Chamarel, le grand réveil

C’est à Antoine Régis Chazal de Chamarel, écuyer et capitaine d’infanterie de la Compagnie des Indes, que l’on doit le nom de Chamarel. José Rose, porte-parole de l’Association socioculturelle rastafari (ASR), décrit lui Chamarel comme étant « le village des marrons ». Situé au sud-ouest de Maurice, ce lieu dégage un charme de par son authenticité, ses terres des sept couleurs, sa cascade, les tables d’hôtes, les activités comme le Curious Corner, le tout nouveau parcours Ebony Forest. Dimanche, ce lieu sera en effervescence et accueillera la Fête de la Sainte Anne, un événement incontournable pour ses habitants. En sus de la dimension spirituelle, il y a aussi l’aspect festif qui s’associe à cette fête, une occasion de se délecter de mets spéciaux comme le sanglier, le cochon, etc.…
Le Palais de Barbizon dirigé par Rico L’Intelligent sur la Route Sainte Anne est une escale incontournable. « Chamarel renferme beaucoup d’attractions touristiques. C’est une région qui s’est bien développée et qui est loin de l’image d’autrefois Lot Koté montagne Chamarel, nou ale rode dibois galigaya. C’est un lieu qui est réputé pour son café et moi-même j’ai appris de mon père l’art de la préparation du café fait selon la méthode ancienne ».
Pour lui, le développement de Chamarel a démarré avec la terre des sept couleurs mais il déplore la mentalité de certains. « Il y a des chauffeurs de taxis véreux qui disent aux clients de ne pas venir à ma table d’hôte, car je refuse de leur donner des commissions. À cela, je réponds : vaut mieux renommée publique que ceinture dorée. Si je figure sur Trip Advisor et si la cuisine de mon épouse plaît, c’est qu’on propose des plats issus de notre terroir ». Autre regret de Rico L’Intelligent, le manque de transport adéquat : « Bisin remplace bus Perle de la Savane par transport la compagnie CNT. On fait aussi face à des coupures drastiques au niveau de l’eau ». Pour revenir au choix de son enseigne Le Palais de Barbizon, Rico L’Intelligent dit que Barbizon en France est réputé pour ses peintures de maîtres alors que lui son rôle est de flatter le palais des gens à travers sa cuisine du terroir.
Fête Sainte Anne
Rico L’Intelligent évoquera aussi la Fête de Sainte Anne prévue ce dimanche et qui attire chaque année une foule considérable. « Ena fancy-fair, animation musicale et tout bon gibier ki trouv dans Chamarel, dimounn vin depi loin pu sa. Ou gagn sanglier, cochon, salade palmiste, cari zaco, tenrec achard de pin-pin de Vacoas ». La statue de Sainte Anne devant l’Église ne passe pas inaperçue et l’on apprend que c’est en1876 que l’église fut construite. Il s’extasiera devant la beauté de Chamarel en expliquant que tout repose sur son authenticité et ce reflet d’un métissage d’une île plurielle.
Le Triangle de Chamarel
Évoquer Chamarel avec José Rose de l’Association socioculturelle rastafari (ASR) c’est avant tout connaître l’histoire de ce site. « Chamarel, c’est le village des marrons ». L’appel de la nature de ce lieu, ses paysages à perte de vue à couper le souffle, notre interlocuteur lui évoque le Triangle de Chamarel situé sur une terre de cinq arpents. Après avoir sillonné une route en courbes menant vers Chamarel, non loin du Viewpoint et de Lakaz Chamarel, on emprunte un petit escalier et les mottes de terres dues à la pluie ne ralentissent nullement les pas de notre hôte. José Rose nous guide vers une maison peinte de couleurs vives : rouge, jaune et vert et nous accueille au Triangle de Chamarel, connu comme le temple du tabernacle rastafari. « Nu pé fer face enn gros problème, Case Noyale Ltée de la Compagnie sucrière Bel Ombre pé rode tir nu dan nu base. Mais l’endroit ki nu apel Triangle abrite enn lieu de culte le Nyabingi Tabernacle et c’est nu ban ancêtres ki ti occupe terrain la depi plus de 450 ans ». Ici, c’est un lieu de rencontre de la communauté rastafarienne. Et, si on s’aventure plus loin, on s’enlise dans les bois. Ce tabernacle si précieux renferme la photo de Haile Selassie, empereur d’Ethiopie, qui est vénéré. Le triangle pour José est symbolique et abrite tout un pan d’histoire autour du marronnage. « Nu éna nu bane rites et bane dates importants pour nu rassemblement, le 23 juillet, 1er février et 2 novembre. Ici, c’est une autre culture qui se doit d’être découverte. Dans la communauté des rastas, tous sont égaux. Il y a le Nyabingi, le boboshanti, les 12 tribus d’Israel ». Avec notre guide, c’est la lutte inlassable, la souffrance des esclaves marrons qui y est dépeinte mais Chamarel a aussi d’autres attraits comme la terre des sept couleurs et sa forêt dense. José déplore que les développements touristiques, les villas, ont gâché la beauté du site tout en se se disant attristé qu’il ne reste plus rien des vestiges de la mémoire des ancêtres de Chamarel. « Même les vieux ne sont plus là pour raconter l’histoire de ce lieu ». José rêve de voir au triangle un espace dédié aux esclaves qui ont été guillotinés, pendus, comme une sorte de reconnaissance. « Mo envie ki sa lieu là vine ene parcours culturel et ki la jeunesse revalorise zistwar Chamarel ».
Scènes de vie
Chamarel est aussi connue pour ses réserves naturelles, ses traditions culinaires, son artisanat comme le témoigne cette enseigne où il est écrit qu’on peut passer des commandes de raphia. En chemin, on y croise des scènes de vie comme ces coupeurs d’herbes transportant des herbes retenues par de la ficelle sur leurs épaules. Plus loin, des vacanciers à la queue leu-leu bravant la pluie hivernale et entamant leur randonnée en pleine nature. Rico L’Intelligent décrit les lieux pittoresques à immortaliser et sa préférence va pour la Vieille Cheminée, ferme agricole située dans un cirque montagneux et qui s’étend sur 70 hectares de forêt. Les Ecuries de la Vieille Cheminée misent sur une ambiance rustique. À l’entrée, on peut apercevoir une vieille cheminée qui est le dernier vestige de l’ancien moulin sucrier du village. On reste pantois devant cette cascade avec ses chutes aux courbes vertigineuses. Ici, la Rivière du Cap descend des Mares Blanches vers Chamarel et l’eau qui y est déversée est de 300 pieds, nous explique un habitant de Chamarel.
Dans ce lieu silencieux qui offre un beau contraste avec la capitale avec la cohorte de voitures et les gens déambulant par ci et là, les habitants de Chamarel, eux, vivent en harmonie avec la nature. Le climat est agréable l’hiver comme l’été et la vue qui s’offre à nous est immense. Comme une grande plaine verdoyante avec ses montagnes, sa forêt que l’on peut admirer à partir des view points, Chamarel, la grande dame n’a pas fini de nous livrer ses secrets. Sur place on découvre des magasins dont l’un affichant Roots Of Chamarel. Et des gâteaux préparés à l’ancienne sans oublier des tables d’hôtes comme Chez Pierre Paul dont la spécialité est le cochon marron rôti. Chamarel n’est plus enclavée dans ses traditions. Elle s’est ouverte aux développements touristiques. Comme un éveil à d’autres couleurs autres que celui des Terres des Sept Couleurs, le village de Chamarel est devenu un modèle de tourisme intégré et un creuset culturel où séga, seggae et reggae ont émergé et où le développement et concept des tables d’hôtes ont porté leurs fruits.

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