BRAMER BANK ASSETS : La guerre des affidavits

Le transfert des assets de la Bramer Banking Corporation Ltd (In Receivership) avec en jeu des fonds de plus de Rs 1,2 milliard, dont Rs 400 millions en liquide, pour le remboursement des victimes du Super Cash Back Gold du groupe BAI est au centre d’une guerre des affidavits. Et pas des moindres. Dans le sillage de l’injonction intérimaire obtenue par Laina Rawat-Burns auprès du juge Gérard Angoh, siégeant en référé le vendredi 4 mars, le Special Administrator de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Companies, Yacoob Ramtoola, est venu de l’avant avec une double initiative. D’abord, un contre-affidavit pour répondre aux affirmations de la fille cadette du Chairman Emeritus de BAI, Dawood Ajum Rawat. Puis une pétition réclamant le winding-up par la Cour suprême de Bramer Banking Corporation Ltd (In Receivership). Au milieu de ces démarches devant les instances judiciaires compétentes, la Banque de Maurice, qui avait échoué précédemment avec la demande d’injonction émanant du Receiver Gerald Lincoln, d’Ernst & Young, est venue de l’avant pour faire état de « conflicting views » au sujet de l’application des dispositions de la clause 110 de l’Insurance (Amendment) Act pour bloquer le transfert des avoirs à National Property Fund Ltd.
Le contre-affidavit de Yacoob Ratoola pour réclamer la levée de l’injonction intérimaire obtenue par Laina Rawat-Burns comporte deux parties distinctes, la première répondant aux affirmations de celle-ci et la seconde axée sur le litige relatif à l’interprétation de la section 110 de l’Insurance (Amendment) Act par rapport à la clause 75 de la Banking Act. D’entrée de jeu, il fait état de manquements à l’effet que « Laina Rawat-Burrns has failed to obtain prior leave of the Court or my consent as Special Administrator. Consequently, the present application has been lodged in breach of section 244 of the Insolvency Act 2009, so that the present action has been wrongly lodged. » Il fait également comprendre qu’à aucun moment la Financial Services Commission, une pièce essentielle du puzzle, n’a été mise en cause dans cette affaire.
Un autre point de discorde porte sur le recours à la teneur de l’affidavit du Receiver Gerald Lincoln. « No indication is given by Laina Rawat-Burns as to whether Gerald Lincoln and/or EY have consented to his affidavit being used in support of her application, as if Gerald Lincoln was a witness of Laina Rawat-Burns. » Le Special Adminisrator de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities attire l’attention sur le fait que de concert avec Gerald Lincoln, il a logé des réclamations contre le père de Laina Rawat et d’autres directeurs de Bramer Bank Corporation Ltd (In Receivership) dans l’affaire de la Mauritius Union Assurance tout en regrettant que la principale concernée n’en fait nullement état dans son affidavit.
D’autre part, Yacoob Ramtoola soutient qu’il n’est nullement question de ne pas respecter le Variation Order émis par la Cour suprême pour le versement mensuel de Rs 100 000 à Laina Rawat-Burns en vue de subvenir à ses besoins essentiels. « Laina Rawat-Burns blocks the entire Special Administration. In so doing, she ensures that her Rs 100 000 cannot be paid and she self-inflicts the harm and prejudice as the application achieves the converse results in relation to her personal interests », ajoute-t-il.
Le Special Administrator tente de faire une différence entre « bank accounts » et « funds » de Bramer Banking Corporation Ltd (In Receivership). Ne détenant pas de Banking Licence, cette dernière entité ne peut techniquement opérer des comptes bancaires. En dernier lieu à ce chapitre, le contre-affidavit rappelle que « Laina Rawat-Burns has failed to disclose to the Honourable Judge in Chambers that the Special Administrator has made a claim against her personally as well as against her father and other directors of certain companies of the BAI group directors liability » en vue de rembourser le trou de Rs 24 milliards suite à l’écroulement de l’empire BAI.
Dans le second volet du contre-affidavit, Yacood Ramtoola revient sur sa position à l’effet que la section 110 de l’Insurance (Amendment) Act a préséance sur la clause 75 de la Banking Act. « The construction of section 110 A and 110 B of the Insurance Act is clear as nowhere is it stated that a bank is excluded from the ambit of these two sections. The legislation gives power to the Financial Services Commission to appoint a special administrator in relation to an insurance company and any of its related entities », fait-il comprendre.
Le groupe BAI, détenant 84 ? 853% du capital de Bramer Banking Corporation Ltd, le Special Administrator fait ressortir que « it is common knowledge that the insolvency of Bramer Banking Corporation Ltd would entail the insolvency of the BAI Co (Mtius) Ltd and of the entire BAI Group. » Citant la Redacted Version du rapport de nTan Corporate Advisory, il ajoute que « it was a public known fact that Bramer Banking Corporation Ltd was central in the fraud since the bank was the main vehicle utilized for the purposes of the fraud. Policyholders money invested in Super Cash Back Gold Policies were all paid into an account in Bramer Banking Corporation Ltd. Without a bank in the middle of the BAI Group structure the fraud could not have been orchestrated. It was also a known fact that Bramer Banking Corporation Ltd could not be treated separately and independently from BAI Co (Mtius) Ltd and its Related Entities. »
Abordant les relations avec le Receiver Gerald Lincoln, Yacoob Ramtoola nie avoir proféré des menaces à l’encontre de celui-ci dans la mesure que « the tone and consent of all my correspondence with Gerald Lincoln have always been respectful and professional and our relationship has always been and still is very cordial. » Réclamant la levée de l’injonction intérimaire, il met en avant le fait que « the interim order is causing immense prejudice and the entire winding up process of BAI Co (Mtius) and its related entities which has been halted to the prejudice of policyholders of the Super Cash Back Gold Scheme, and investors of the Braler Assets Management Ltd as well as all stakeholders. »
Le Special Administrator ne rate pas de remettre en perspective l’importance du Hire Purchase Book de Courts, évalué entre Rs 1 milliard et Rs 1,5 milliard. « Nous attirons l’attention du juge que le principal avoir de Bramer Banking Corporation Ltd est le Hire Purchase Book. The HP debtors was used to structure the fraud to misappropriate assets of Courts which was transferred to Iframac via Bramer Banking Corporation Ltd. These schemes were used to circumvent the inter-company lending threshold as averred jointly by Gerald Lincoln and myself in the plaint lodged against Mauritius Union Assurance », dit-il. Les reclamations sont de Rs 200 millions.
D’autre part, la Banque de Maurice, qui tirait jusqu’ici les ficellles derrière les rideaux dans cette bataille pour le contrôle des Bramer Bank Assets, est venue de l’avant avec un affidavit par rapport à l’interprétation de la section 110 de l’Insurance Amendment Act et de la clause 75 de la Banking Act pour justifier son refus de se plier à la décision du conseil des ministres du vendredi 12 février. Le second Deputy Governor, Vikram Punchoo, confirme que « in view of the conflicting views that have been expressed on the scope and purport of Sections 110 A and 110 B of the Insurance Act and the heavy reliance placed by government on the Solicitor General’s advice, the Bank has been advised that it should not proceed any appointment under the Banking Act until the conflict is resolved by a Court of competent jurisdiction. »
Avec l’injonction intérimaire toujours en vigueur, le temps que le juge Gérard Angoh épluche les affidavits, les conseils légaux de Laina Rawat-Burns, dont Mes Yousuf Mohamed, Senior Counsel, Shakeel Mohamed et Ayesha Jeewah (avouée), se sont déjà attelés à la tâche pour repondre au contre-affidavit de Yacoob Ramtoola.
En parallèle, la pétition pour la mise en liquidation de Bramer Banking Corporation Ltd (In Receivership) logée par le Special Administrator de BAI Co (Mtius) Ltd and Related Entities sera appelée le 23 courant. « It is urgent and necessary that Bramer Banking Corporation Ltd (In Receivership) be wound up and a liquidator be appointed in view of the fact that under a winding up the property vests into the liquidator which is not the case under an administration or receivership and may properly deal with creditors’ claims, legal actions, and exercise recovery rights », déclare-t-il en suggérant que Georges Chung soit nommé Provisional Liquidator.
La guerre des affidavits ne fera que se poursuivre, alors que les victimes du Super Cash Back Gold s’apprêtent à initier des class actions de réclamations contre des directeurs du groupe BAI…

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