BOXE – NÉCROLOGIE: Guy Bazerque, le passionné respecté

Le sport mauricien a perdu l’un de ses fidèles soldats durant la semaine écoulée. Celui que tout le monde appelait affectueusement « Ton Guy » nous a quittés dans l’après-midi de lundi à l’âge de 80 ans. L’ancien secrétaire-administratif de l’Association mauricienne de Boxe (AMB) et juge-arbitre qu’était Guy Bazerque laisse derrière lui des souvenirs impérissables, dont celui d’un grand travailleur de l’ombre, mais aussi l’image d’un homme respecté de tous et d’un dirigeant sportif qu’on aurait tant aimé retrouver dans le sport d’aujourd’hui. L’image même d’un volontaire compétent et indispensable qui aura tout donné pour la progression du noble art.
Entre Guy Bazerque et la boxe mauricienne, c’est une longue histoire d’amour qu’on ne retrouve désormais plus dans le sport. Une histoire vieille de plus de 40 années, faisant ainsi de lui le doyen de cette discipline. Il a d’ailleurs été de ceux qui ont fondé l’AMB avant les 2es Jeux des îles de l’océan Indien organisés en 1985 à Maurice, soit après la dissolution de la Mauritius Sports Association (MSA). C’était à l’époque de Michael Glover, alors en poste comme ministre de la Jeunesse et des Sports. Ce même Michael Glover avait pris la décision de regrouper les compétences sportives de l’époque, employés au sein des services gouvernementaux, en les « seconded for duty »au sein des fédérations sportives.
Passionné de football
Parmi les premiers de cette promotion, on retrouve Vivian Gungaram, l’ancien de la Special Mobile Force et actuel président de l’Association mauricienne d’Athlétisme, et surtout Guy Bazerque, alors attaché comme pompier à la Governement Services de Curepipe. Commence alors un long parcours pour ce passionné de sport. Pour ceux qui ne le savent peut-être pas, Guy Bazerque a été un ancien arbitre de football dans les années 70′. Il a même arbitré des matches au niveau de sa ville, Beau-Bassin/Rose-Hill, avec un certain Alain Lim Kee Cheong, entre autres. Oui, il est bien un grand passionné du sport roi, qui n’hésite pas à se déplacer jusqu’au vieux stade George V, à Curepipe, pour assister aux grandes rencontres de l’époque qui drainent la grosse foule.
Passionné, il l’a aussi été jusqu’au bout lorsqu’il s’agit de la boxe. Une discipline qu’il a chérie depuis ses 37 ans lorsqu’il rejoint le Plaisance Boxing Gym pour donner un coup de main en tant qu’encadreur. L’idée est alors de faire découvrir aux jeunes de sa région le noble art, tout en leur permettant de pratiquer une activité saine. Dans un entretien accordé à Week-End en janvier 2015, il avait déclaré : « J’ai commencé au plus bas de l’échelle et j’aidais à tous les niveaux. Par la suite, feux Ram Ruhee et Kiki (Serge) Henry, aussi bien que Moorli Gujadhur m’ont demandé de rejoindre la MSA pour donner un coup de main. C’était à l’époque du boxing in studio, des combats dans les locaux de la MBC », s’était-il remémoré avec beaucoup d’émotion.
La belle surprise nommée Bruno Julie
Guy Bazerque a également eu le mérite d’avoir découvert un tout jeune talent au début des années 90′, que le monde découvrira ensuite des années plus tard aux Jeux olympiques de 2008 au Pékin, en Chine. Bruno Julie, seul médaillé olympique (bronze) mauricien à ce jour, a bien été l’élève de Guy Bazerque au Foyer de l’Amitié à Plaisance, Rose-Hill. « S’il y a bien un moment fort de ma carrière, c’est lorsque je suis retourné à Maurice avec ma médaille olympique autour du cou », se rappelle Bruno Julie. « « Misye Guy » m’a serré dans ses bras. A l’oreille, il m’a dit : « To’nn resi al Jeux olympiques et to’nn resi gagn meday. Mo fier de twa. Mersi « . Les larmes aux yeux, je l’ai répondu : « Se pa ou ki bizin dir mwa mersi, me mwa ki bizin remersye ou pou saki ou’nn fer pou mwa. Se gras a ou ki mo’nn ariv la zordi. »
L’ancien secrétaire-administratif a aussi été un employé exemplaire de l’AMB. Un homme consciencieux et particulièrement méticuleux lorsqu’il s’agit de faire avancer les choses au sein de la boxe. Il a d’ailleurs été à la base de la réussite des Championnats d’Afrique organisés à Maurice, de la Coupe d’Afrique des nations, des championnats nationaux et surtout des Jeux des îles de l’océan Indien de 1985 et de 2003. Son travail a été irréprochable, voire remarquable, et ce, même s’il se montre, par moments, « difficile ». On se souvient d’ailleurs de son coup de gueule lors d’un tournoi international, alors que le centre national de boxe se trouve toujours dans un vieux bâtiment de la SMF, à Vacoas.
Un homme de caractère
Guy Bazerque, alors sous pression, n’avait pas apprécié qu’il soit entouré d’autant des journalistes et avait fini par craquer et nous mettre tous à la porte. Par la suite, il avait trouvé les bons mots pour se réconcilier avec ses amis de la presse. C’était aussi cela Guy Bazerque, un homme de caractère, mais certainement pas rancunier. Même jusqu’à récemment lorsqu’on le taquinait, il nous répondait toujours du tact au tact. Guy Bazerque avait su rester jeune dans l’âme malgré son âge avancé. C’est aussi pour cette raison qu’il était aimé des boxeurs, qui trouvaient tout le temps en lui une oreille attentive. 
Malheureusement, la belle histoire entre Guy Bazerque et l’AMB a pris fin brusquement fin de décembre 2015, quelques mois après l’élection du nouveau comité directeur. Se sentant pousser vers la sortie, il avait décidé de prendre définitivement ses distances de la boxe sans avoir lancé une pique à qui de droit : « C’est l’hypocrisie de certains membres de l’AMB qui m’a poussé vers la sortie ». Et d’ajouter : « La façon de faire de ces membres est déplorable. Il y a eu des remarques blessantes à mon égard. J’ai senti qu’il était mieux que je parte et je suis sorti par la grande porte. J’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs comités directeurs et l’actuel est le seul avec lequel je ne me suis jamais senti à l’aise. »
Homme de principe qu’il était, il a donc su rester digne jusqu’au bout. Son plus beau souvenir : « Je dirai sans hésitation l’organisation des championnats d’Afrique de 2001. Nous avions remporté quatre médailles d’or et une d’argent. Au-delà de cette réussite, nous étions tous très satisfaits d’avoir bien organisé ces championnats. Réussir de cette façon reste une grande fierté pour moi. »
C’était cela Guy Bazerque, homme consciencieux pour qui le travail bien fait avait une grande importance, et ce, au-delà de toute autre considération.
À tous ceux que ce deuil afflige, Week-End présente ses plus vives sympathies.

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