Danny Philippe (CUT) : « L’ecstasy et la cocaïne sont déjà présents dans le pays; c’est une nouvelle génération de drogues qui apparaît…»
2.6 kilos de cathinone synthétique, d’une valeur de Rs 39 millions découverts sur un passager français, et 4.8 kilos de méthamphétamine (crystal meth), valant Rs 38,4 millions : ces produits, des drogues, ont été saisis rien que la semaine dernière par les limiers de la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la MRA. Des substances qui sont nouvelles sur le marché local. À partir de la cathinone synthétique, explique Imran Dhanoo, le directeur du Centre Idrice Goomany (CIG) de la Plaine Verte, « est produite une drogue très nocive et dangereuse, appelée Flakka. Elle est très récente, mais courante aux États-Unis et en Europe, et présente des caractéristiques très inquiétantes. Parce qu’elle place les sujets dans un état second, les poussant à se faire violence, voire, agresser les autres. »
La méthamphétamine qui fait également partie de la famille des stimulants est tout autant une substance dangereuse, indique aussi le travailleur social. Cependant, « l’entrée de la cathinone synthétique est extrêmement inquiétante. Cela, parce que cette drogue précisément, en l’occurrence, le Flakka, qui en résulte, provoque des réactions dangereuses chez les sujets. » Notre interlocuteur explique que « ceux-ci développent une paranoïa aiguë, sont en proie à des crises de délires. Certains sujets entrent dans un état second. Ils peuvent alors se jeter devant un véhicule en marche ou du haut d’un bâtiment…» Ces effets s’expliquent « de la montée d’adrénaline brutale qu’entraîne la prise du Flakka, explique encore I. Dhanoo. Le sujet se sent “pousser des ailes”, d’une certaine manière, et dans cet état, estime qu’il peut tout faire. Voler comme un oiseau, se prendre pour un super-héros…» Ce qui inquiète surtout le travailleur social aguerri aux comportements des dépendants de produits addictifs, c’est que « le Flakka est une nouvelle drogue, qui est apparue il y a à peine quelques années aux États-Unis et en Europe, essentiellement. Il est donc déjà arrivé chez nous, parce qu’il ne s’agit pas de la première saisie de cathinone synthétique. » En effet, en mars de cette année, la CANS procédait à une autre saisie de cathinone synthétique, 65 grammes, d’une valeur d’un million de roupies…
« Les gens qui sont les plus vulnérables au Flakka sont les jeunes surtout, avertit I. Dhanoo. Du fait de sa particularité à faire grimper l’adrénaline, donner cette sensation de vertige, de pouvoir faire n’importe quoi, ce sont eux qui sont en quête de sensations fortes qui vont être les cibles privilégiées ! » Et ce qui inquiète davantage le directeur de centre destiné aux accros, « c’est qu’autant l’adrénaline grimpe dans le corps du sujet, autant la chute est dure ! C’est la dépression qui guette le sujet. Et d’autres pathologies liées aux états psychotiques ». Sans parler des « dégâts psychologiques qui vont entraîner la prise de cette substance; et de la méthamphétamine, également ».
I. Dhanoo relève que « cathinone synthétique et méthamphétamine sont des drogues qui sont “highly addictive”. Leurs effets sur le corps sont ultra nocifs : on ne sait jamais jusqu’où ira un sujet. Il peut dériver à l’extrême : s’en prendre à lui-même et violenter ceux se trouvant sur sa route…» De même, il note que « nous ne manquons jamais une occasion de saluer les autorités qui font leur travail en faisant ces saisies. Mais que font nos dirigeants politiques par rapport aux soins et traitements qui doivent être procurés à ceux qui sont atteints de ces troubles ? »
Danny Philippe (CUT) : « Arrivée de nouvelles drogues »
Le président du Collectif Urgence Toxida (CUT) tire la sonnette d’alarme : « depuis quelques années, nous savons que de nouvelles substances comme l’ecstasy, le haschich et la cocaïne ont déjà un certain marché à Maurice. L’arrivée d’autres produits, nommément la cathinone synthétique et la méthamphétamine, de la famille des stimulants, corse la donne. Cela veut dire que nous allons avoir une nouvelle génération de toxicomanes. » Il est rejoint dans son propos par Imran Dhanoo qui rappelle que « nous devons investir dans la formation du personnel médical, soignant et non-soignant, pour savoir comment aider ces victimes »…