CHIKUNGUNYA: Le silence de la Santé de nouveau déploré

Un premier cas de chikungunya a déjà été officiellement enregistré en ce début d’année. Il s’agit d’un habitant d’Ébène, souffrant depuis le 11 janvier, admis et traité à la clinique Apollo Bramwell. Ce cas a été révélé au public par le privé, qui dénonce le silence de la Santé sur le sujet, alors que le ministre de tutelle, Lormus Bundhoo, a tenu une conférence de presse à propos du chikungunya et de la dengue lundi dernier.
L’attitude du ministère de passer sous silence, chaque année, les cas de chikungunya « pour ne pas alarmer la population », est déplorée par les professionnels de la Santé. Ces derniers estiment que la population doit être alertée afin de redoubler de vigilance et qu’elle puisse prendre les mesures qui s’imposent pour se protéger. D’autant que les médecins du privé indiquent avoir décelé plusieurs autres cas de chikungunya ces derniers jours.
Une fois n’est pas coutume, le ministère de la Santé est à nouveau pointé du doigt en ce qu’il s’agit de la gestion des cas de chikungunya dans le pays. Si le ministre de la Santé a fait un long exposé sur la situation à Maurice, mettant en exergue les dernières statistiques et les mesures entreprises pour éviter la propagation du virus qui avait largement touché le pays en 2005-2006, son omission de mentionner le premier cas de chikungunya officiellement enregistré en 2012 par le laboratoire de Candos fait l’objet de nombreuses critiques. Le ministre se défend, indiquant qu’il ne souhaite pas alarmer la population. Toutefois, beaucoup ne comprennent pas la dissimulation de cette information à la population, alors même que Lormus Bundhoo annonçait le lancement d’une campagne de prévention contre le chikungunya et la dengue en début de semaine. Sa démarche de se taire est condamnée par plus d’un, dont les membres de la Private Medical Practitionners Association (PMPA). « C’est le devoir d’un praticien et du personnel de la Santé d’informer la population. Qu’importe le nombre de personnes atteintes, nous devons être au courant afin d’être plus vigilants et d’empêcher la propagation du virus », estime le président de la PMPA, le Dr Patrick How.
Autre attitude du ministère déplorée : « Celle de venir avec les mesures préventives alors que le mal est déjà là ». « Chaque année, c’est la même chose. Depuis 2005, il faut que le privé dénonce les choses pour que les mesures de prévention soient réitérées », s’insurgent certains médecins. Ces derniers indiquent d’ailleurs avoir décelé cliniquement quelques cas de chikungunya ces derniers jours. Ces cas ne sont toutefois pas répertoriés à ce stade par le ministère de la Santé. « Il faut se dire que le chikungunya est un virus, et qu’un cas enregistré, c’est 10 cas de plus dans la réalité », explique un médecin. 
Patrick How fait, pour sa part, ressortir l’importance d’avertir rapidement la population de la situation afin d’éviter une épidémie. « En cachant les informations, le public n’est pas à l’abri », rappelle-t-il. Et de souligner que, loin d’être antipatriotique, la PMPA a à coeur le bien-être de la population. Si certains craignent qu’une alerte au chikungunya cause du tort au tourisme – d’où le silence des autorités sur les cas décelés – d’autres soulignent que « les touristes continueront à venir malgré une épidémie, car ils connaissent les précautions à prendre ». « Par le fait de dissimuler la réalité, et si des touristes tombent malades, c’est là que les choses peuvent tourner au drame pour notre économie. »
Pour Lormus Bundhoo, s’il n’y a rien d’alarmant pour l’heure, la prévention n’en est pas moins de mise, Maurice étant « vulnérable ». Notamment en cette saison estivale et pluvieuse qui favorise la prolifération des moustiques. De plus, selon les statistiques de la Santé, entre 2005 et 2006, environ 30 % de la population a été atteinte du chikungunya. Lormus Bundhoo, fait ainsi ressortir que toute la population encourt des risques et doit se montrer vigilante pour ne pas être touchée par le moustique Aedes Albopictus.
C’est ainsi que depuis quelques jours, le ministère de la Santé déploie les grands moyens pour prévenir une nouvelle épidémie de chikungunya et de dengue à Maurice. Les autorités ont renforcé les luttes anti-vectorielles dans les régions à risque, surtout dans les environs d’Ébène où le premier cas a été détecté. Le ministère a également commencé à intensifier la surveillance au niveau du port et de l’aéroport, Maurice ayant beaucoup de liens commerciaux et touristiques avec les pays à risques.

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