Bilan 2018 (Réseaux sociaux) : Gérer les excès

Depuis l’avènement des réseaux sociaux, les internautes ont eu une plate-forme pour s’exprimer ouvertement. Avec les nouveaux amendements à l’ICT Act votés fin octobre, il faut prendre le temps de réfléchir avant de poster certaines choses susceptibles de donner matière à poursuite. Christina Chan Meetoo, Senior Lecturer en média et communication à l’Université de Maurice, apporte un début de réponse sur la façon de se comporter sur les réseaux sociaux.

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“On doit pouvoir critiquer tous les politiciens et tous les centres du pouvoir, du moment qu’on le fait dans un langage correct”, confie Christina Chan Meetoo, Senior Lecturer en média et communication à l’Université de Maurice. On peut donc utiliser les réseaux sociaux sans se mettre du mauvais côté de la loi. Les réseaux sociaux ont permis aux citoyens de participer aux débats sur plusieurs sujets. “Avant, la parole était réservée aux élites; aujourd’hui, c’est démocratisé.”

Impulsivité.

Mais beaucoup d’internautes sont impulsifs dans leurs commentaires, ce qui peut parfois provoquer des dérapages. “Parfois, on ne se rend pas compte que ce qu’on publie sur les réseaux sociaux est blessant pour les amis. Il y a des membres de la même famille qui s’insultent. Cela peut prendre rapidement l’escalade. Les gens réagissent au quart de tour. C’est un peu le symptôme d’une société qui n’a pas l’habitude de s’exprimer librement. Il y a une variété de choses qui se disent, il y a tous les extrêmes. Il y a des gens qui s’insultent. Il y a des gens qui ne mesurent pas leurs propos.”

Si certains se laissent aller à certaines dérives en ligne, c’est souvent en raison d’une illusion d’anonymat qu’ils ressentent derrière leur écran. “Quand vous êtes en face d’une personne, vous avez tendance à mesurer vos propos, à tourner votre langue sept fois dans votre bouche avant de lui dire ce que vous ressentez. Sur les réseaux sociaux, on a l’impression que ce n’est pas pour de vrai. Mais il faut savoir que c’est comme dans la vie réelle : on doit pouvoir mesurer ses propos.”

Pas de changement notable.

Le comportement des internautes n’a pas réellement changé depuis l’annonce des amendements à la loi, observe la spécialiste des médias. “Je n’ai pas noté de changement notable. Il n’y a pas une sorte de retenue, je ne vois pas de changement majeur. Ils n’ont pas changé leur façon d’écrire. Ceux qui respectent les lois de notre pays vont continuer à donner leur opinion en ligne. Cela inclut ceux qui n’ont pas une bonne opinion du gouvernement en place.”

Concernant les amendements, Christina Chan Meetoo regrette qu’ils aient été annoncés de cette manière. “Je trouve que c’est un peu maladroit. On a tous été pris au dépourvu. Il y a un flou par rapport à cela, les formulations sont assez vagues. Tout va dépendre vraiment de comment cela va être appliqué dans la cour de justice, si tout ce qu’on va poster va être matière à poursuite.” Elle déplore également que le rapport commandité fin octobre auprès de la Law Reform Commission par l’Attorney General ne soit pas pris en compte. “C’est un rapport sur le social media par rapport aux fake news entre autres, qui inclut une étude comparative dans plusieurs pays. Il y avait des recommandations très intéressantes et très détaillées. Je trouve étonnant qu’alors qu’on a ce rapport sous la main, on ait proposé ces amendements-là.”

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