Conditions de travail : Que réclament les policiers en colère ?

  • Jaylall Boojhawon salue « ceux qui ont eu le cran d’être là à visage découvert »

Ce n’est pas banal de voir des policiers, bras armé de l’État, défier l’autorité. La première manifestation, organisée vendredi par la Police Officers Solidarity Union (POSU) dans les rues de la capitale, a surpris passants et badauds, et de surcroît mis en lumière une poussée de colère sans précédent, s’articulant autour de leurs conditions de travail inacceptables, selon eux. L’inspecteur Jaylall Boojhawon, président de la POSU, a mené la troupe en compagnie du président du Forum des Citoyens libres (FCL), Georges Ah-Yan, du travailleur social Rajah Madhewoo , rejoints au Jardin de la Compagnie par Jack Bizlall.

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Jaylall Boojhawon

Les manifestants ont défilé du Champ de Mars en passant par la rue Labourdonnais vers le Jardin de la Compagnie, derrière des banderoles « Dan stasyon pena bon twalet », « Aret bafwe nou drwa », « aret inpoz tou travay lor nou » ou encore « pa fer dominer ar inspekter Boojhawon ». Georges Ah Yan a rappelé que « cette première étape démontre que les langues commencent à se délier tout doucement. » En outre, la vingtaine de policiers, qui pour certains avaient à leurs côtés femmes et enfants, réclament, tous azimuts, un matériel renouvelé, pestent contre des effectifs jugés insuffisants, dénoncent des locaux insalubres et vétustes, du matériel informatique hors d’usage ou des véhicules et des protections qui ne sont pas adaptées.

Ils ont aussi élevé la voix face à une pratique récemment adoptée et émise par l’administration qui, selon les dires de l’inspecteur Jaylall Boojhawon, « impose l’Emergency Response Service ERS d’accompagner les agents de la compagnie de sécurité Brinks en cas de déclenchement d’alarme. » Ces derniers demandent également à être déchargés de certaines autres missions comme « debous drain, fer demars pou repar trotwar kase ou koup brans pye. » L’horaire de travail était au cœur des revendications. Georges Ah-Yan trouve scandaleux « ki enn polisye ki fini travay 2hr di matin bizin demann lift pou retournn lakaz e apre lendemin inpoz li fer additional hour » et d’ajouter avec ironie « Nou pa bann robo », ce qui a fait applaudir la grappe de manifestants.

Sur le front de « transfer pinitif » et dans le sillage des allégations faites récemment par l’inspecteur Boojhawon à l’effet qu’il en avait été victime afin de « m’empêcher de mener à bien les activités syndicales », le ton était monté d’un cran pour soutenir ce dernier, et le président du Forum des Citoyens libres de renchérir : « Na pa fer dominer ar li, na pa touss li. » Le président de la POSU tient à réitérer l’appel fait à maintes reprises, à travers notamment un manuscrit envoyé au commissaire de police, afin qu’il « reçoive au plus vite nos syndicats dans le but d’énumérer toutes ces problématiques. »

Il va plus loin en ajoutant que Krishna Jhugroo, adjoint au commissaire de police, qui assume la suppléance aux fonctions suprêmes, a tenté de banaliser cette manifestation à travers une lettre a fait parvenir et où on peut lire « All the points have been noted and will be taken into consideration. » Jaylall Boojhawon donne une nouvelle fois la réplique : « Mo na pa pou konsider sa kouma enn garanti. »

Dans une déclaration à Week-End, Jaylall Boojhawon dit saluer « ceux qui ont eu le cran d’être là à visage découvert. »« Mo ti enn ti polisye e mo pou laguer pou zot e pou kontinye diboute deryer zot. Il est impensable qu’en 2017 et avec tous les défis qui nous attendent, la force policière soit encore bafouée dans ses droits. Beaucoup d’entre eux ne sont pas à la manifestation par peur de représailles, mais je salue ceux qui ont eu le cran d’être là à visage découvert. Mo dir zot bravo e na pa per. »

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