ASSEMBLÉE NATIONALE : Une partie peu sportive

On aurait pu croire qu’un débat sur le sport à Maurice aurait connu des sommets en terme d’intervention, de contribution et de propositions. Oh, que non, le Sports Bill a, à quelques exceptions près, donné lieu à mardi, jour des cérémonies officielles à la mémoire de Nelson Mandela, à des dérapages langagiers, des règlements de comptes politiques et personnels, le tout culminant avec un résumé des débats par Dev Anand Rittoo sur un ton agressif et revanchard. Il a presque donné raison à l’opposition de s’être retirée juste avant qu’il ne déverse sa rancoeur contre tous ceux qui se sont opposés à son projet dont le coeur est de faire revivre le football d’antan qui, comme on le sait, s’articulait autour des différentes communautés.
Il est aussi à noter que le Premier ministre n’a pas participé aux débats quand bien même l’opposition s’est fait un malin plaisir de reprendre les propos qu’il avait tenus lors de la présentation d’un Sports Bill en 99 dans le sillage des graves événements de cette année là, marquée par les doubles émeutes de février et de l’incendie de l’Amicale.
Lysie Ribot qui a déploré que les postes à pourvoir dans les organismes s’occupant du sport aient été tranformés en «jobs for the boys or the girls» a ainsi repris les propos tenus par Navin Ramgoolam tels que «the need to take communalism out of sports «the unflinching commitment to shake off once and for all the communalist mindset in the practice of sports and in supporting sports team for too long the scourge of communalism in sports has been gnawing at the fabric of our societyRegionalisation will create a new feeling of appartenance in each and every citizen irrespective of any discriminatory factor. Regionalisation is in line with the modern concept of sports.»  
D’où son appel pour que Navin Ramgoolam ne revienne pas sur ce qu’il avait affirmé avec apparemment tant de conviction, il y a 14 ans. Avant elle, Nando Bodha avait, lui aussi, dénoncé le retour au football d’antan tout en réfutant les propos du ministre du Travail Shakeel Mohamed qui, soutient-il, s’est plu à dénigrer le MSM alors que pour sa première apparition à la télévision pour une émission politique il était encadrée de Sir Anerood Jugnauth et de lui-même.
«We, the MSM, had the faith to make Paul Bérenger become     Prime Minister »
Poursuivant sur le même registre, le député du MSM a déclaré que son parti n’a strictement aucune leçon à prendre en matière d’unité nationale «We, the MSM, had the faith to make Paul Bérenger become Prime Minister in the name of national unity to say that he deserves the post of Prime Minister.  The MSM did it.  This is history and we are going to do it again with the remake, Mr Speaker, Sir. That is the way for our county, a country which belongs to everyone where no post is to belong to only one caste or one community or one group».
Lui succédant à la tribune, le député du MMM Satish Boolell, qui a parlé en connaissance pour avoir encadré l’équipe de la police, a formulé des critques contre le texte et a déploré que les dirigeants de clubs et de fédérations soient toujours plus nombreux que les athlètes participants eux-mêmes et que l’on reconnaît toujours les délégations mauriciennes à cela.
Reza Issack qui, il y a quelques semaines, avait pris une position très tranchée contre le football d’antan en disant que l’on veut «ressusciter le tribalisme» a surpris plus d’un par son ton bien plus nuancé et sa révélation à l’effet que le match Sunrise/Zamalek n’avait rien à voir avec l’incendie de l’Amicale puisqu’un élément de l’escadron de la mort lui avait confié que c’est son organisation qui était responsable de ce drame.
Adil Ameer Meea a, lui, soutenu , à juste titre, qu’il ne faut pas confondre hooliganisme et communalisme en se référant aux désordres qu’organisent certains partisans d’équipes européennes comme a pu le suggérer le ministre Shakeel Mohamed.
Après une intervention du ministre de l’Éducation qui a exposé son projet de dynamiser le sport à tous les niveaux dans son secteur, deux interventions des membres de l’opposition, Joe Lesjongard qui a relevé l’expression «knee-jerk reaction» du gouvernement de 1999 et Rajesh Bhgwan qui eu une pensée spéciale pour Swaraj Fekna, le journaliste de la MBC récemment emporté par une crise cardiaque qui était pourtant un excellent gardien de but mais qui aurait été, selon lui, très stressé par son travail.
Après que Mukeshwar Choonee, le ministre des Arts et de la Cultre, eut délivré une allocution pour soutenir le texte de son ami Dev Anand Rittoo en citant Brigitte Bardot qui aurait dit «only idiots refuse to change their minds.», place à un discours inattendu et éminemment politique de Reza Uteem qui a démarré sur les chapeaux de roue en disant du discours de Shakeel Mohamed la semaine d’avant que « we cannot let his verbal diarrhea stink the pages of Hansard unrebutted». Cela lui a valu un rappel à l’ordre du Speaker qui l’a invité à retirer ces propos, ce qu’il a fait.
Mais il n’en démordra pas pour autant puisqu’il évoquera l’intervention du ministre du Travail, extrêmement critique de ce qui avait été fait en 1999 et l’hypocrisie qui, selon ce qu’il avait dit, entoure le communalisme le qualifiant «d’attaque directe contre le Premier ministre».
«Les jeunes de ce pays leur ont déjà craché dessus»
Et Reza Uteem de citer les propos de Shakeel Mohamed comme voulant dire que «the government in 1999 had been criminally negligent in failing to ensure that supporters attending a football match were given the necessary safety precautions, in failing to ensure that the Police had communication with teams. Who was in power in 1999 if it was not the Labour Party led by Hon. Dr. Navinchandra Ramgoolam? If that is not challenging his leadership, what is it?».
Bien qu’ils ne furent pas nombreux à l’avoir entendu, c’est bien à ce moment-là que le ministre Shakeel Mohamed aurait dit «n’avoir pas peur de Navin Ramgoolam». Et comme il était parti pour une intervention très politique, Reza Uteem a terminé en rappelant ce que le ministre du Travail a débité sur son collègue Reza Issack en ces termes «les jugements de Reza Issack laissent à désirer. On a eu la preuve récemment avec l’affaire Varma».
Ceux qui sont intervenus en fin de débats sont Tassarajen Chedumbrum Pillay, égal à lui même, Steve Obeegadoo qui a bien résumé la situation en déclarant que «les jeunes de ce pays leur ont déjà craché dessus et demain le jugement de l’histoire leur sera impitoyable!».
Alors que l’on s’attendait au moins à une finale en apothéose et un discours un peu plus digne de l’occasion du ministre Rittoo, on a eu droit à des arguments d’un niveau extrêmement discutable à tel point qu’il a dû être souvent et sévèrement recadré par le Speaker.
Entre autres trouvailles de mauvais goût, Rajesh Bhagwan a été traité de «enn gro ferraille» et puis pour parler du ministre des Sports de 2004 qui était Ravi Yerrigadoo, c’est l’expression de «ti bonhomme» qui a été utilisé par Dev Anand Rittoo, ce qui lui a valu une nouvelle réprimande de Razack Peeroo qui va de nouveau lui lancer : «Just be careful!  Mind your language!» après qu’il ait parlé de Nandkishore Fakun et ajouter que «le nom nous dit quelque chose».
La séance de mardi avait débuté avec l’examen d’un budget supplémentaire de près de Rs 3 milliards pour 2013 marqué par les remarques de Kee Chong Li Kwong Wing qui, en parlant de Xavier Duval, a évoqué le «retour de l’enfant prodigue» après une absence remarquée du Festival créole. Également adoptée une motion du Premier ministre par intérim Rashid Beebeejaun pour une séance spéciale le vendredi de même que le Additional Remuneration Bill présenté par le ministre du Travail.

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