DANS LE CADRE DU BUDGET 2017/18—SALAIRE MINIMAL: Oui, mais du patronat

A partir de mardi, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, donnera le coup d’envoi de la grand-messe préliminaire des consultations budgétaires. Pendant toute la semaine, en collaboration avec son équipe des Finances, il se mettra à l’écoute des stakeholders (les parties prenantes) en vue de tâter le pouls et de faire d’horizon de la situation économique. Sans diminuer le poids de la contribution des autres partenaires, l’attention sera braquée sur la ligne qu’adoptera le patronat réuni sous l’égide de Business Mauritius, d’un côté, et les propositions venant des rangs syndicaux, de l’autre. Evidemment, dans les deux camps, la question de la politique salariale n’est nullement occultée. Dans son Budget Memorandum 2017/18, Business Mauritius se déclare favorable à la démarche favorisant l’introduction du salaire minimal avec le proviso que le concept de Remuneration Order soit révisé. Le patronat lorgne une relance du secteur des exportations, actuellement en panne, avec une Corporate Tax à 5% pour les revenus découlant des opérations d’exportation, notamment dans la manufacturière. Le secteur privé se permet également un coup de griffes aux autorités devant la lenteur pour adopter l’Electronic Procurement System, soit un Utilisation Rate de 2%, tandis que l’ePS a été lancé au coût de Rs 100 millions depuis septembre 2015.
D’entrée de jeu, Business Mauritius se permet de mettre en exergue le fait que « the slow pace and, at times, the delay in the implementation of these measures are impacting adversely our overall economic performance ». Avant de s’engager dans des propositions budgétaires spécifiques, les capitaines de l’industrie abordent deux problèmes majeurs: la progression de l’endettement public, atteignant 64,4% du Produit intérieur brut (PIB), avec les dettes de State-Owned Enterprises (SOEs), représentant 4%, et la problématique du vieillissement de la population.
A ce dernier chapitre, la position de Business Mauritius est clairement définie au sujet de l’âge pour le paiement de pension de la vieillesse, soit « with the ageing of the population the cost of social transfers will further increase and will impact adversely on the public finance, if the current mode of payment of Basic Retirement Pension (BRP) is maintained at the age of 60 for those who retire from the labour market at 65. Accordingly, it has become expedient to review the overall social protection framework in Mauritius ».
Dans le cadre des consultations budgétaires, Business Mauritius compte mettre l’accent sur l’Implementation Factor comme un des instruments pour insuffler un nouvel élan à l’investissement, à la croissance de la productivité et au secteur manufacturier. Au chapitre des grandes orientations, le secteur privé n’entretient aucun a priori au sujet de l’introduction de salaire minimal avec la mise sur pied d’un National Wage Consultative Council. Cette mesure est considérée comme un pas dans la bonne direction. « A minimum wage policy applicable at the national level, notwithstanding the need to protect the high risk of unemployment in some very vulnerable sectors, cannot function in tandem with Remuneration Orders which prescribe minimum wage rates across sectors », s’appesantit Business Mauritius, qui suggère une refonte du concept des Remuneration Orders ne s’engageant plus dans la voie visant à fixer les salaires, mais seulement à déterminer les « terms and conditions specific to sectors ».
Une autre préoccupation d’envergure
Une autre préoccupation d’envergure du privé est axée sur la performance du secteur des exportations. Une des propositions pour relancer les exportations est l’imposition d’une Corporate Tax à 5% aux opérateurs manufacturiers tournés vers l’exportation. Business Mauritius est d’avis que le manque à gagner à court terme sur le plan des recettes sous la Corporate Tax sera compensé par une croissance des exportations à moyen terme. Le patronat préconise aussi un Streamlining des remboursements de la TVA aux entreprises domestiques et aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) impliquées dans la Supply Chain of Exports dans le secteur manufacturier.
En ce qui concerne les secteurs porteurs, le secteur privé valide les priorités identifiées sous la National Export Strategy. L’agro-industrie, les équipements médicaux et le Seafood devront faire l’objet d’études de Joint Working Groups pour éliminer les contraintes à la croissance. Le potentiel du Medium Scale Distributed Generation Scheme, annoncé il y a un an, est également considéré comme étant non négligeable. Des investissements de Rs 2 milliards sont prévus dès l’élimination des obstacles, comme le Grid Connection Fee de Rs 212 par kWp/month, jugé trop élevé et le plafond de 30%.
Toujours en ce qui concerne le secteur de l’électricité, Business Mauritius soumet une demande aux autorités « to finalise a pricing mechanism  so as to unlock major investment in biomass projects, more so as a price proposal has already been circulated ».
L’infrastructure des télécommunications figure parmi les priorités du secteur privé, notamment la « third fibre optic » de même qu’un « second backbone to unbundle the local loop ».
Au chapitre des urgences, Business Mauritius situe l’importance du National Skills Development Programme avec la nécessité de moderniser le cadre légal pour la vocation professionnelle. La mise sur pied d’une National Skills Development Authority, avec pour attributions de « regulate the quality and accreditation of vocational training », que ce soit dans le public ou le privé, de même que l’étranger, est réclamée. Les principales filières définies dans les Skills Development Programmes sont l’ICT, l’Hospitality Business, les services financiers et le Fashion and Design.
Les deux meilleurs élèves  de la promotion
Le Budget Memorandum de Business Mauritius comprend également un volet de récriminations. A commencer par les changements à l’eco-system du Corporate Social Responsibility Programme. Le secteur privé remet en cause la nouvelle politique adoptée par le gouvernement. « The reduction by 50% of the companies CSR Fund and eventually 75% will undermine this new eco-system. Business Mauritius would like to suggest that the mandatory guidelines be introduced and the share of 50% (or 75%) of private CSR fund to be remitted to the NCSF be removed», note le document, qui fera l’ibjet de discussions jeudi.
Par ailleurs, la sous-utilisation de l’Electronic Procurement System inquiète le secteur privé. A ce jour, 14 organismes du public, avec des contrats représentant moins de 2% de la valeur totale, ont intégré le système électronique de Procurement. « The speed at which the public bodies have been joining the e-PS has indeed been very slow. According to the Public Procurement Office,  the critical success factor is the commitment of the senior management to adopt the e-PS », souligne Business Mauritius.
Les deux meilleurs élèves de la promotion sont la Central Water Authority et la police avec des avantages significatifs dans le Lead Procurement Time, des recours moins fréquents à l’Independent Review Panel et la compétition avec des réductions dans le montant des cotations dans la fourchette de 5 à 10%. Pour remédier à la lenteur pour adopter l’Electronic Procurement System, Business Mauritius suggère l’élaboration d’un calendrier pour les deux prochaines années pour que l’Utilisation Rate passe de 2% à 50% en 2017/18 et à 80% pour l’exercice financier subséquent. « By raising the e-PS adherence, government will improve the execution of government projects, raise the level and efficiency of its expenditure, bring more transparency and widen the suppliers base », rappelle le privé.

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