BOSKALIS—ENQUÊTE MENÉE EN SUISSE: La permission des autorités helvétiques pas sollicitée

La motion de la défense réclamant l’arrêt du procès pour abus de procédures dans l’affaire Boskalis a été présentée en Cour intermédiaire devant la magistrate Wendy Rangan hier. Lors de son contre-interrogatoire par Me Saïd Toorbuth, l’avocat de Siddick Chady, l’inspecteur Chundun Rughoonundun, le main enquiring officer, a concédé que la police n’avait pas sollicité la permission des autorités suisses pour mener une quelconque enquête dans ce pays. Des documents apportés de Suisse ne portant aucun sceau officiel ont aussi soulevé des questions.
Siddick Chady est défendu par Mes Saïd et Arshad Toorbuth alors que Prakash Maunthrooa est lui représenté par Me Roshi Badhain. L’inspecteur Rughoonundun s’est rendu en Suisse le 22 avril 2012 pour consigner les dépositions de Jan Cornelius Haak, le représentant de Boskalis International bv et Baggermaatschappij, deux sociétés qui font partie du groupe Boskalis. Contre-interrogé sur ce voyage, il a concédé en Cour hier que la police n’avait pas sollicité la permission des autorités suisses pour mener une quelconque enquête dans ce pays. L’inspecteur Rughoonundun a déclaré que c’est sur ordre de son supérieur qu’il s’était rendu en Suisse pour enquêter. Questionné par Me Toorbuth sur motivation d’une enquête en Suisse et non pas en Hollande (NDLR : Boskalis est une compagnie néerlandaise), il n’a pas été en mesure de répondre, soulignant seulement que l’ordre venait de son supérieur. L’avocat de la défense l’a également interrogé sur des documents apportés de Suisse qui ne portent aucun sceau officiel et qui semblaient être des photocopies.
Interrogé par Me Toorbuth, l’inspecteur Rughoonundun n’a pas été en mesure de confirmer le nom de l’hôtel suisse où se sont déroulées les rencontres. Questionné sur les raisons qui ont poussé les autorités mauriciennes à accorder l’immunité à Jan Cornelius Haak au tout début de l’enquête alors que cela aurait dû se faire une fois l’enquête bouclée, le témoin a répondu que c’est son supérieur qui l’avait chargé de remettre la correspondance entre le directeur des Poursuites Publiques et les hommes de loi, Mes Ivan Collendavelloo et Sanjeev Ghurburrun, faisant état de l’immunité de Haak. Il ajoute qu’il n’était pas au courant du contenu de cette lettre. L’inspecteur a aussi indiqué à la Cour qu’il s’est rendu seul en Suisse pour consigner les dépositions du témoin étranger. Son contre-interrogatoire du témoin reprendra jeudi.
Rappelons que Siddick Chady, ancien Chairman de la Mauritius Ports Authority et Prakash Maunthrooa, ancien directeur général de cet organisme, sont accusés de corruption et d’entente délictueuse autour de l’allocation à Boskalis en 2006 d’un contrat de dragage dans le port. La firme néerlandaise avait obtenu le contrat pour un montant de Rs 439 M. Me Saïd Toorbuth a évoqué des irrégularités dans l’enquête policière alors que Me Roshi Badhain, lui, estime que la poursuite veut à tout prix obtenir la condamnation de son client.

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