BALLET – LE LAC DES CYGNES : Signes de frigide beauté

 
Le Lac des cygnesest le plus grand ballet classique jamais créé, adapté des centaines de fois depuis 1895. Chaque compagnie en livre sa propre lecture, une interprétation agencée selon la sensibilité du chorégraphe. L’adaptation du Tianjin Ballet reste esthétique de par la qualité des gracieuses danseuses sinon l’énergie des danseurs qui auront apporté des moments de fulgurances techniques. En cela réside l’essentiel du spectacle.
On ne dira pas que la représentation de vendredi soir est un moment émotionnel de premier plan. Le talent des danseuses et celui des danseurs sur la scène du J & J Auditorium est certes à souligner, mais on ne saurait en dire autant d’une mise en scène assez terne, à la lisière de l’austère. On reprochera à cette version, une certaine froideur dont la mise à mort du prince Siegfried, passée presque inaperçue car trop en retenue.
Il est évident que la technicité a pris la main sur les émotions. Et une sensation de longueur s’installe subrepticement malgré les mouvements synchrones du corps de ballet. Une sorte de modération disciplinée règne sur scène, hormis de rares instants de tendresse où Siegfried danse un impossible amour avec Odette (cygne blanc) sinon Odile (cygne noir — fille du sorcier Von Rothbart). La prestation du Tianjin ballet n’en est pas moins une jolie adaptation. Quoique suggérant une tentante comparaison avec le Russian Classical ballet vu sur la même scène en 2013.
Les décors riches sont rehaussés par une projection pour bien situer une forêt enchantée, un lac, un château. Les costumes sont flamboyants notamment ceux des prétendantes aux actes I et III. On notera les tutus roses assez kitsch et les collants moulant le galbe des muscles comme une deuxième peau. Nous retiendrons la performance acrobatique du bouffon effectuant de grands sauts et des écarts aériens. Impressionnant.
On n’aura pas à redire du niveau des performances techniques. Ce n’est pas le cas pour la scénographie. Les scènes sont certes toujours bien équilibrées sauf que l’éclairage jamais ne fluctue et par conséquent ne donne aucune indication sur l’intensité des scènes ; joyeuses ou tristes, elles semblent fades. Aucune variation significative ne marque la tension dramatique. Pas d’effusion sur ce plateau. Or, la poésie du Lac des cygnes s’adresse aux émotions ! Le spectateur en quête de sensualité restera sur sa faim. Une fin sans apothéose. Sans jouissance.

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