CAMPAGNE DANS L’OCÉAN INDIEN : Greenpeace dénonce le transbordement en mer

Les militants du mouvement international Greenpeace sont retournés à Maurice après la manifestation qu’ils ont tenue contre le senneur sud-coréen dans la rade le 21 avril dernier. À quelques jours de l’ouverture de la conférence de l’Indian Ocean Tuna Commission (OITC), ils veulent alerter sur des pratiques douteuses dans la zone. Ils attirent ainsi l’attention sur le transbordement en mer qui a permis au Premier, suspecté de pêche illégale, de se débarrasser de sa cargaison. Par ailleurs, Greenpeace dit avoir été témoin de pêche illégale par des palangriers sri-lankais dans l’aire marine protégée des Chagos.
L’Esperanza, bateau de Greenpeace en campagne dans l’océan Indien, est de retour à Port-Louis, après avoir surveillé de près les mouvements du senneur sud-coréen Premier. Celui-ci, accusé de pêche illégale, n’a pu débarquer sa cargaison à Maurice comme prévu, après que le mouvement international eut alerté l’opinion publique sur la question.
En revanche, le Premier a pu réaliser cette opération à 500 miles nautiques au nord de Maurice hier, grâce à un transbordement en mer. « Le Tuna Queen, reefer battant pavillon panaméen appartenant à la Wang Tat Corporation Private Limited, a pris la cargaison, en direction du marché asiatique », révèle François Chartier, Ocean Campaigner sur l’Esperanza.
Selon les renseignements glanés par Greenpeace dans la région, une telle pratique serait courante. Des capitaines de bateau ont laissé entendre qu’il y a chaque jour un bateau en attente de transbordement. Même si une telle pratique n’est pas illégale, selon les lois du pays, Greenpeace fait ressortir qu’elle laisse place au doute. « Dans de telles conditions, il est difficile de contrôler la pêche illégale et cela pose également un problème de traçabilité. »
Les militants de Greenpeace comptent évoquer la question avec le ministre de la Pêche Nicolas Von Mally. De son côté, Sari Tolvanen, qui assistera à la conférence de l’IOTC, compte demander aux États membres d’interdire le transbordement en mer.
Par ailleurs, au cours de la campagne dans l’océan Indien, Greenpeace dit avoir été témoin de cas de pêche illégale dans l’aire marine protégée des Chagos. « Nous avons surpris huit palagriers sri-lankais dans les eaux protégées des Chagos. Nous avons alerté les autorités britanniques et mauriciennes, mais à ce jour, il n’y a eu aucune retombée. »
Selon Oliver Knowles, ce n’est pas la première fois que de telles activités sont observées dans la zone protégée des Chagos. « Lors de notre récente campagne à bord du Rainbow Warrior, nous avons croisé plusieurs bateaux soupçonnés de pêche illégale, dont cinq venant du Sri Lanka. »
Vassen Kauppaymuthoo, collaborateur de Greenpeace, a lancé un appel pour que la présence du mouvement soit bien accueillie à Maurice. « Ils nous ont rendu un grand service en nous mettant en garde contre le Premier. Cela aurait pu avoir un impact désastreux sur notre industrie du seafood. Ce sont des militants, il est vrai, mais ils sont là pour collaborer avec les autorités. »
Greenpeace a entamé des discussions avec le service des garde-côtes pour la signature d’un Memorandum of Understanding, qui lui permettrait de faire la surveillance dans la zone économique exclusive de Maurice. « Nous pourrions accueillir des officiers mauriciens à bord et leur partager notre expérience », précise Oliver Knowles.

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