BEAU LIVRE : Pensées au trait et à l’aquarelle

Se promener à Maurice en rêvassant dans son fauteuil… Ce luxe rare et tout à fait opportun en fin d’année, quand il fait trop chaud et qu’on a trop mangé, nous est proposé par le dessinateur Florent Beusse et l’écrivain Amal Sewtohul dans Regards from Mauritius. L’un croque ou peint des lieux et personnages de la rue, tandis que l’autre fait revivre des sensations et souvenirs associés à certains d’entre eux. Des images qui respirent et des textes, bilingues, qui divertissent. Encore une idée de cadeau de fin d’année.
Florent Beusse se définit comme un dessinateur, pas un artiste, et, ce sens du trait, il l’a développé certes professionnellement en tant que directeur artistique dans l’édition et les arts graphiques, mais aussi et depuis plus longtemps à travers son admiration pour des bédéistes tels Hugo Pratt, le père de Corto Maltèse. Si son métier l’a amené à concevoir, croquer, dessiner et illustrer des centaines de projets – souvent des publications –, il ne s’est véritablement remis au dessin personnel que ces dernières années, pour un carnet de voyage réalisé en Indonésie et à Bali, puis lors d’une exploration de Madagascar en Citroën 2 CV avec un ami ayant cette drôle de manie de participer à des raids en deuche… Cette expérience a été restituée en textes et en images il y a un an aux Éditions Tôles ondulées.
Le même principe dans Regards from Mauritius consiste à alterner les textes en français et en anglais d’Amal Sewtohul, avec tantôt des dessins en noir et blanc, tantôt des aquarelles. Les textes n’ont pas ici pour vocation de raconter les aventures de deux routards dans une île tropicale, mais plutôt de partager les sensations et réminiscences que certains des lieux montrés ou des situations particulières peuvent évoquer chez un fils du sol, qui se débrouille pas mal en écriture…
Notre Prix des Cinq Continents 2013 décrit par exemple avec une délectation communicative cette sensation éphémère et vive de la glace râpée multicolore qui s’évanouit très vite en bouche, les jeux d’un dimanche à Flic-en-Flac, le rendez-vous des coeurs brisés de Marie Reine de la Paix, le bonheur d’un thé pris en catimini à Lotel Pakistan et l’art tout mauricien de vivre le crépuscule gentiment réfugié sous la varangue dans une ambiance d’alerte cyclonique. Parfois, ces textes équivalent en quelques lignes à d’évasives évocations, parfois, un peu plus développés, ils brossent déjà une scène de roman.

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