ARTS – A SINGAPOUR : Firoz Ghanty partage ses expériences avec 450 élèves du lycée français

Sur l’invitation d’Aude Gooly et de Sharon Feenan, deux profs d’arts plastiques respectivement française et écossaise, travaillant au lycée français d’Ang Mo Kio, à Singapour, l’artiste Firoz Ghanty a mis le cap sur la cité État trois semaines durant, soit du 26 mars au 16 avril. L’objectif était de partager ses expériences artistiques avec les élèves du lycée dans le cadre du programme “Artiste en résidence” de l’établissement. De retour au pays, il nous conte, en présence de ses hôtes, actuellement en vacances chez nous, les belles découvertes qu’ont constitué les échanges en Asie du sud-est.
C’est dans sa demeure, à Cascadelle, que Firoz Ghanty nous reçoit pour nous résumer son enrichissant voyage. À ses côtés, Aude Gooly et Sharon Feenan, qui commencent par nous expliquer comment elles ont choisi l’artiste mauricien. Ancienne prof au collège Pierre Poivre, Aude Gooly a vécu à Maurice pendant dix ans, de 1995 à 2005. « Cela fait dix-huit ans que je connais Firoz Ghanty. Quand j’ai quitté Maurice, je me suis dit que ce serait bien si je pouvais faire venir des artistes mauriciens. Je suis allée à Paris pour deux ans et ensuite je suis parti à Tahiti. Depuis que je travaille à Singapour, j’ai voulu monter ce projet et cette année, la demande a été approuvée par l’école. Le programme “Artiste en résidence” a pour but d’inviter un artiste pendant trois semaines. J’ai trouvé cela enrichissant que les élèves puissent rencontrer un artiste mauricien », explique Aude Gooly.
Lors de son séjour à Singapour, Firoz Ghanty a transmis son savoir-faire en matière de pochoir, une des nombreuses techniques qu’il maîtrise. Il a eu l’occasion de travailler avec vingt classes, soit 450 élèves. « Les élèves ont tout de suite très bien assimilé la technique et la dernière semaine a consisté à imprimer les pochoirs. De là, on a monté une expo avec une centaine de pièces… En trois heures, avec chaque classe, il fallait arriver à produire quelque chose. Pour bien exploiter la visite de Firoz Ghanty, nous avons aussi organisé une conférence pour les élèves », indique Aude Gooly.
Pour l’artiste mauricien, « travailler avec des élèves différents, dans un pays différent, tous les jours, c’était une découverte. J’ai rencontré des profs chinois, américain, australien. Cela a été trois semaines absolues et formidables. La plupart des élèves du lycée sont français ou issus de couples mixtes ». Ce qui l’aura aussi marqué en tant qu’artiste, c’est « la grande différence en termes de politique culturelle à Singapour. Il y a d’énormes écoles d’arts plastiques, des galeries, des auditoriums. Singapour fait un tiers de Maurice en termes de territoire mais c’est un pays très développé qui investit énormément d’argent dans la culture avec des expos d’artistes étrangers. Il n’y a pas de comparaison avec Maurice ».
Alors qu’Aude Gooly voit beaucoup de correspondances entre Maurice et Singapour, notamment au niveau des différentes ethnies, Firoz Ghanty, lui, fait ressortir une différence au niveau identitaire. « Alors que toute une génération à Maurice a voulu sortir des communautés, avec une identité spécifique nationale, Singapour a fait quelque chose de différent en se disant : “Nous sommes plusieurs communautés dans une communauté nationale.” Les langues officielles sont le mandarin, le malais, le tamoul et l’anglais. Lee Kuan Yew a trouvé le moyen de faire rentrer tout le monde à parts égales. Est-ce que c’est nous qui avons raison ou Lee Kuan Yew, le débat reste ouvert ».
Une partie des travaux effectués par les élèves du lycée français de Singapour avec l’aide de Firoz Ghanty a été choisie pour être exposée dans l’établissement.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -