COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LA DROGUE – LAM SHANG LEEN (PRÉSIDENT) : « J’arrête tout s’il n’y a pas de dénonciation ! »

54 sessions pour l’actuelle Commission d’enquête sur la drogue et « toujours rien ! », a résumé le président de cette instance, hier. L’ex-juge Paul Lam Shang Leen a en effet eu un coup de sang et a déclaré: « j’écoute d’innombrables personnes et membres des Ong diverses, depuis des semaines et des mois… Je demande des noms, des sources… Mais rien ! Dans ce cas, à quoi bon continuer ? Je crois que je vais tout arrêter ! »
«Ce n’est pas la peine de continuer les travaux de la Commission d’enquête sur la drogue si personne ne vient de l’avant et ne nous donne des noms, des sources, des informations relatives pour que la justice suive son cours ! À quoi cela sert-il de continuer à écouter des personnes qui viennent témoigner mais qui ne donnent aucune information qui serait susceptible d’aider à arrêter des trafiquants ? Dans ce cas, cette Commission d’enquête n’a plus sa raison d’être !»
C’est le coup de sang du président de la Commission d’enquête sur la drogue, l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, hier. Le chairman a même brandi : «si ça va continuer comme ça, eh bien la semaine prochaine, j’arrête tout !» Pour Paul Lam Shang Leen, «ce gouvernement a mis sur pied cette commission d’enquête sur la drogue parce qu’il y a ce gros problème avec les drogues synthétiques. Soit. Mais comment allons-nous travailler si personne ne dénonce ni ne donne des informations ou des sources ? Sur quoi se baser pour arrêter ces trafiquants ?»
Cette commission, selon le président Lam Shang Leen, «n’aura donc aucune raison d’être… Cela fait 54 sessions que je vous écoute, des animateurs des Ong, des anonymes entre autres. Mais quand je demande des noms, des sources… rien !» Et il a renchéri : «et on s’attend à ce que je rédige dans le rapport de la Commission que la drogue est un grand problème ! Mais sur quoi je vais me baser pour écrire et prétendre cela ?»
Dans le même souffle, Paul Lam Shang Leen a aussi lancé à l’égard des Ong : «vous allez passer toute votre vie à réhabiliter des toxicomanes ? Combien de temps ça va durer ? Est-ce que ce n’est pas plus productif de trouver la source du problème, en l’occurrence les trafiquants qui vendent ces produits, et les mettre hors-service ? Est-ce que ce n’est pas une meilleure solution ? Combien de temps allez-vous rester au chevet de ces pigeons qui se font avoir ?»
Le président de la Commission a aussi relevé qu’il n’y ait pas de données telles que des statistiques et autres pour mesurer l’ampleur du problème de la drogue dans notre pays. Un élément qui avait été souligné par Jose Vila del Castilo, représentant du United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) pour notre région. Lors de son intervention, lundi, M. Vila del Castilo devait, en effet, émettre le souhait que «le gouvernement mauricien travaille sur une base de données pour que nous puissions avoir une idée précise du problème dans le pays. À ce jour, nous n’avons que les formulaires remplis par les forces de l’ordre qui concernent les arrestations et les saisies. C’est loin d’être suffisant…»
Le même jour, le Dr Faysal Sulliman, actuellement coordinateur au UNODC et qui a un long parcours de scientifique spécialisé dans la toxicomanie à Maurice, avait également déposé et axé son intervention sur divers aspects, dont la nécessité d’offrir une palette de réponses médicales aux toxicomanes. Hier, c’était au tour du directeur exécutif de PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida), Nicolas Ritter, d’apporter sa contribution à la commission. Le fondateur de PILS a lui aussi rappelé l’importance de résoudre le problème de la toxicomanie en offrant une réponse médicale variée et appropriée.
Aujourd’hui, jeudi 24, ce seront des animateurs de la plateforme drogue, constituée des représentants des Ong, telles que le Centre Idrice Goomany (CIG), Kinouete et PILS, qui viendront déposer devant la commission.

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