Assemblée nationale : T comme toit, comme toilettes

Après les toilettes insalubres de l’hôpital du Nord, c’est le toit du Parlement lui-même qui coule, au point de provoquer un ajournement de séance

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T comme toit, celui de l’Assemblée nationale, qui a connu une infiltration d’eau de pluie, provoquant une paralysie des travaux et un ajournement forcé de la séance en plein Question Time et T comme toilettes, qui étaient au coeur de la Private Notice Question de Xavier Duval, qui a déploré l’insalubrité de ces lieux et l’absence de papier toilette à destination des patients nécessitant une dialyse. Le ministre de la Santé a été contraint, en réaction, de concéder qu’il y a un vrai problème d’entretien dans les établissements hospitaliers publics, un phénomène qui dure depuis quelque temps déjà et qui, a-t-il dit, est en train d’être réorganisé.

On a connu des gouttelettes qui tombaient de temps en temps dans certains coins de l’hémicycle lorsque de grosses averses s’abattaient sur Port-Louis, même si les parlementaires ont continué à siéger en pleine classe 1 en même en début de classe 2. On se souvient aussi y a quelques années, q’une bâche avait dû être posée sur le toit vitré, en accent circonflexe de l’auguste assemblée, ce qui avait considérablement affecté la luminosité de l’hémicycle, mais c’est bien la première fois que les averses auront eu raison d’une séance.

C’est au retour du déjeuner que le problème s’est posé. Les parlementaires commençaient à regagner l’hémicycle autour de 14h25 lorsque le bruit des gouttes, de plus en plus audible, a retenu l’attention de ceux présents, comme le personnel du secrétariat et les policiers de faction. C’est alors que les agents de l’ordre, craignant que l’eau n’atteigne les circuits électriques et n’abîme une des caméras requises pour la retransmission en direct des travaux, se sont arrangés pour la recouvrir d’un sac en plastique, un incident insolite que le chef de file du Parti travailliste Shakeel Mohamed a choisi de partager en live sur son compte Facebook.

Ceux qui avaient déjà pris place en ont profité pour faire des blagues sur cette situation pour le moins inédite. Guito Lepoigneur s’est payé la tête du ministre de la Sécurité sociale, Étienne Sinatambou, et a demandé si les parlementaires sinistrés auront droit « aux biscuits et aux deux bouteilles d’eau» qui sont généralement distribués à ceux qui doivent se rendre dans les centres de refuge lorsque les intempéries les forcent à quitter leur domicile. Alain Wong en rajoutera une couche en disant qu’ils auront aussi les Rs 125 quotidiennes auxquelles ont généralement droit les sinistrés. Un des préposés du secrétariat vendra ensuite demander aux parlementaires de quitter l’hémicycle et d’attendre dans les couloirs, le temps que la Speaker fasse une annonce sur la suite des événements.

Un signe de la nature

Cela n’a pas empêché les élus de l’opposition de continuer à ironiser sur cette étrange situation. Rajesh Bhagwan y a vu un « signe de la nature », comme si les dieux en voulaient aux dirigeants, pendant que SAJ évoquait une situation d’urgence. C’est une heure après celle, à de la reprise des travaux, soit à 15h30, que les élus ont été invités à regagner leur place pour une brève annonce de la Speaker. « You will have noticed that rainwater is leaking along the walls of the Chamber. My Office has consulted the Meteorological Services and has been informed that heavy rains will persist until late in the afternoon today. In view of the above, I have thought it advisable that today’s proceedings be adjourned. » Le Premier ministre a alors proposé l’ajournement des travaux au mercredi 21 novembre à 11h30, mardi 20 étant jour de célébration de la fête Yaum un Nabi.
La PNQ du début de séance a surtout été l’occasion pour le leader de l’opposition de faire le procès de la mauvaise qualité des soins qui sont dispensés aux patients dialysés, à l’hôpital du Nord notamment. Après avoir dit s’être rendu à cet établissement le matin même, il a déposé des photos qu’il a prises et qui illustrent l’état de grande insalubrité du lieu. Le ministre Anwar Husnoo a certes admis qu’il y avait un gros problème d’hygiène et d’entretien dans les hôpitaux publics, mais il a ajouté que c’est un problème qui perdure et qu’il est en train de s’y attaquer en vue de mettre un terme à cette situation qui n’a que trop duré.

Xavier Duval lui a demandé si c’est difficile pour lui de trouver Rs 100 pour acheter du papier toilette. Une remarque qui n’a pas du tout été du goût du ministre de la Santé, qui a réagi en invitant le leader de l’opposition à le faire lui-même. L’allusion du leader de l’opposition à Ivan Collendavelloo, qui se ferait soigner à grands frais dans le privé parce que les soins sont inadéquats dans le public et que cela constitue, en lui-même, « un certificat d’incompétence » au ministre et à ses services », a provoqué une certaine gêne dans les travées de la majorité.

Une question supplémentaire de Rajesh Bhagwan sur le « cauchemar » que vivent ceux qui souffrent d’insuffisance rénale a donné lieu à des échanges tendus entre le député du MMM et l’ancien ministre Showkutally Soodhun, le premier invitant le second à aller voir du côte de Dubaï. Toujours est-il qu’après le réquisitoire de Xavier Duval, Anwar Husnoo a donné lecture d’une lettre d’un patient dialysé qui s’est déclaré très satisfait des soins reçus.
Place ensuite au Prime Minister’s Question Time, avec une interpellation du député travailliste Osman Mahomed sur le projet de réouverture de casinos à Flic-en-Flac et à Belle Mare. S’il n’est pas sur les rails, Pravind Jugnauth en a profité pour faire allusion à des magouilles qui auraient entaché le dossier de privatisation des casinos dans les années 2010. Et que le projet a finalement capoté. La privatisation est toujours a l’étude, a-t-il néanmoins annoncé.

Drogue : commissaires et employés pas encore payés

Si le rapport de la commission d’enquête sur la drogue a été rendu publique le 24 juillet 2018, c’est le lendemain même que le juge-président Paul Lam Shang Leen a envoyé les honoraires réclamés par lui-même, ses assesseurs et les collaborateurs qui ont travaillé sur l’enquête. C’est un comité de haut niveau présidé par le secrétaire au Cabinet qui se penche sur les réclamations de la commission d’enquête et aucun paiement n’a encore été effectué, a précisé le Premier ministre, en réponse à une question du député indépendant Kavi Ramano.

Paul Lam Shang Leen a-t-il fait une demande pour un paiement de Rs 17 millions ? a demandé le député, mais Pravind Jugnauth a refusé de confirmer ou d’infirmer ce montant en disant que, comme le sujet est toujours en discussion, il ne serait pas correct pour lui d’entrer dans de tels détails. Même tonalité pour défendre cette fois son conseiller Anoop Nilamber, un temps pressenti pour diriger la MauBank à la suite d’une question du député du MMM Reza Uteem. Ce dernier a alors évoqué son affaire de chèque sans provisions en France, tout en rappelant qu’à Maurice cela est considéré comme un délit criminel.
Ce n’est pas le cas en France, a rétorqué le Premier ministre et ministre des Finances, qui a omis de dire que cette affaire a néanmoins été un frein à la nomination d’Anoop Nilamber à la MauBank et qu’il a été propulsé à la tête de Mauritius Duty Free Paradise Co. Ltd. S’il n’a pas été fait CEO de la MauBank, Anoop Nilamber est néanmoins resté sur le conseil d’administration, a confirmé le Premier ministre en réponse à une question du même député sur cette situation pour le moins incongrue.

Recrues du N°8 : pas trop mais quand même 4 sur 10

Oui, des «gréeurs» ont été recrutés par le département de l’aviation civile, soit 10 sur la période 2010-18. C’est ce qu’a initialement indiqué Pravind Jugnauth alors qu’il était interrogé par le député du PMSD Thierry Henry, qui a voulu en savoir plus et s’ils ne venaient pas tous de la circonscription du Premier ministre lui-même. « I think you must be joking », a rétorqué le Premier ministre, qui a donné des détails sur l’origine géographique des recrues – Grand Bois, Quartier Militaire et St Pierre (N°8), Vacoas, Mont Roches, Rivière des Anguilles, Montagne Longue, Quartier Militaire et St Pierre (N°8 de nouveau) et Rose Belle. Soit 4 sur 10.

Et comme il en a pris l’habitude depuis quelque temps, c’est le député Sudesh Rughoobur qui a ouvert le bal des questions aux ministres, ciblant Sunil Bholah, à qui il a adressé trois interpellations à la suite sur le secteur des petites et moyennes entreprises. La partie des travaux précédant le déjeuner s’est terminée sur cette espèce de PNQ avec ses multiples questions supplémentaires du député de la majorité à un de ses collègues ministres, comme il l’avait fait la semaine dernière avec Nando Bodha et sa route de contournement Grand Baie-Anse la Raie.

Et malgré le procès qui lui a été fait lors de la réunion du bureau politique qui s’est tenue le samedi 10 novembre, il semble bien que Sudesh Rughoobur ait pris sa décision de se distancer de l’actuelle majorité, tout en ménageant le Premier ministre.

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