ASSISES: Deux habitants de Quartier-Militaire plaident coupables

Traduits devant la cour d’assises pour le meurtre de Deonarain Mungur en décembre 2007, Dharmadev Gangoo et Sujeet Gogah ont plaidé coupables hier. L’organe génital de la victime avait été sectionné avant sa mort. Mes Yahia Nazroo et Thierry Saminaden plaident pour une sentence de 15 ans alors que l’assistante du DPP Me Johan Moutou-Leckning requiert une peine de 35 ans. Le verdict est prévu vendredi.
Dharmadev Gangoo (alias Rishi) et Sujeet Gogah (alias Vikash) ont comparu hier devant la juge Saheeda Peeroo pour l’assassinat de Deonarain Mungur (56 ans), procès intenté par le directeur des poursuites publiques (DPP). Les deux habitants de Quartier-Militaire, laboureurs de métier, ont plaidé coupables à l’accusation requalifiée en manslaughter (homicide involontaire ou par imprudence) par l’assistante du DPP Me Johan Moutou-Leckning.
La cour avait prévu deux semaines pour le procès mais l’audition des dix témoins retenus après le plaidoyer de culpabilité a duré à peine trois heures. C’est d’ailleurs le principal point soulevé par Mes Yahia Nazroo et Thierry Saminaden en faveur de leurs clients. La défense a également suggéré une sentence de 15 ans de servitude pénale en se basant sur d’autres cas « plus atroces ».
Me Johan Moutou-Leckning a appelé hier à la barre une dizaine de témoins, dont le Dr Satish Boolell, ancien Chief Police Medical Officer. C’est lui qui avait examiné les prévenus et la victime. L’ex-médecin légiste a soutenu que Deonarain Mungur avait reçu des coups à la tête provoquant une fracture du crâne, plusieurs coupures au sabre notamment au cou ainsi qu’à la tête et que l’organe génital de la victime avait aussi été sectionné. Le pénis de Deonarain Mungur avait été retrouvé dans un bassin de la Wastewater Management Authority (WMA) à Vuillemin, où il travaillait comme gardien de nuit.
Dans leurs déclarations à la police, les prévenus ont fait des aveux complets dès le début. Les accusés ont organisé « enn program bwar » le 30 décembre 2007 et se sont ensuite mis d’accord pour aller dépouiller le gardien de la WMA. Arrivés au bassin, les deux hommes se sont jetés sur Deonarain Mungur qui était endormi à même le sol. Dharmadev Gangoo l’a saisi alors que Sujeet Gogah lui a infligé une blessure au sabre au cou. La victime perdait beaucoup de sang. Ils ont alors sectionné le pénis du gardien de nuit avant de jeter l’organe génital dans le bassin. Les accusés ont ensuite fait main basse sur les deux téléphones portables de la victime.
Les deux hommes ont déclaré qu’ils s’étaient rendus à la WMA pour voler. « Mo enn dimoun mizer… Mo ti al laba pou kokin… Pa kone kinn arive inn ariv sa maler-la », a soutenu Dharmadev Gangoo. Ils ont présenté des excuses à la cour, à la famille de la victime et à la société. Sujeet Gogah a ajouté pour sa part avoir trois enfants à charge et souhaiterait pouvoir les revoir. Les accusés ont des casiers judiciaires très chargés avec de multiples condamnations, notamment pour vols et agressions.
Dans son réquisitoire, Me Johan Moutou-Leckning a soutenu que la victime était un vieil homme sans défense et que c’est un cas très grave. Elle a soutenu que la cour a un devoir de protéger la société contre des personnes « sans scrupules ». L’assistante du DPP a déclaré que ce crime était atroce et qu’une sentence de 35 ans de prison « would meet the ends of justice ». Le ministère public s’est appuyé sur le fait que les prévenus ont sectionné l’organe génital de la victime avant sa mort.
Me Yahia Nazroo, qui représente les intérêts de Dharmadev Gangoo, a demandé à la juge Peeroo de prendre en considération les conditions précaires dans lesquelles vivent les accusés. « Nous ne pouvons imaginer les conditions dans lesquelles vivent certains Mauriciens… Ce sont des oubliés de la société », a-t-il soutenu. L’avocat de la défense a expliqué que la poursuite a pris beaucoup de temps pour loger l’affaire alors qu’il y a eu des aveux complets. Thierry Saminaden est d’avis qu’une chance de revenir dans la société doit être donnée aux accusés afin de pouvoir vivre normalement avec leurs enfants.

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