Bonne fête, mamans

Et voilà revenu le temps de la fête des Mères, où l’étiquette de la bonne ménagère, de la remarquable cuisinière et de l’exemplaire femme de maison refait surface avec des idées cadeaux stéréotypes. Rien de mal à cela, puisqu’une mère veille d’office à l’organisation dans la maison familiale. Mais de grâce, n’encombrons pas les placards… et encore moins la tête des mères en lui rappelant, en ce jour, toutes ces tâches ménagères habituelles et quotidiennes.

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Une mère est tellement plus que cela. Tant bien même que la maison n’est pas si bien rangée, le repas pas si fabuleux et le bouquet de fleurs pas assorti aux coussins jetés à la va-vite sur le sofa, c’est toujours avec délicatesse et soucis qu’elle prend d’abord soin au bien-être de sa famille, à l’ambiance paisible au sein de son foyer, à la sécurité des siens et à la bonne santé de tout un chacun. Tout cela englobé avec tellement de tendresse et d’amour.

Eh oui ! Cela vaut bien plus qu’une marmite au contenu succulent, qu’un panier de vêtements à repasser vide, qu’une serpillière bien utilisée et que des meubles sans un grain de poussière.

Ce qu’elle attend le plus ce jour-là, c’est de voir les chaussettes et vêtements sales dans le panier à linge ; les tasses, les verres et les soucoupes si ce n’est lavés et rangés dans le placard, qu’ils soient tout au moins dans l’évier ! Miettes de pain et restes de croissant, à la poubelle ! Fromage et brique de lait remis dans le réfrigérateur ! Lits faits, chambres rangées ! Journal acheté et posé à côté d’une tisane menthe-tilleul fumante et d’un bon gâteau Puits d’amour (le dimanche c’est permis !).

Et plus encore : le déjeuner et le dîner sont déjà organisés sans qu’elle ne le sache (surprise !). Les repas sont donc prévus et parsemés de bienveillance, d’une bonne poignée d’attention, saupoudrés de délicatesse et de reconnaissance. Lorsqu’elle pose des questions, les réponses sont instantanées (donc, enlevez vos earphones de vos oreilles !). Règnent ce dimanche une grosse quantité de bonne humeur et de bonne foi, quelques gouttes de sourires bien mélangées au fouet avec des fous rires. De la musique peut-être, une oreille attentive sûrement, des regards tout feu tout flamme des membres de sa famille sans aucun doute au lieu qu’ils soient hypnotisés par les écrans ! On continue ?

Rangez les boîtes à cadeaux style robots cuiseurs, batteurs, machines à laver et autres présents clichés et non personnels : ils seront toujours bons et neufs demain matin et vous pourrez alors les sortir. Aujourd’hui, c’est pouponnage, temps en famille, des fleurs pour ceux et celles qui le veulent, pique-nique, déjeuner familial ou farniente. Le choix est assez large selon les envies et l’énergie qui lui reste. Parce que, qu’elle travaille ou pas, la même intensité est mise dans l’organisation de la maisonnée, dans les activités des enfants et dans tout plein d’autres choses sur sa liste parfois interminable.

Ses talents et sa disponibilité ne s’arrêtent pas là ! N’est-ce pas souvent à elle que sont confiés tracas et embarras, tristesses et échecs, joies et réussites, hésitations et doutes de toutes sortes ? C’est auprès d’elle que nous trouvons une écoute active et pleine de compassion. Au creux de son accueil maternel et de sa générosité se trouvent aussi de sages conseils.

Je vois là bien des pères piqués par ces mots, se dressant l’air de dire : “Et moi ! Moi aussi je suis comme ça !“ Tout à fait ! Faire l’éloge d’une mère ne met absolument pas le père en opposition. C’est seulement reconnaître le mérite de celle-ci, en ce jour spécial. Pour la plupart des compliments, ce qui vaut pour l’une devrait tout aussi bien valoir pour l’autre. Lui qui est souvent plus en retrait et discret, son importance n’est absolument pas moindre.

Mais revenons à elle. Celle qui nourrit de son corps, celle par qui la vie naît. Elle aime de manière inconditionnelle jusqu’à pouvoir se priver pour le bien de ses enfants. Cette mère qui est capable d’unité et de distance pour laisser à son enfant le soin de se différencier d’elle pour devenir un être unique, à part entière, tout en restant dans cette bulle sécurisante d’amour.

Peu importe la saison, elle brave la vie et les épreuves, et y va le cœur sur la main. Entre ses mains, la vie est douceur et des poésies s’inventent au contact de ses lèvres. Elle raconte que les murs chantent, elle murmure que les larmes sont bonnes et finiront par s’effacer. Elle entend les hurlements, ces cris intérieurs et silencieux. Elle observe, analyse, écoute et réconforte.

C’est aussi sur ses genoux que l’enfant malade vient poser la tête pour retrouver un peu de force.

Elle prie et se plie en quatre. Elle rassemble et assemble les bouts brisés et les pièces manquantes. Elle aime, avec passion, avec détermination, et cela lui donne de l’audace et des ailes. Elle affronte et confronte. Elle s’épuise aussi, pleure quelquefois, et c’est pour cela qu’en ce jour spécial (loin d’être déloyal aux pères qui méritent tout autant), c’est le temps des fleurs, des sourires, des rires et des attentions plus particulières qu’hier et, qui sait — ce serait le bonheur total ! —, bien moins nombreuses que demain.

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