Commission électorale : front de l’opposition contre la nomination à l’ESC/EBC

  • XLD : « Le choix d’une partisane du MSM porte de graves atteintes à l’indépendance des institutions constitutionnelles régissant l’organisation des élections à Maurice »
  • Arvin Boolell : « Dans ce contexte de réforme électorale, la nomination de Shamila Sonah-Ori constitue le pire des signaux émis par le gouvernement Jugnauth »

Un front de l’opposition se dessine, contestant formellement le choix de l’avouée Shamila Sonah-Ori pour siéger sur l’Electoral Supervisory Commission et l’Electoral Boundaries Commission. L’enjeu est d’importance constitutionnelle avec des ramifications sur le plan de la démocratie car ces deux institutions émanant directement des dispositions de la Constitution sont étroitement liées à l’organisation et la supervision des élections en amont et en aval à Maurice. À ce matin, certains au niveau de l’Hôtel du gouvernement cachaient à peine leur embarras vis-à-vis de cette démarche de Lakwizinn. Mais ces derniers ne voulaient pas commenter cette situation de vive voix.

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La controverse politique suscitée autour de la nomination de l’avouée Shamila Sonah-Ori par le président de la République suppléant, Barlen Vyapoory, continue à gagner en intensité avec le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, reçu à la State House en cours de matinée pour consigner son opposition formelle à cette démarche présidentielle. Avant la rencontre, il devait confirmer sa ferme intention de déposer une motion de blâme à l’Assemblée nationale contre le président au cas où la State House persisterait et signerait dans l’affaire Sonah-Ori. Il peut compter sur le soutien du groupe des parlementaires du parti Travailliste. De son côté, le MMM, par la voix de son leader et lors d’un point de presse, dans la matinée après les délibérations du bureau politique d’hier, s’inscrit en faux à la décision du président de la République et « place celui-ci devant ses responsabilités constitutionnelles ».

Le leader de l’opposition maintient la pression sur le président de la République au sujet de la dernière nomination envisagée au sein de l’Electoral Supervisory Commission et de l’Electoral Boundaries Commission en remplacement de Me Prem Bissessur, décédé. « Si le président de la République par intérim m’écoute au sujet de la nomination de la proche des Jugnauth sur ces institutions, je n’ai aucun problème et le chapitre est clos. Au cas contraire, je suis prêt à déposer au secrétariat de l’Assemblée nationale et dans les meilleurs délais une motion de blâme contre le président de la République. La population a besoin d’être informée, d’être mise en garde contre ce qui se trame dans son dos. Cette nomination constitue une suite logique des différentes tentatives de la mainmise des Jugnauth sur les institutions de la République. Il y a le précédent avorté avec l’Office of the Director of Public Prosecutions », a-t-il fait comprendre au Mauricien avant de se rendre au Château du Réduit.

« L’Electoral Supervisory Commission et l’Electoral Boundaries revêtent une importance capitale pour la démocratie. L’une supervise le déroulement des élections à Maurice et l’autre s’occupe de la délimitation des circonscriptions. Vous n’êtes pas sans savoir que l’Electoral Boundaries Commission est au beau milieu d’un exercice de redécoupage électoral. Ce n’est pas dans l’intérêt de la démocratie que ces deux institutions constitutionnelles soient transformées en succursales du Sun Trust. C’est pourquoi nous disons non à la nomination de Shamila Sonah-Ori », poursuit le leader du PMSD.

« Je ne connais pas cette dame. Mais ce que nous savons, c’est qu’elle est déjà une nominée politique des Jugnauth et est redevable au ministère des Finances. Elle perçoit des allocations mensuelles de Rs 100 000 et des facilités de voiture officielle de par ses fonctions sous Pravind Jugnauth. Déjà, un “Clear Cut Case” de “Conflict of Interest” est établi et cette nomination ne peut être avalisée formellement. Le choix d’une partisane du MSM porte de graves atteintes à l’indépendance des institutions constitutionnelles régissant l’organisation des élections à Maurice », s’appesantit Xavier-Luc Duval.

« Petit à petit, Maurice ne fait que devenir une république bananière. Dans la conjoncture, mon devoir envers mon pays et la jeunesse de mon pays est de m’opposer à cette tentative d’usurpation de l’indépendance des institutions de la République. Avec cette nomination au parfum de scandale, nous sommes en droit de nous demander, where are we going ? » se demande le leader de l’opposition.

Pour sa part, le député travailliste, Arvin Boolell, rejoint le leader du PMSD dans ses commentaires contre cette nomination à l’Electoral Supervisory Commission et à l’Electoral Boundaries Commission. « La proximité de Shamila Sonah-Ory avec les Jugnauth est connue sur la place publique. Il n’y a pas lieu de verser de nouvelles preuves au dossier. Sa nomination va à l’encontre du principe fondamental de l’indépendance des institutions. La situation est pire vu qu’actuellement, le pays est en pleine période de réflexion en matière de réforme électorale et qu’un nouveau rapport sur le redécoupage des circonscriptions est attendu d’ici la fin de cette année », s’insurge Arvin Boolell. Le député rouge avance également que « c’est inacceptable que la State House se fasse dicter par le Batiment du Trésor. Cette nomination constitue le pire des signaux émis par le gouvernement Jugnauth».

Quant au député indépendant Kavi Ramano, il rejoint les autres de l’opposition pour contester la nomination de Shamila Sonah-Ori. « L’indépendance de quelqu’un ne se résume pas seulement à ses compétences. Il ne faut pas qu’il y ait une perception de Bias, qui est le cas dans cette situation avec la proximité de la principale concernée avec le pouvoir » a laissé entendre le député de Belle Rose-Quatre Bornes.

Shamila Sonah-Ori à Landscope Mauritius depuis mars
Cette proche de Lakwizinn a rejoint Landscope Mauritius comme directrice pour épauler la fille de la Speaker, Naila Hanoomanjee, qui y est en tant que Chief Executive Officer depuis mars 2018. Toutefois, dans une communication expédiée par les Finances à la compagnie d’État, le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, « has approved that the Board of Directors of Landscope and its subsidiaries be reconstituted ». Et Shamila Sonah-Ori siège depuis sur les conseils d’administration non seulement de Landscope Mauritius Ltd mais aussi de l’Informatics Park Ltd et de BPML Freeport Services Ltd.

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