CAMBODGE : Renaissance de l’ancienne perle d’Asie

Si le Cambodge a été longtemps associé aux guerres, ce pays est aujourd’hui en train de renaitre lentement de ses cendres pour devenir une des capitales les plus plaisantes d’Asie. Lors d’une visite au Royaume du Cambodge ou Kampuchea en Khmer, nous y avons découvert différentes facettes de ce pays, sa culture, ses habitants, ses plats typiques, mais surtout les Temples d’Angkor, lieu de splendeur à couper le souffle considéré comme la huitième merveille du monde. Reportage.
Selon la légende, le Cambodge vit le jour de l’union d’une Princesse, fille d’un roi-dragon qui régnait sur une terre recouverte par les eaux, et d’un Indien brahmane nommé Kaundinya. Un jour alors que ce dernier naviguait à proximité de ce royaume, la princesse vint à sa rencontre à bord d’une barque. Kaundinya tira une flèche de son arc magique dans le bateau de la princesse qui, prise de peur, accepta de l’épouser. Pour constituer la dot de sa fille, le dragon-roi but les eaux qui recouvraient son pays et l’offrit à Kaundinya. Le nouveau royaume fut nommé Kambudja. Ceci n’est qu’une légende, mais ce récit démontre à quel point les habitants sont attachés à leur histoire qui est souvent illustrée à travers des représentations de danses d’Apsara, mais aussi à travers des fresques et des sculptures qui ornent les Temples cachés d’Angkor.
Afin de mieux situer le Cambodge, ce pays d’Asie du Sud-est entouré par la Thaïlande, le Laos et le Vietnam et sa bordure maritime, longue de 443 km, donne sur le golfe de la Thaïlande. Il est aussi traversé par le Mékong, dont la source est au Tibet, qui termine son cours au sud du Vietnam avant de trouver son embouchure dans la mer de Chine méridionale. La majeure partie du sud-est était constituée d’un vaste golfe peu profond que l’envasement progressif du Mékong transforma en une plaine fertile, riche en minéraux où sont aujourd’hui cultivées des plantations de riz à perte de vue et des plants de Lotus.
Si le Cambodge ne figure pas parmi les destinations les plus prisées des Mauriciens, c’est principalement en raison d’une idée préconçue sur l’insécurité qui y règne en raison des différentes guerres que ce pays a traversées. Aussi, il n’y a pas de vol direct de Maurice. Le moyen le plus facile d’y accéder en avion est de faire escale à Kuala Lumpur en Malaisie avant d’atterrir dans la capitale Phnom Pehn. Il vous est conseillé de programmer votre voyage entre novembre et mars afin d’éviter les fortes chaleurs — le thermomètre atteint régulièrement les 40° entre avril et juin — mais même pendant cette période, les vêtements légers sont de rigueur.
Après une escale à Kuala Lumpur, on atterrit à l’aéroport de Phnom Pehn. C’est sur place qu’est effectuée la demande pour l’obtention d’un visa. Après une quinzaine de minutes d’attente et les formalités d’usage, on récupère nos bagages avant de s’engouffrer dans un taxi en direction de notre hôtel qui se situe dans les parages du Palais Royal, le centre névralgique de la capitale. Jadis « perle de l’Asie », Phnom Pehn a souffert de la guerre et de la révolution, mais elle s’est graduellement reconstruite durant les deux dernières décennies avant d’entamer des développements plus conséquents ces dernières années.
Dès notre arrivée à l’hôtel, nous sommes accostés par des chauffeurs de tuk-tuk qui nous proposent leurs services pour le reste de la journée ou pour la soirée. Le moyen de locomotion le plus commun au Cambodge demeure le tuk-tuk, qui a été introduit aux environs de 2001 après que la police eut interdit aux étrangers de monter à trois à moto. Étrangement, les Cambodgiens sont eux autorisés à monter à trois, quatre ou même plus… Nos repères seront mis à rude épreuve, surtout dans la capitale, car on y circule à contresens sans se soucier des piétons. Depuis quelques mois cependant, le gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation après des automobilistes afin que le code de la route soit respecté. L’accent a été mis, dans un premier temps, sur la priorité aux piétons sur les passages cloutés et les arrêts aux feux.
Direction le Palais Royal, le lieu le plus visité par les touristes dans la capitale. Construit en 1866, ce palais était habité il y a encore quelques années par Norodom Sihanouk. Ce dernier qui était considéré comme le dernier des dieux-rois, est décédé en octobre 2012 à l’âge de 89 ans. Aujourd’hui, une partie du Palais Royal est dédiée aux visiteurs, tandis que l’autre accueille occasionnellement, à l’abri des regards, des cérémonies. L’enceinte royale abrite la pagode d’argent, surnommée ainsi en raison de son pavement composé de 5 000 dalles d’argent, où sont exposées des centaines de présents reçus par la famille royale depuis des décennies. Ces mêmes murs renferment aussi le Wat Phnom Mondap, le temple où se trouve l’empreinte longue de plusieurs mètres du pied de Buddha.
On prend place à nouveau dans notre tuk-tuk pour se rendre au musée du Génocide de Toul Sleng, qui était transformé pendant le régime génodiciaire Khmer rouge entre 1975 et 1979 en centre de torture. Y sont aujourd’hui exposés des photographies de près de 5000 victimes, ainsi que des documents écrits et des peintures décrivant la vie à la prison à l’époque. Le pays ne s’est pas encore remis de ce cauchemar. Après avoir découvert plusieurs monuments, on se dirige vers le Central Market, situé à une dizaine de minutes de marche du Palais Royal, puis au marché russe pour y faire de bonnes affaires et tenter de dénicher quelques souvenirs du Cambodge. «Hello sir ! Do you want something ?», nous lance-t-on dès que l’on passe devant une échoppe. Au lieu de répondre : «How much ?», comme le ferait le touriste traditionnel, il nous suffit de dire « Phonmaan » pour que la vendeuse s’aperçoive qu’on ne sera pas aussi facile à plumer. Car il faut savoir qu’au Cambodge on joue souvent sur la surenchère. En fin négociateur, on peut ramener d’un tiers le prix d’un produit. Après l’achat, on lâche tout simplement «aw kohn» en guise de remerciement. Cela suffit souvent pour illuminer le visage de notre interlocuteur.
Après deux jours à Phnom Pehn, on se dirige vers Siem Riep où se situent les Temples d’Angkor. Lors du trajet qui dure entre cinq à six heures en bus, on découvre de vastes champs de riz parsemés d’habitations en paille et en bois sur pilotis souvent représentés sur les peintures asiatiques. Ceux qui cherchent plus de confort pour ce voyage opteront pour le bateau qui remonte le Mékong avant d’amarrer à Tonlé Sap, village flottant peuplé de quelques dizaines de milliers habitants dont la plupart sont d’origine vietnamienne qui vivent principalement de la pêche.
Contrairement à Phnom Penh où poussent graduellement des gratte-ciel, Siem Riep a conservé son cachet d’antan avec ses anciennes maisons de négoce française, ses boulevards arborés et une rivière paresseuse. Cette ville abrite les fameux temples d’Angkor, dont la plupart symbolisent le mont Meru, montagne mythique considérée comme l’axe du monde et la demeure des dieux dans la tradition hindoue, redécouverte par les Français dans les années 1860.
Angkor, la huitième merveille du monde, représente la fusion parfaite de l’ambition créatrice et de la dévotion spirituelle. Les deux rois de jadis ont chacun tenté de surpasser leurs prédécesseurs par l’édification de sanctuaires de taille, d’envergure et de symétrie inégalées, tel Angkor Vat, le plus grand édifice religieux de la planète. Son nom signifie « temple qui est une cité ». Entouré d’une douve large de 190m, Angkor Vat forme un gigantesque rectangle de 1,5 km sur 1,3 km. Les blocs de grès, matériau qui a tendance à se dissoudre sous l’effet de l’humidité, utilisés pour la construction du temple provenaient des carrières de la montagne sacrée de Phnom Kulen située à plus de 50 km d’Angkor, et ils étaient transportés en radeau. Cette opération nécessitait les efforts de milliers d’ouvriers et a duré 95 ans (1080-1175) sous le règne de Jayavarma VI, Suryavarman II et Yasovarman II respectivement.
A l’exception d’Angkor Vat qui a été restauré par les rois khmers au XVIe siècle, pour servir de sanctuaire bouddhique, les autres temples ont été abandonnés à la jungle pendant de longs siècles. Le Ta Prohm, qui est sans doute la ruine la plus séduisante et parmi les plus prisées d’Angkor, en est l’illustration parfaite avec le foisonnement de la végétation qui a progressivement envahi ses murs aujourd’hui croulants. Le Bayon, plus connu pour les quelques scènes du célèbre film d’aventures Tomb Raider qui y ont été filmées, doit son caractère grandiose à la somme des éléments qui la composent avec ses 54 tours gothiques, dont 37 sont toujours debout, et ses 216 visages…
Dès que vous flanchez dans les ruines, vous êtes assailli de petits enfants qui tentent de vous vendre quelques cartes postales ou des… magnétiques représentant les Temples d’Angkor ou les Apsaras. Il est recommandé de ne pas quitter les sentiers balisés et de ne pas s’aventurer dans la zone frontalière avec la Thaïlande qui reste la plus fortement minée, car les Khmers Rouges ont posé des mines le long des routes et dans les rizières afin de mutiler et tuer les civiles. C’est la raison pour laquelle on rencontre de nombreux Cambodgiens amputés dans le pays. La prudence est donc de mise à tout instant, car il existe toujours des engins explosifs non désamorcés datant des bombardements américains du début des années 1970. S’il est recommandé de ne pas s’aventurer près de la frontière, en revanche, le Cambodge demeure un pays relativement sûr avec un faible taux de vols et de criminalité. Il ne faut toutefois pas tenter le diable et laisser ses objets de valeur n’importe où.
Sihanoukville est la première station balnéaire du pays où l’on se régale de fruits de mer après une plongée sous-marine et une journée de farniente au soleil
La sapèque d’or, l’amok, le prahok, le loc lac, le poulet au curry et les nouilles de riz sont les spécialités cambodgiennes qui méritent… et assureront une expérience nouvelle pour les papilles.

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