BLUES DAN JAZZ 2013 : Des Hauts et des Basses

Il érige des ponts entre le jazz et d’autres univers artistiques. Le contrebassiste de renommée mondiale Henri Texier a dissipé d’emblée le mauvais temps, samedi dernier au Conservatoire François Mitterrand, lors de l’édition 2013 de Blues Dan Jazz (résidence débouchant sur un concert) à l’initiative de l’Institut français de Maurice. Henri Texier et son Hope Quartet (Sébastien Texier – sax alto, François Corneloup – sax baryton et Louis Moutin – batterie) ont très vite démontré, avec les Mauriciens Philippe Thomas (trompette) et Olivier David (piano), une incroyable virtuosité et une parfaite maîtrise de leurs instruments.
L’IFM a réuni les meilleurs spécialistes des cuivres et de la contrebasse pour une soirée dont le thème du voyage a servi de fil conducteur dans le projet des musiciens. Le leader a osé un passionnant écart entre le jazz et un champ d’expression élargi grâce à différents timbres. Henri Texier fait chanter sa contrebasse, trouve de nouvelles idées pour aborder le jeu aux doigts ou à l’archet.
Des années d’expérience le guident dans sa manière de toucher et de développer un langage unique. Mais le succès de concert repose surtout sur la capacité de chaque camp à lâcher du lest. Si la virtuosité des instruments est spectaculaire, il y a aussi la simplicité des thèmes (le voyage, l’eau) au coeur du processus créatif. La notion d’esthétique a éclaté pour montrer qu’en l’espace de plus d’une heure, on pouvait passer du free jazz à la valse.
Du côté des cuivres, les saxophonistes Sébastien Texier, François Corneloup et le trompettiste Philippe Thomas ont démontré un rapport très physique à l’instrument et une propension à orienter des développements qui laissent beaucoup plus de liberté aux musiciens dans l’instant du jeu. Précision rythmique, mobilité, imaginaire : le public a eu droit à une tapisserie de sons – chaque son en relation avec l’autre. Le batteur Louis Moutin mélange la batterie, la percussion ensemble — une vraie source de plaisir. Il y a dans le jeu du pianiste Olivier David une étonnante dimension. En tant que relais, il arrive toujours à recentrer le propos. On entend sa culture jazzistique dans l’improvisation, le climat populaire. Quant à Philippe Thomas, plus on le sollicite, mieux il joue et s’engage dans son jeu minimaliste mais qui sonne avec beaucoup d’originalité.
Sur le plan de l’orchestration et de la dialectique écriture-improvisation, on a eu droit à de longue suites, des compositions (Blues d’eau, Nigerian soil waters, Black march revolt) et des improvisations. Les jazzeux ont su garder l’harmonie ouverte pour se déplacer autour des phrases et alterner le jeu.

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