BAI : Le Courts Deal scellé hier soir pour Rs 400 M

Après des semaines d’incertitudes, les quelque 800 employés de Courts, un des “Cash Cows” de l’empire démantelé de Dawood Rawat, exceptés les 185 travailleurs sur qui pèse la menace de licenciement, peuvent pousser un ouf de soulagement. Le Share Purchase Agreement pour la reprise de Courts par le consortium mené par David Isaacs a en effet été signé avec le nouveau Special Administrator de la BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities, Yacoob Ramtoola, dans le courant de la nuit dernière. Le “Price Tag” arrêté est de Rs 400 millions. Avec la paie des employés de Courts, d’Iframac et de la clinique Apollo-Bramwell pour le mois d’août assuré en cette fin de semaine, une mission des plus urgentes attend le successeur de Yogesh Basgeet. Il devra faire un déplacement en quatrième vitesse à Malte en vue de tirer au clair le dossier de GlobalCapital plc avec, en jeu, une participation majoritaire de 48,45% au nom du Chairman Emeritus de la BAI, Dawood Rawat. Les dernières informations communiquées à la Financial Services Commission par la Malta Financial Services Authority ne sont nullement encourageantes vu le risque de mise en liquidation de GlobalCapital plc pour raison de “Ponzi Scheme” à Malte. Entre-temps, le Special Administrator s’est attelé à la tâche de compléter l’unfinished business du démantèlement du conglomérat BAI avec le recouvrement des fonds détournés et, également, la mise à la barre des propriétés immobilières personnelles de Dawood Rawat, dont le domaine de Floréal, avec un escalier antique venu du Vatican, et le campement de La Preneuse, évalués à quelque Rs 800 millions.
Dans la nuit d’hier à ce matin, une autre étape majeure a été franchie avec la signature du Share Purchase Agreement pour la reprise de Courts par le consortium David Isaacs avec le soutien logistique de la CIM. Le “Price Tag” agréé avec le Special Administrator est de l’ordre de Rs 400 millions, dont Rs 250 millions pour les immeubles abritant les succursales à travers l’île et Rs 150 millions pour les stocks encore existants dans ces magasins.
Les nouveaux gérants de Courts pourront également récupérer le “Hire Purchase Book”, qui a été vendu à l’ex-Bramer Banking Corporation Ltd, avec le montant de cette transaction illégal de plusieurs centaines de millions transféré sur les comptes de Dawood Rawat à Maurice et à l’étranger. Le recouvrement de ces ventes à tempérament devrait être réparti sur une base de 50/50 avec une commission de 6,5% pour le consortium Isaacs.
Avec la signature du contrat d’hier soir, le dossier du redéploiement du personnel de Courts remontera au premier plan. Jusqu’ici, David Isaacs a fait comprendre que la restructuration du personnel, dont 80% maintenus à leur poste, ne sera dévoilée qu’après avoir pris possession de ce Share Purchase Agreement. Le licenciement des 20% du personnel restant, soit environ 185 personnes, concernera des membres du Top Management, dont le Chief Financement Officer, jugé très proche du clan Rawat, et s’effectuera aussi sur la base du concept “Last In First Out”. Ce dossier devra faire l’objet de consultations entre le patronat, les syndicalistes de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP), représentant les intérêts des employés de Courts, et le ministère du Travail et des Relations industrielles, et ce dans les meilleurs délais possible, soit probablement au début de la semaine prochaine, en vue de définir les modalités de cette étape de même que le paiement des indemnités de départ. David Isaacs a pris l’engagement officiel, au nom du consortium, de maintenir les conditions de service, avec les salaires en vigueur, ainsi que les temps de service accumulés par l’ensemble des employés.
L’autre dossier en suspens avec la fin du conglomérat de la BAI concerne la reprise d’Iframac, dépouillée de toute une gamme de représentations de marques de véhicules, dont les plus prestigieuses sont Mercedes-Benz, Peugeot et Mitsubishi. L’offre du consortium FleetAfrica/RHT Holding Limited est encore valide avec la bénédiction de la Financial Services Commission. Des sources bien renseignées indiquent que des consultations de haut niveau entre FleetAfrica/RHT Holding Ltd et la New Iframac Motors Ltd devront se dérouler la semaine prochaine en vue de jeter les bases d’un éventuel partenariat.
Des employés d’Iframac, qui sont partie prenante du projet d’autogestion, se disent confiants que « les choses bougent dans la bonne direction » tout en dénonçant ce qu’ils qualifient de « campagne de déstabilisation ». Ils espèrent qu’avec le nouvel administrateur nommé par la FSC, « les choses iront dans le bon sens », ajoutant que « l’espoir est permis du côté de Fleet Africa et de RHT Holding ». Ils soulignent que le Service Department fonctionne toujours et que les mécaniciens de la compagnie entretiennent une vingtaine de voitures par jour.
A la clinique Apollo-Bramwell, l’assemblée des employés d’hier après-midi, animée par Jane Ragoo et Reeaz Chuttoo, de la CTSP, a visé à remettre en perspectives les derniers développements avec la nomination du troisième Special Administrator depuis mai dernier. Pas moins de 600 membres du personnel de la clinique ont approuvé la décision du gouvernement de reprendre la gestion de l’établissement et d’avoir recours à un Management Contract.
Intervenant lors de la réunion d’hier, Reeaz Chuttoo a réclamé de la patience aux employés d’Apollo Bramwell tout en s’appesantissant sur le fait qu’il ne faut pas perdre de vue le principal objectif, soit la prise en charge de l’hôpital par le gouvernement.  « Depuis que l’État a promis de racheter Apollo-Bramwell, il n’est jamais revenu sur sa décision. Nous devons juste faire en sorte que le gouvernement respecte son engagement. N’entrons pas dans la confrontation lorsqu’il n’y en a pas. » Et de demander aux employés d’Apollo-Bramwell de rester confiants tout en les rassurant qu’il n’y a « aucune mauvaise nouvelle » par rapport à leur compagnie jusqu’à présent et leur promettant qu’en cas de non-paiement de leur salaire ou de renvoi injustifié, la CTSP les soutiendra.
Après avoir passé en revue les urgences pour ce premier jour de prise en charge du dossier BAI, le Special Administrator a dû se pencher sur un os dur sous la forme du dossier GlobalCapital plc, avec une participation de 48,45% de la part du groupe BAI. Les échanges de communications entre la Malta Financial Services Authority et la FSC ne semblent guère réconfortants dans la mesure où la mise en faillite pourrait intervenir au cas où la restructuration financière annoncée pat GlobalCapital plc, avec un apport d’au moins Rs 500 millions de capitaux frais, n’interviendrait pas.
Comme c‘est le cas avec la défunte BAI Co (Mtius) Ltd à Maurice, GlobalCapital plc doit honorer des paiements de primes sur quelque 400 000 polices d’assurance émises à Malte. Dans le dernier bilan financier, les experts-comptables de Deloitte ont attiré l’attention que GlobalCapital « is no longer a going concern ». Après l’assemblée des actionnaires de vendredi prochain, la Malta Financial Services Authority pourrait décider de la marche à suivre, ce qui explique le déplacement en urgence de Yacoob Ramtoola dans les prochains jours à Malte pour des discussions avec les parties concernées, notamment sur un dernier point au sujet des Assets and Liabilities de GlobalCapital plc.
A Maurice, la crainte, dans la conjoncture, est que vu le poids des Liabilities et le risque d’une mise sous administration de GlobalCapital plc, « on pourrait se retrouver dans la position inconfortable de prendre ou de tout perdre par rapport à l’offre de Rs 190 millions formulée par le groupe EIP plc de Paolo Catalfamo pour la reprise des 48,45% des actions de Dawood Rawat au sein de GlobalCapital plc », fait-on comprendre dans les milieux concernés, qui écartent toute possibilité d’une reprise de cette société par la National Property Fund Limited en raison des Toxic Assets identifiés par les autorités de Malte.
En marge d’une décision sur les investissements de la BAI à Malte, le Special Administrator aura du pain sur la planche avec le processus de recouvrement des fonds détournés. Dans cette perspective, Yacoob Ramtoolah n’aura d’autre choix que de s’attaquer aux propriétés immobilières et personnelles de Dawood Rawat, dont le patrimoine familial de Floréal, doté d’un escalier antique acheté du Vatican, d’une piscine « à vagues », comme au complexe Sun City, en Afrique du Sud, et d’un véritable bunker au sous-sol, sans compter les autres aménités et facilités de luxe de même que le bungalow pieds dans l’eau de La Preneuse. Ces propriétés, qui sont évaluées sur le marché à quelque Rs 800 millions, pourront être mises en vente à la barre d’ici la fin de cette année, au plus tôt.
Parmi les principaux dossiers de réclamations sur la table du Special Administrator, relevons
les Advances de l’ordre de Rs 500 millions au Chairman Emeritus de la BAI avec les fonds puisés des différentes sociétés du groupe; les dettes de Rs 300 millions à être réclamées de la société Logandale, dont une proche parente de Dawood Rawat est à la tête; les Rs 441 millions avec la vente des 17 appartements de luxe du Diplomat Gardens, à Floréal, la retranscription auprès du Conservator of Mortgages étant déjà complétée; et le dépoussiérage du dossier sur les Financial Footprint de Rs 500 millions pour le compte de l’axe Yukondale Ltd/Media Matrix Ltd, sous forme de fonds avancés en liquides et transférés à l’étranger, ou d’équipements pour les médias.
En tout cas, le Special Administrator Yacoob Ramtoola est engagé dans une véritable course contre la montre pour boucler l’ultime étape du démantèlement du groupe BAI avec des Assets de BA Exchange, de Bramer Global Services et de Bramer Assets Management Limited encore à disposer dans une tentative de « combler un trou sans fond » estimé à ce jour de Rs 23 milliards, mais susceptible d’atteindre les Rs 30 milliards…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -