CONCURRENCE: Le gouvernement n’est pas contre la communauté des affaires

Pour sa première intervention officielle en tant que ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Protection des consommateurs, Cader Sayed-Hossen a fait clairement comprendre que le gouvernement n’est pas contre la communauté des affaires mais qu’il est appelé à jouer le rôle d’arbitre entre cette dernière et les consommateurs. C’était ce matin à l’hôtel Le Labourdonnais lors de l’ouverture d’un atelier sur la politique de la concurrence organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Une politique de la concurrence n’est pas au détriment du secteur des affaires, a soutenu le ministre, « mais si la loi de la concurrence n’arrive pas à stabiliser un marché, alors le recours au contrôle des prix pourrait s’avérer comme une solution ».
Il n’y a pas de compétition entre le gouvernement et le monde des affaires, a fait ressortir Cader Sayed-Hossen. « Les deux ont des rôles complémentaires, des objectifs stratégiques à atteindre selon leurs missions respectives mais tous deux oeuvrent pour le développement socio-économique du pays et la création de la richesse », a-t-il déclaré. Tout en mettant l’accent sur le « partenariat privilégié et effectif » qui s’est développé au fil des années entre la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et le gouvernement, Cader Sayed-Hossen a estimé que la politique d’ouverture économique, la politique de privatisation, entre autres, pourraient avoir donné lieu à des pratiques commerciales injustes, mettant en péril toute stratégie de promotion d’une politique de la concurrence. La Commission de la Concurrence (Competition Commission) a été créée dans ce contexte particulier, soit pour éduquer et encourager la communauté des affaires à adopter des pratiques commerciales appropriées.
Ancien président de la CCI, le ministre du Commerce et de l’Industrie a dit noter avec satisfaction la collaboration qui s’est développée entre cet organisme du secteur privé et la Commission de la Concurrence pour la mise en place d’un cadre réglementé des pratiques commerciales. « Je crois personnellement dans un modèle économique libéral », a-t-il indiqué, mais il faut que « le marché sache opérer selon les règles définies ». Une politique de la concurrence, a-t-il poursuivi, peut définitivement contribuer à réguler un marché mais en cas de désordre on peut avoir recours au contrôle des prix.
« Les opérateurs économiques ne doivent pas que s’assurer de leur rentabilité à court terme mais ont aussi intérêt à veiller au développement durable de leurs entreprises », a soutenu Cader Sayed-Hossen. Il a fait comprendre que le gouvernement et le monde des affaires ne peuvent que travailler ensemble. « Governement needs you », a déclaré le ministre avant de renchérir que le gouvernement joue aussi le rôle d’arbitre entre la communauté des affaires et les consommateurs.
Cader Sayed-Hossen a dit sa préoccupation devant l’évolution de la situation concernant l’alimentation. Évoquant la question de sécurité alimentaire, il a fait état de certaines données publiées par la Food & Agriculture Organisation (FAO), dont une hausse de 39 % des prix des denrées alimentaires entre 2010 et 2011. La FAO annonce également que chaque jour il y a environ 220 000 personnes à nourrir en plus et que 44 millions d’habitants des pays en développement sont retombés dans une situation de pauvreté. Le ministre a fait appel à la communauté des affaires pour un effort spécial dans le domaine de la production et de la commercialisation de produits alimentaires.
Le président en exercice de la CCI, Cédric de Spéville, a rappelé que la Chambre a aidé à l’élaboration du cadre légal de la politique de la concurrence à Maurice car « elle croit fermement qu’un marché régulé par des règles justes et transparentes appliquées par des institutions indépendantes, sont plus efficaces qu’un marché sujet à toutes sortes d’interventions administratives, incluant le contrôle des prix ». La crise financière et économique qu’on connaît aujourd’hui, a donné lieu à un manque de confiance sur le fonctionnement du marché. « Restoring confidence among stakeholders will take time. But it is clear that there is a lot of pressure for more and better regulations, this means that all practices may not be accepted. Competition rules can be a response to this demand and can effectively contribute to restore greater confidence in the economy », a observé Cédric de Spéville. Pour ce dernier, une véritable politique de la concurrence basée sur des règles, la transparence et la bonne gouvernance peut aider à dissiper toute incertitude dans le marché.
L’ouverture de l’atelier de travail a été marquée par le lancement officiel d’un guide préparé par la CCI sur la législation de la concurrence à Maurice, les infractions et les pénalités prévues. La Chambre s’est assuré du concours du vice-président de la commission de la concurrence de la Chambre de Commerce International, Paul Lugard, pour la formation des opérateurs économiques locaux.

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