AZIR MORIS: L’action se poursuit sur le terrain

Un mois s’est écoulé depuis la marche de protestation organisée par les membres du groupe Wanted : 15,000 youngsters to save our future. Depuis, le mouvement s’est trouvé un nom : Azir Moris. Un des initiateurs du projet, Jameel Peerally, explique que du virtuel, l’action s’étend désormais sur le terrain.
Tout avait commencé sur Facebook; c’est sur le terrain que se poursuit maintenant le travail. Toutes les semaines, une délégation se déplace à travers le pays pour aller à la rencontre des plus démunis. Ils ont déjà visité de nombreuses régions : Tranquebar, Baie du Tombeau, Roche Bois, Vallée Pitot… “Nous sommes une trentaine, parmi la centaine de membres actifs d’Azir Moris, répartis dans une dizaine de voitures.”
Une fois sur place, les tâches sont nombreuses. Pendant qu’une équipe photographie et filme les habitants, leurs conditions de vie, ainsi que leur environnement, une autre équipe se charge d’écouter leurs histoires, de comprendre leurs difficultés; bref, de découvrir l’ampleur de leur désespoir.
Rapport.
Le but de cette opération est de monter un rapport. Dans celui-ci, tous les aspects de la vie de ces gens aux conditions précaires sont pris en compte. “Les jeunes qui ont rejoint Azir Moris ne connaissent pas la réalité mauricienne. Par leur action, ils découvrent beaucoup de choses : la pauvreté, les dégâts causés à l’environnement, les problèmes de santé, les conditions de logement, le problème de l’éducation…”
Une fois qu’ils auront réuni les informations concernant toutes les zones du pays, les membres d’Azir Moris pourront compléter le rapport. “Celui-ci sera remis à différentes structures : la presse, le bureau du Premier ministre, les ONG concernées et les ministères touchés. Mais nous ne présenterons pas qu’un constat : nous inclurons également des solutions pour remédier à tout cela.”
La mission que se sont assignée les membres d’Azir Moris est loin d’être facile ! Outre le grand nombre de personnes qu’ils doivent rencontrer, l’impact psychologique est fort. “De nombreux jeunes ont pleuré en voyant comment vivent nos compatriotes. C’est vraiment très difficile !” Ces jeunes se retrouvent confrontés à une réalité à laquelle ils n’étaient pas préparés. “En allant vers la pauvreté, nous devons aussi faire face à tous les fléaux de notre société : prostitution, HIV. Dans la cité où nous sommes allés à Vallée Pitot, 85% des jeunes sont drogués ! Le constat est effrayant !”
Politiciens de demain.
Ces sorties sur le terrain ont un second but avoué : former les jeunes pour qu’ils deviennent des futurs politiciens. “Après la marche, tout le monde attendait une action politique. Oui, il y en aura une : on prépare la voie pour une troisième force.” Le photographe le reconnaît lui-même : il faut du temps. “La route vers la justice est encore longue. Le premier pas est d’aller vers les plus faibles. L’action commence avec les démunis. C’est en connaissant la réalité que les jeunes pourront proposer une nouvelle façon de faire les choses, en prenant en considération ce qu’ils auront appris.”
Selon Jameel Peerally, les politiciens actuels sont coupés de la réalité mauricienne. “Ils ne savent que prendre, sans jamais donner. Ces jeunes, eux, auront appris ce que signifie donner. Lors de nos sorties, nous distribuons des pochettes pauvreté, avec les dons que nous avons récoltés, ainsi que nos propres contributions.” Mais il ne s’agit pas seulement de don matériel. “Ces jeunes apprennent surtout à donner de leur temps. Tous les dimanches pour les sorties, et les jours de semaine pour préparer toute la logistique.”
En dehors de leur action sociale, les membres d’Azir Moris prévoient plusieurs actions. “Mais elles seront révélées en temps et lieu !” Ils n’ont certainement pas l’intention de baisser les bras, et espèrent bien se faire entendre des autorités. “Nous sommes dans une période de transition. Le paysage politique doit changer. J’ai envie de donner un grand coup de balai et de nettoyer tout ça. Et j’en ai le droit, en tant que citoyen d’un pays libre. Si je me trompe, qu’on me le dise !”

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -