BUDGET : Les directives budgétaires suscitent des remous

En marge de la cassure de l’Alliance de l’Avenir, qui a semblé monopoliser l’attention, les préoccupations d’ordre économique avec la crise dans la zone Euro et aux Etats-Unis et les éventuelles répercussions émergent de plus en plus. Le Premier ministre, parlant de « contexte très difficile », est engagé dans des consultations régulières et suivies avec l’Economic Adviser, le Pr Andrew Scott, sur l’évolution de l’économie sur le front international et les mesures à prendre pour protéger Maurice. L’ancien ministre des Finances Rama Sithanen était également vu au Prime Minister’s Office, vendredi dernier. A cela, il faudra ajouter les remous et sentiments d’appréhensions suscités par les directives budgétaires émises depuis le début de ce mois par le secrétaire financier Ali Michael Mansoor, en prévision du budget 2012.
La teneur des deux premières lettres-circulaires dans le cadre des préparatis budgétaires a donné lieu à une véritable levée de boucliers au sein de la fonction publique et dans les milieux syndicaux concernés. Les directives budgétaires, dont avait fait état en primeur dimanche dernier Week-End, prônent une approche de rigueur extrême au niveau des dépenses, avec des coupures budgétaires et une politique de majoration des tarifs et des User Charges des services publics dans le prochain budget.
De son côté, le ministère de la Fonction publique a décrété une Zero Growth dans la création de postes dans la fonction publique pour 2012, laissant également craindre que les postes déjà vacants pourraient ne pas être remplis suivant la ligne envisagée par le secrétaire financier. Les propositions de cette seconde lettre curculaire sont contestées de manière véhémente par les syndicalistes, dont Rashid Imrith, de la Fédération des Syndicats du Secteur Public, et de Radhakrishna Sadien, de la Government Services Employees Association, qui réclament le retrait pur et simple de la circulaire.
Répondant à une question de la presse, hier, le PM a concédé qu’il a été mis en présence de remous causés par ces circulaires pour le prochain budget. « Ali Mansoor li ène bon technicien. Li pa ène politisien. Li konpétan dan so domaine. Ici, nu dan Maurice. Mo ine tende dir énan remous mem si mo pa ine lir banne circulaires. Nou ki désid politique ékonomik ek bidzeter », a-t-il fait comprendre, sans appporter de plus amples détails sur la question.
Par contre, Navin Ramgoolam a été plus expansif sur ses craintes quant aux répercussions de la crise économique internationale sur Maurice. Il a confirmé être engagé dans une série de consultations, dont un nouveau round après le point de presse d’hier, avec le Pr Scott, qui se trouve à Maurice depuis plusieurs jours déjà. Le nouveau vice-PM et ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, devait également être embrigadé dans ces échanges de haut niveau.
Les discussions portent sur d’éventuelles mesures à prendre pour faire face aux effets de la crise internationale. « A la fin, ki intéresse la popilasyon plis? Li intéressé avek so lavenir, so zenfans et nu pays. Nou pa pe abdiké divan nou responsabilités. Nou pe pran nou bann responsabilités. Li pa fasil. Nou pe focalise lor bann défis ek pran bann mesures nécessaires ek kontinyé être ène model de dévelopma avek la croissance dans la justice sociale », a-t-il dit, en commentant longuement les répercussions de la crise sur la Bourse internationale.
D’autre part, l’une des premières initiatives prises par le vice-PM et ministre des Finances depuis son installation a été de convoquer une séance de travail du Technical Working Group sur l’économie, comprenant des représentants du gouvernement et du secteur privé. La réunion de vendredi avait vu la participation de Xavier-Luc Duval, qui a tenu à rassurer les opérateurs économiques face à la conjoncture internationale qui se dégrade.
Interrogé par Week-End après la réunion de vendredi, Raj Makoond, directeur du Joint Economic Council (JEC), a fait état de « l’urgence visant à unlock des possibilités d’investissement dans le privé ». Le secteur prioritaire identifié est la construction. Le secteur privé a déjà élaboré une liste de projets, dont le démarrage bute sur toute la question de permis.
« L’amélioration de la Business Facilitation devrait débloquer la situation dans la construction avec une reprise des investissements privés. Nous reconnaissons qu’il y a un gros travail à faire. Dans le textile, les carnets de commandes présentent des aspects intéressants et positifs. Dans le tourisme, le problème d’Air Access reste toujours de mise. Nous faisons face à un contexte économique international difficile. Nous avons eu des discussions très positives et les deux parties sont convenues pour des consultations sur une base régulière », a ajouté Raj Makoond.

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