BONNE GOUVERNANCE —CHRIS PIERCE: « Au board de donner le bon exemple »

L’exemple de bonnes pratiques de gestion et de gouvernance doivent venir des membres du conseil d’administration d’une entreprise, a soutenu le consultant Chris Pierce, Chief Executive Officer de Global Governance Services Ltd lors d’un exposé à l’atelier organisé conjointement, à l’hôtel Henessy Park par le Mauritius Institute of Directors et ACCA Mauritius et consacré à la bonne gouvernance dans le secteur des services financiers. Chris Pierce a fait part de ses inquiétudes quant aux conséquences financières des récents scandales bancaires, faisant particulièrement allusion à ceux touchant les deux grosses pointures britanniques, la Barclays et la HSBC.
« Si le conseil d’administration est mal géré, c’est toute l’organisation qui en souffrira », a déclaré Chris Pierce, principal animateur de l’atelier MIoD/ACCA Mauritius. Selon ce dernier, pour pouvoir évaluer l’efficacité de la bonne gouvernance d’une entreprise, il faut d’abord que le rôle du conseil d’administration, les devoirs et responsabilités des directeurs, l’établissement des procédures de bonnes pratiques soient bien établis et compris par tous les membres. La rémunération des directeurs, selon lui, doit être en ligne avec les bonnes pratiques. La bonne gouvernance de l’entreprise implique également une bonne communication et diffusion des informations financières et non-financières, la protection des droits des actionnaires surtout ceux des actionnaires minoritaires, des politiques bien définies concernant les « party transactions », la mise en place de systèmes de gestion des plus efficaces tels des comités d’audit indépendants, des procédures de contrôle interne, des systèmes d’audit externe rigoureux, des comités de gestion des risques. Toutes les procédures et pratiques doivent être formalisées et communiquées à l’ensemble du personnel avec un code d’éthique mis en exécution. Le conseil d’administration se doit de veiller à ce que les pratiques de bonne gouvernance fassent l’objet d’évaluations constantes au niveau d’un « corporate governance committee ».
« La bonne gouvernance se résume à une gestion efficace de l’entreprise », a déclaré Chris Pierce au Mauricien. Pour ce dernier, la bonne gouvernance contribue à l’amélioration de l’accès de l’entreprise à des financements externes, aide à la réduction du coût du capital, améliore les résultats opérationnels, augmente la valeur de la société et le cours de son action tout en réduisant les risques de crise ou de scandale.
Professeur associé à la City University de Londres, Chris Pierce a travaillé comme conseiller auprès des conseils d’administration de diverses banques, fonds souverains et autres institutions financières internationales. Il estime que les dommages découlant des récents scandales qui ont ébranlé de grosses banques internationales risquent d’être très conséquents. Se référant au problème concernant la Barclays, il a indiqué que selon une étude de Morgan Stanley, les dommages pourraient s’élever à 22 milliards de dollars. La Barclays, a-t-il rappelé, a perdu son président, son Chief Executive Officer et son Chief Operations Officer dans le sillage de l’éclatement du scandale autour du taux d’intérêt interbancaire (LIBOR). Il y aura, selon lui, d’autres faits qui vont venir à la surface avec les scandales portant sur le TIBOR et le Eurobord, les taux interbancaires de Tokyo et de l’Europe. Chris Pierce a également relevé le cas de ce « trader » de J.P. Morgan qui a perdu un montant de 5,8 milliards de dollars en un trimestre ainsi que les accusations de blanchiment d’argent au Mexique qui pèsent sur la HSBC. « Tous ces cas ne peuvent que ternir l’image des institutions concernées. Cette réputation de banksters attribuée à des banquiers est un véritable problème », a-t-il ajouté.
Faisant état du cadre légal et réglementaire régissant le secteur des services financiers mauriciens, Chris Pierce a laissé entendre que le pays a établi petit à petit une réputation pour avoir adopté des normes appropriées comme le témoigne le rapport 2012 (Report on Observance of Standards and Codes) de l’International Finance Corporation (instance de la Banque Mondiale). L’intervenant a aussi fait mention de la bonne place occupée par Maurice dans le rapport 2012 Doing Business de la Banque Mondiale. Toutefois, il estime qu’il n’y a pas de place pour la complaisance. Il y a encore du travail à faire au niveau de la bonne gouvernance car l’important c’est de bâtir la confiance dans l’entreprise.

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