Chagos : Maurice (116 votes) isole la GB et les USA (6 voix)

  • Pravind Jugnauth : « The question now is whether the international community will take remedial action or allow another wrongful act to persist »
  • Avec le vote d’hier, Maurice signifie son intention de « challenge the United Kingdom membership » de l’Indian Ocean Tuna Commission
  • L’archipel des Maldives, avec qui Maurice est en discussion sur l’extension du plateau continental dans la Northern Chagos Archipelago Region, se range dans le camp de Londres

La résolution présentée, hier, par le Sénégal à l’Assemblée générale des Nations unies, au nom de l’Union africaine, réclamant le départ de la Grande-Bretagne de l’archipel des Chagos dans un délai de six mois, a été votée à une écrasante majorité. 116 États membres, soit une majorité de 60%, ont soutenu la position de Maurice suite à l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice de La Haye du 25 février dernier. Seuls six pays, dont la Grande-Bretagne et les États-Unis, ont fait fi de ce Ruling de la plus haute instance judiciaire des Nations unies. L’on constatera que le camp de Londres a connu une nette régression pour se situer au niveau One-Digit alors que pour le vote du 22 juin 2017, la Grande-Bretagne avait bénéficié de 15 voix. Toujours en ce qui concerne les arithmétiques, les abstentions passent de 65 en juin 2017 à 56 au décompte final hier.

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Intervenant à la tribune des Nations unies, hier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a évoqué la problématique des Chagos en se demandant « whether the international community will take remedial action or allow another wrongful act to persist ». L’une des premières initiatives, envisagées par Maurice sur le front international, sera de remettre en question l’adhésion de la Grande-Bretagne en tant que membre de l’Indian Ocean Tuna Commission. Toutefois, la position adoptée par les Maldives, pays riverain de l’océan Indien, avec qui Maurice doit engager des discussions cruciales sur l’extension du Continental Shelf dans la Northern Chagos Archipelago Region, pourrait se transformer en un obstacle. L’archipel des Maldives est le sixième pays, avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, à avoir voté contre la résolution en faveur de Maurice pilotée par le Sénégal.

À la tribune des Nations unies avant le vote d’hier, le Premier ministre a exhorté les Etats-membres à prendre des mesures et des actions pour que les Findings de la Cour internationale de Justice du 25 février ne restent pas lettre morte. « The question now is whether the international community will take remedial action or allow another wrongful act to persist », a-t-il ajouté. Poursuivant à ce chapitre, il s’est appesanti sur le fait que « it is incorrect that the opinion has no legal consequences, as all States must respect international law and the United Nations cannot ignore or contravene the legal positions of its highest judicial bodies, especially as it has a mission to foster self-determination ».

En réaffirmant que « self-determination is a sacrosanct principle of the United Nations », Pravind Jugnauth a rappelé à l’Assemblée plénière que « as outlined in resolution 1514 (XV), it made clear that detachment of part of a colonial territory without people’s consent was a violation of international law. At the time, Mauritius representatives did not have genuine legislative or executive power, and it is thus impossible to speak of an international agreement, as the Archipelago’s detachment was not based on the free and genuine expression of the people of Mauritius ». D’où l’importance de « the Court’s landmark opinion confirms the long-standing position of Mauritius and Africa that decolonization has not been completed — nor will it be until it can exercise sovereignty over the Chagos Archipelago, which the Court found to be an integral part of its territory ».

Pour la partie mauricienne, « the advisory opinion is clear and unambiguous and leaving no doubt for any other interpretation. It is decisive ». Le Premier ministre a réitéré son appel à la communauté internationale de coopérer avec les Nations unies pour mettre en oeuvre les modalités de l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice. « It must also address the issue of resettlement, a question of human rights protection », devait-il aussi souligner.

Maurice dénonce la posture post-Advisory Opinion épousée par la Grande-Bretagne avec la complicité de ses alliés, les États-Unis, en rejetant la proposition d’une Joint Resolution avec Maurice « which would have considered the former’s security concerns — made out of respect for it as a champion for the rule of law. It feels like we are back in 1965 », a lâché Pravind Jugnauth.

Dans son intervention, le Premier ministre est revenu sur le volet des « security interests » au sujet de la base militaire de Diego-Garcia. Il a fait ressortir que « Mauritius has publicly committed to enter into a long-term arrangement with the United States, or the United Kingdom and the United States, in that regard — a position that has gained consensus as it would provide legal certainty around the operation of the defence facility ».

En conclusion, Pravind Jugnauth, qui a exprimé le souhait d’une résolution par consensus, maintient que « the resolution’s six-month limit for ending the United Kingdom’s unlawful administration offers more than enough time to do so:  there are only a handful of personnel who provide no services outside of the security facility ».

La représentante permanente de la Grande-Bretagne aux Nations unies, Karen Pierce, a repris les arguments répétés par le gouvernement de Theresa May à l’effet que le différend sur les Chagos relève du domaine bilatéral et ne peut être tranché par cette instance des Nations unies. « The issue put today before the General Assembly remains at heart a bilateral sovereignty dispute between Mauritius and the UK, and we continue to believe that it remains an important principle that bilateral sovereignty disputes should be resolved by the parties themselves. This vote was setting a precedent that should be of concern not only to the United Kingdom but to all Member States in this chamber today that have sovereignty disputes of their own », dit-elle à la tribune en tentant de trouver un réconfort dans le nombre de pays qui se sont abstenus au moment du vote.

Par contre, le vote des Maldives en faveur de Londres devrait constituer une pièce majeure au chapitre de What’s Next?. À ce stade, Port-Louis envisage la possibilité d’engager un Lobbying auprès des États membres de l’Indian Ocean Tuna Commission pour exiger l’exclusion de la Grande-Bretagne de cette instance, justifiée par le fait que ce pays se présente comme un Coastal State dans l’océan indien à travers l’archipel des Chagos.

Il ne fait aucun doute que l’archipel des Maldives, qui sera présent lors des prochains Jeux des Iles de l’océan indien (JIOI), ne consentira pas à cette démarche. Justifiant le vote de son pays contre la résolution du Sénégal sur les Chagos, la représentante permanente des Maldives à New-York, avance que « without due process and clarity on the legal implications of a contested matter, the Maldives is not in a position to support the resolution solely as a matter of decolonization. Stressing that any uncertainty on the issue of Chagos Archipelago will have serious implications for sovereignty, territorial integrity and the wider security of the Indian Ocean region ».

D’autre part, la question de l’extension du Continental Shelf dans l’océan Indien, un potentiel objet de litige avec Maurice, fait partie des arguments des Maldives à l’effet que « the resolution prejudges the implications of the Maldives’ July 2010 submissions to the Commission on the Limits of the Continental Shelf ».

Le communiqué officiel posté sur le Website des Nations unies, après le vote d’hier soir, note que « since the decolonization of Mauritius was not conducted in a manner consistent with the right to self-determination, the Assembly affirmed the continued administration of the Archipelago constitutes a wrongful act. It urged the United Kingdom to cooperate with Mauritius to facilitate the resettlement of Mauritian nationals, including those of Chagossian origin, in the Chagos Archipelago and to pose no impediment to such efforts ».

Affaire à rebondissements…

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