Commission d’enquête : «Ti ena boukou cash dan sak ki Gulbul inn met dan box loto »

— C’est ce qu’a déclaré le chauffeur Salim Mohamed à la commission lundi

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— L’ex-chauffeur de Me Samad Goolamaully croyait que celui-ci « était au courant pour l’argent »

Très attendu pour sa déposition devant la commission Lam Shang Leen, l’ex-chauffeur de Me Samad Goolamaully durant la campagne électorale de 2014, a livré ses secrets, hier. Salim Mohamed, qui était souffrant en novembre et n’avait pu témoigner, l’a enfin fait. L’homme a surtout confirmé que « oui, ce 24 novembre, Raouf Gulbul m’a demandé d’ouvrir le coffre de la voiture et il y a placé un énorme sac-poubelle ». Sa curiosité l’emportant, malgré la consigne du candidat battu de ne pas toucher ce fameux “colis”, Salim Mohamed déclare l’avoir ouvert. « Mo’nn trouv boukou, boukou cash… Biye labank an roulo ! », se rappelle-t-il.

Il n’en revenait pas. Salim Mohamed, homme de grande taille, à l’allure frêle, est allé droit au but. « Ti ena boukou, boukou cash dan sak poubel-la. Enn gran sak sa. Il était rempli à moitié ». Cet habitant de Camp-Yoloff, qui a admis avoir été le chauffeur du campaign manager de Raouf Gulbul, Me Samad Goolamaully, durant la campagne de 2014, a évoqué en grande partie le déroulement de la fameuse soirée du 24 novembre, à Saint-Pierre. L’homme a expliqué qu’il véhiculait, outre le campaign manager du candidat battu du MSM dans la circonscription N° 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), Mes Ashley Hurhangee et Athon Murday. Raouf Gulbul circulait à bord d’un 4×4 conduit par Shabeer Gungapersad. « 24 heures sur 24 nous étions aux côtés de Raouf Gulbul. »

Paul Lam Shang Leen : Y avait-il d’autres personnes qui vous accompagnaient ?

Salim Mohamed : Pa kone kot zot sorti sa bann-la ! Il y avait aussi un 4×4 noir qui nous suivait tout le temps. Ti ena bann bel bel zom ladan…

PLSL : Vous n’avez jamais demandé à ces personnes qui elles étaient ?

SM : Non, la façon dont ils se comportaient, je ne leur ai pas adressé la parole. Je ne voulais pas avoir affaire à eux.

PLSL : Que faisaient-ils ?

SM : Ils nous suivaient partout. Et prenaient Raouf Gulbul, une fois que tout était fini, et ils l’emmenaient…

PLSL : Vous n’avez pas rencontré un certain Gro Patrick ?

SM : J’en ai entendu parler.

PLSL : Racontez-nous ce qui s’est passé, ce soir du 24 novembre 2014

SM : Ein, samem sa zafer cash-la. Il était tard. Raouf Gulbul n’était pas avec nous, mais nous avait demandé d’attendre près d’une station-service, à Saint-Pierre. Au bout d’un moment, Ashley Hurhangee en a eu marre d’attendre. En colère, il a appelé Raouf Gulbul au téléphone… Quelques minutes après, Raouf Gulbul est arrivé et il nous a dit de le suivre. On est entrés dans un petit chemin. Il est entré dans une maison. Puis, il en est sorti, il a frappé la vitre de la voiture dans laquelle je me trouvais, donc, la Mercedes de Me Goolamaully, et il a crié « Salim, Salim, ouver box ! » Il y a mis un gros sac en plastique, noir. Il m’a dit que c’étaient des tracts pour des musulmans, et qu’il ne fallait laisser personne y toucher.

J’ai déposé Ashley Hurhangee et Athon Murday à la rue Magon, à Port-Louis, puis j’ai déposé Me Goolamaully chez lui. Me mo latet ti pe fatige ar sa sak-la. J’ai palpé le sac en question, j’ai senti des rouleaux… Zot ti ron-ron, roule-roule. J’ai compris qu’il s’agissait d’argent. Puis Raouf Gulbul a pris le sac pour rentrer chez lui. Deux ou trois jours après, j’avais toujours en tête ce sac. J’ai fini par en parler à Me Goolamaully

PLSL : Combien d’argent y avait-il dans le sac ?

SM : Beaucoup, beaucoup d’argent ! C’étaient des billets de banque dans un gros sac-poubelle noir, rempli à moitié. Ti ena boukou, boukou cash !

PLSL : Une estimation ?

SM : Des millions ! Je ne sais pas. Le sac était rempli à moitié. Ça doit faire beaucoup !

PLSL : Combien ? Des billets de Rs 25 ?

SM : Non ! Des billets de Rs 1 000 et de Rs 2 000 !

PLSL : D’où sortait cet argent ?

SM : Des gens ont donné.

PLSL : Et où est allé cet argent ?

SM : Je ne sais pas.

PLSL : On nous a dit qu’il y avait une réunion avec un Maulana, ce soir-là ?

SM : Ki Maulana ? Mo pa’nn trouv okenn Maulana, moi. Je ne mens pas.

PLSL : Que s’est-il passé quand vous avez parlé de l’argent à Samad Goolamaully ?

SM : Il était choqué ! J’avais cru que mon patron, Me Goolamaully, était au courant pour cet argent. Mais quand je lui en ai parlé, il était très choqué.

PLSL : Quand il est venu ici, Raouf Gulbul a dit que ce “colis” contenait des tracts…

SM : Li’nn koz manti ! Cash ti ete sa !

Sam Lauthan a souhaité interroger davantage Salim Mohamed, lui demandant s’il avait ouvert le sac en plastique, en question. L’ex-chauffeur de Me Goolamaully a acquiescé et répondu qu’il avait regardé « avec mes yeux le contenu », soutenant que « c’était un gros sac-poubelle, d’ailleurs, c’était lourd à porter ». L’ancien ministre de la Sécurité sociale voulait aussi savoir si « personne n’a manipulé le sac, pendant qu’il était dans le coffre de la voiture ». Salim Mohamed a déclaré que « Raouf Gulbul m’avait bien demandé de ne laisser personne y toucher ».  S’agissant de la somme contenue dans le fameux sac, questionné sur le fait que le compte est de Rs 9,7 M et qu’il en manquait Rs 300 000 pour « faire un chiffre rond », Salim Mohamed a conclu : « pa’nn ena marday. Mo pa’nn pran nanye ladan mwa. Mo ti panse Samad Goolamaully ti kone pou sa cash-la. Me kan mo’nn dir li, li’nn gagn sok ».

Commission de Rs 358 000 à S. Goolamghouse

Sam Lauthan, ancien ministre de la Sécurité sociale et assesseur de la Commission, a également interrogé Khalil Ramoly. « Nous avons remarqué que, lors de vos communications téléphoniques avec Siddick Islam, il arrivait qu’il vous appelle une seconde et raccrochait. Puis, il y a autre chose qui nous a intrigués, par exemple, le 26 mai 2016, il y a eu huit conversations téléphoniques entre vous et lui. Il a appelé votre numéro trois fois et envoyé deux SMS. Puis, le 5 juillet de la même année, vous vous parlez pendant 12 minutes…» Pour s’expliquer, Khalil Ramoly s’est lancé dans un vibrant plaidoyer : « vous savez, je connais Siddick Islam depuis très longtemps. Vous-même (NdlR : s’adressant à Sam Lauthan), vous nous connaissez tous les deux… Quand j’étais tôlier, lui était peintre. Puis, j’ai avancé dans le métier. J’ai lancé mon garage. Lui, il s’est tourné vers la drogue; c’est son choix. Mais est-ce que demain, quand il sera libre et quand je vais le croiser dans la rue, je vais l’ignorer ? Vous, vous le feriez ? »

Dans le même souffle, Khalil Ramoly a indiqué qu’il avait effectivement versé une « commission de Rs 358 000 à Shabeer Goolamghouse. » Questionné par Sam Lauthan quant aux « services rendus » pour lesquels cette somme avait été offerte au policier suspendu, Khalil Ramoly a expliqué que « quand je voyage, comme je ne comprends pas l’anglais et le français, Shabeer m’aide, il m’explique des choses ». Interrogé quant aux biens immobiliers du policier, le patron de Khalil Spare Parts a dit qu’il n’en savait rien.

 

 

 

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