BAI : L’heure des comptes et des réclamations a sonné

A plus de 90 jours après l’écroulement de l’empire BAI, avec le Chairman Emeritus, Dawood Rawat, toujours en fuite en France, l’heure des comptes et des réclamations, suite au BAI Mega-Financial Scam avec plus de Rs 6 milliards détournées, a sonné.  En effet, dans les prochains jours, le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, prendra connaissance des Findings préliminaires du Cheque Trail initié par les consultants en Forensic Auditing de nTan Corporate Advisory Pte et devra décider s’il compte soumettre tous les détails au Central CID à des fins d’enquête criminelle. En parallèle, les Special Admministrators de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities, Mushtaq Oosman et Yogesh Basgeet, se sont lancés dans une série de réclamations à coups de centaines de millions contre les principaux bénéficiaires de la fraude, dont Dawood Rawat (Rs 743 millions), ou encore Yukondale Ltd/Media Metrix Co Ltd avec des sommes agglomérées de Rs 424,4 millions représentant le Financial Footprint de Dawood Rawat dans le secteur médiatique. Toujours la semaine prochaine, les repreneurs de Courts et de la clinique Apollo-Bramwell devront être connus, alors que le dossier d’Iframac ne sera conclu que vers la mi-juillet.
Des recoupements d’informations recueillies de sources concordantes indiquent que les Findings préliminaires des experts de Singapour de nTan Corporate Advisory Pte, au sujet du Trail des chèques et autres virements bancaires à partir du Regular Premium Policy Holders’ Account de BAI Co (Mtius) Ltd et du Super Cash Back Gold Account, devront relancer l’intérêt dans les enquêtes sur l’opération « Daylight Robbery », relégué au second plan au cours de ces derniers dix jours. Techniquement, ces documents retraçant les différentes étapes suivies par les transferts bancaires à partir des comptes de la compagnie d’assurance devraient constituer de la Documentary Evidence à toutes fins utiles.
Mais la décision de les soumettre au Central CID sous la supervision de l’assistant-commissaire de police Heman Jangi, ou encore à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) pour des délits sous le Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA), dépendra des pouvoirs discrétionnaires du gouverneur de la Banque Centrale. A ce stade, très peu d’indications ont transpiré quant aux opérations bancaires, qui ont fait l’objet d’un Forensic Auditing de la part des experts singapouriens, ou encore à l’identité des protagonistes, qui pourraient occuper l’avant-scène des enquêtes à venir.
Par contre, dans l’immédiat, une série de bénéficiaires de fonds détournés de BAI Co (Mauritius) Ltd et d’autres entités sont dans le collimateur des Special Administrators dans le cadre de la Debt Collection Operation en vue de recouvrer un montant de Rs 1,7 milliard déjà identifié sur les Rs 6 milliards escomptées. Une partie de ces fonds, soit Rs 294,5 millions, a été placée dans un compte codé, MIDLB22 chez Schroders au Guernsey et une autre partie dans un autre compte numéro 7175186, ou encore à la British American (UK).
De ce fait, la Financial Services Commission (FSC) s’apprête à solliciter la coopération des autorités de ce centre offshore pour faciliter la tâche des Special Administrators. Cette opération devra fragiliser la position de Dawood Rawat dans son domaine parisien. Les échanges d’informations sur ces virements bancaires entre Maurice et Guernsey, avec un Routing par la Hongkong and Shanghai Banking Corporation, devraient alerter le Federal Bureau of Investigation (FBI) des Etats-Unis et le Serious Fraud Office de Londres au sujet du délit éventuel de Money Laundering car les fonds ont transité par ces territoires.
Les inventaires des biens
En attendant que le FBI et le Serious Fraud Office se décident d’entrer en action, Dawood Rawat, avec sa Légion d’honneur de la République française, essuiera un sacré coup à partir de demain. Les appartements de luxe de Diplomat Gardens à Floréal, le symbole de la réussite des membres du clan Rawat, dont ses trois filles, Adeela Rawat-Feistritzer, aussi connue comme la Seven-Million Dollar Woman, Laina Rawat, avec sa bouteille d’Evian lors de son passage au Central CID et Kerima Rawat, sont sous le coup de procédures de saisie et de vente à la barre.
En dépit de la démonstration ostentatoire de richesse, les filles de Dawood Rawat s’affichant avec des montres valant un peu plus d’un demi-million ont des dettes de Rs 411 millions auprès de la BAI sur ces appartements de Diplomat Garden. Ces dettes n’auraient jamais été Serviced. Les Special Administrators ont déjà initié des procédures de « Crystallisation of the Floating Charges » et un inventaire des avoirs des membres de la famille du Chairman Emeritus de BAI.
Avec le consentement des Conservator of Mortgages, des huissiers agissant au nom des Special Administrators débarqueront demain matin dans le complexe résidentiel de Diplomat Garden pour compléter les inventaires des biens appartenant aux Debtors désignés. Cet exercice, qui devra se dérouler sous haute tension, sera suivi de la retranscription de l’inventaire chez le Conservator of Mortgages. Un autre coup dur pour cet homme d’affaires, dont la réputation avait dépassé les rivages mauriciens, et qui était, semble-t-il, plus puissant que l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, jusqu’au 10 décembre dernier. C’est du moins ce qu’affirment ceux qui fréquentaient alors le Prime Minister’s Office.
Après l’étape de Diplomat Garden de demain, le tandem Oosman/Basgeet s’attaquera à six autres bénéficiaires, et non des moindres, pour récupérer un peu moins de Rs 1,7 milliard. Des consultations ont été engagées avec les conseils légaux en vue de déterminer l’Appropriate Recovery Approach. Dans cette bande, l’on retrouve Dawood Rawat avec une ardoise de plus de Rs 743 millions, réparties dans des avances de Rs 386,9 millions pompées de BA Investment de 2008 à 2015, des Outstanding Mortgage Balances sur le domaine familial de Floréal pour un montant de Rs 57,1 millions et des virements bancaires de Rs 298,1 millions à Londres et au  Guernsey.
Ensuite, interviendra le Financial Footpint médiatique de Dawood Rawat, évalué dès l’éclatement du scandale au début d’avril dernier dans les colonnes de du Mauricien et de Week-End à quelque Rs 500 millions. En fin de compte, les entreprises de presse, Yukondale Ltd et Media Metrix, auront bénéficié Rs 424,54 millions des fonds détournés du groupe BAI, soit Rs 76 millions de moins que les premières estimations, selon les derniers comptes établis par les Special Administrators.
Les repreneurs
Les relations incestueuses entre la British American Investment Co (Mtius) Ltd et Bramcom International, une filiale de Seaton Investment Ltd, avec sur le board de direction Dawood Rawat, Nicholas Ashford Hodges et Joe McClaugherty, devront ouvrir la porte de Schroders au Guernsey pour avoir accès à un compte codé MIDLB22. Les fonds détournés sous le prétexte de Management and Technical Services, soit un montant de Rs 75,5 millions, étaient transférés sur ce compte spécifique bien dissimulé des yeux indiscrets. Ce montant de Rs 75,5 millions représente des transferts sur « the provision of the procurement services to BAI and a number of its related companies », soit une commission de 2% sur les « expenditure made by the companies and services procured ».
Après analyses des documents derrière ces transactions, les Special Administrators font état de « serious concern regarding the substance of the transaction » vu qu’il n’existe qu’une « draft unexecuted version of the said terms and conditions ». En plus, les témoignages recueillis auprès des membres du personnel de BA Investment confirment que « the payments to Bramcom were made following monthly instructions from Michelle Graham, a UK based Officer ». Le nom de Michelle Graham revient également à l’avant-plan et comme un maillon important dans d’autres transactions douteuses à partir des fonds de BAI.
Au cours de la semaine prochaine, les Special Administrators ont un rendez-vous de premier plan avec l’annonce des repreneurs pour Courts et Apollo-Bramwell. Les nouveaux gérants de Courts, très probablement un consortium mené par David Isaacs, celui-là qui avait implanté Mammouth à Maurice il y a 35 ans, devront être connus en début de semaine.
Pour la clinique Apollo-Bramwell, le fleuron visuel du groupe BAI, malgré ses pertes de Rs 1 milliard en deux ans et des dettes de plus de Rs 500 millions, un groupe d’intérêts économiques venant du Moyen-Orient dispose d’un avantage sur les autres repreneurs potentiels. Mais rien n’est encore joué à ce stade.
L’élément déterminant dans le choix des repreneurs reste le redéploiement du personnel existant, que ce soit au sein de Courts, d’Iframac et d’Apollo-Bramwell. « La condition sine qua non est que la majeure partie du personnel doit être maintenue en poste sauf les membres du Top Management ayant fait preuve de connivence et de complicité dans la dilapidation du groupe BAI. Nous ne comptons pas transiger sur ce point et la FSC a été Briefed à ce sujet », fait-on comprendre avec force du côté du ministère des Services financiers de la Bonne gouvernance.
Au cours de la semaine écoulée, les Special Administrators et la direction de la National Property Fund Limited ont procédé au remboursement de la seconde tranche du Super Cash Back Gold, soit un montant de Rs 3,5 milliards à 7 132 détenteurs de police d’assurance d’un montant supérieur à Rs 500 000…

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