM, auteur de pas moins d’une trentaine d’interpellations sur l’importance de retransmissions en direct, Rajesh Bhagwan, a parlé « de massacre de la démocratie». De son côté, le leader de l’opposition, Paul Bérenger, a avancé que si un consensus ne pouvait être trouvé sur un tel sujet, il ne voyait pas sur quel autre dossier cela pourrait être le cas. Il a été décidé à l’unanimité que la présidence de ce Select Committee soit attribuée au ministre des Infrastructures publiques Nando Bodha, qui avait été la cheville ouvrière du rapport avorté de 2012.
Présentant la motion pour constituer le Select Committee sur les modalités de la retransmission en direct des débats à l’Assemblée nationale, le Leader of the House, SAJ, n’a pas manqué de fustiger les abus et manipulations dont se rendrait coupable la MBC avec la couverture des travaux parlementaires. « It is high time to put an end to such a mockery of democracy », a-t-il déclaré, ajoutant que cette initiative avait pour objectif d’élargir l’espace démocratique à Maurice. SAJ s’est dit convaincu que cette démarche constituait « a truly bold step in reinforcing democracy in the country ». Il a ajouté que cette motion traduisait concrètement la promesse faite en réponse à une interpellation lors de la séance du 10 février dernier, qui figure également dans le manifeste électoral de l’Alliance Lepep. Il s’est appesanti sur le fait que la transparence et la responsabilité étaient les deux piliers de la pratique démocratique. « La retransmission des débats à l’Assemblée nationale aura pour effet d’établir un pont avec la population et permettre une meilleure compréhension du processus politique. Chaque citoyen aura l’occasion de témoigner de ce qui se passe au sein de l’hémicycle et sans aucune intervention », a poursuivi le Premier ministre. Il est revenu sur le travail abattu par le précédent Select Committee avec Nando Bodha à sa présidence. « La prorogation de l’Assemblée nationale en mars 2012 a eu pour effet que le rapport n’a pu être soumis officiellement. Ensuite, nous n’avons constaté aucun désir et aucune ferveur de l’ancien Premier ministre pour reprendre le rapport du Select Committee pour mener à terme le processus. » À cet effet, il a souhaité que le nouveau comité d’élite accomplisse cette tâche dans les meilleurs délais pour concrétiser ce projet démocratique. Il a ajouté que le Live Broadcast des travaux de l’Assemblée natiosanle se fera «without mediainterference».
Le leader du MMM, Paul Bérenger, a devancé le vice-Premier ministre et ministre du Logement Showkutally Soodhun pour seconder la motion du Premier ministre, faisant comprendre qu’il était l’heure de passer aux actes. « The job has already been done by the Select Committee presided over by Honourable Bodha. The report was ready. Il ne manquait que la volonté politique. Le précédent gouvernement a stoppé net le processus. » À ce moment, on entend le Premier ministre lancer un sonore « li enn kapon ». Reprenant le fil de son intervention, Paul Bérenger a émis le souhait que la présidence soit de nouveau confiée à Nando Bodha. « Le libellé de la motion présentée est sensiblement le même que le précédent. Elle ne garde pas l’exclusivité de la retransmission à la seule MBC TV, mais ouvre le champ à des chaînes privées », a-t-il fait ressortir. « I don’t think it will take a long time. If there is no real consensus on that, I don’t know on what subject we will have a consensus. I appeal that we go fast et que nous donnions le bon exemple », a conclu Paul Bérenger, qui a été applaudi des deux côtés de l’hémicycle, symbolisant le consensus caractérisant cette tranche des travaux parlementaires.
« Worldwide trend »
Le leader du MSM et ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation, responsable du dossier de la MBC, est intervenu pour illustrer l’unanimité entourant cette question. Pravind Jugnauth a évoqué l’exemple de la House of Commons de Londres, la retransmission des débats à la radio intervenant pour la première fois en 1920 et les caméras de télévision admises en 1978 avec une interruption en 1980. Il a cité le cas du Lok Sabha en Inde et celui du parlement australien autorisant les retransmissions à la radio en 1946 et à la télévision en 1990. « As we can see, it’s a trend worldwide », a déclaré Pravind Jugnauth, qui a demandé que les attributions du Select Committee comprennent également internet. Il a également critiqué l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, « qui a été un obstacle sur la voie du direct à l’Assemblée nationale ».
Ayant systématiquement insisté sur cette question de retransmission des débats parlementaires, Rajesh Bhagwan a rappelé à la Chambre qu’en consultant rapidement le Hansard, il a relevé au moins une trentaine d’interventions à ce sujet. « Je me félicite du fait que ma première PQ pour la présente session était consacrée à ce sujet. Je m’étais dit que c’était ma priorité. I was very happy with the Prime Minister in the way he answered my question. We saw that there was a will to go forward », a déclaré le Whip de l’opposition. « Les Mauriciens sont frustrés par la couverture des travaux de l’Assemblée nationale. Chaque mardi, nous assistons à un massacre de la démocratie. Today, there is a slight change. Il y a une volonté et je suis très heureux de constater un consensus, car il sera possible de léguer quelque chose de moderne aux générations à venir. »
Auparavant, le chef de file du PTr à l’Assemblée nationale, Shakeel Mohamed, a soutenu que ce dossier a toujours suscité un intérêt particulier à l’Assemblée nationale. « In fact, there is consensus. There is also consensus that we are very late. We have to go fast. J’ai entendu parler de manque de volonté. I would beg to differ », a-t-il renchéri, soulignant que, malgré la rupture de l’alliance PTr/MSM, Nando Bodha avait été maintenu à la présidence du comité d’élite. Il a fait état des consultations entre l’ancien Premier ministre et l’ex-Speaker pour trouver, en vain, une voie pour faire adopter le précédent rapport. Shakeel Mohamed a suggéré qu’en attendant que les modalités de la retransmission en direct soient définies, il serait possible d’envisager un “live audio feed” sur internet pour connecter la population au Parlement.
Le vice-Premier ministre et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, est d’avis que cette étape devrait « enhance the democratic process and the dignity of the House ». Et d’ajouter : « That’s one great thing that this government is doing today (…) It’s a great thing for democracy, but also a big burden on the House. Members of the House will be judged immediately (by the viewers). This is why the former Prime Minister did not want it. He knew his own shortcomings and those of his government. He would have been immediately exposed », sous les applaudissements des bancs de la majorité. Joe Lesjongard, député de l’opposition sans parti, s’est pour sa part attardé sur le retard accumulé. « We’ve wasted time, we have to move fast. Le gouvernement actuel n’est pas à blâmer. We have to catch up. They are ahead of us », a-t-il dit en citant d’autres pays qui ont déjà franchi ce pas.

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