Conditions difficiles : La CDU récupère huit enfants de Cité La Cure

Durant la semaine, deux enfants âgés de trois et quatre ans respectivement ont été retrouvés dans un petit appartement quatre-bornais, livrés à eux-mêmes, avec pour seule compagnie un chien et un singe. Vendredi soir, huit enfants de Cité La Cure ont été confiés à la Child Development Unit (CDU), ces derniers vivant dans des conditions d’insalubrité et de pauvreté totale. Des cas de trop pour montrer que plusieurs enfants mauriciens ne sont pas suffisamment protégés.

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À la rue Marjolin à Cité La Cure, des enfants et quelques mamans se sont réunis autour de la maison de Priscilla Piron. Vendredi soir, ses quatre enfants ont été emmenés par les officiers de la CDU. Week-End s’est rendu sur les lieux hier matin. La petite maison en béton de deux pièces peut à peine contenir les personnes venues lui rendre visite. Dans la cour, des piles d’ordures, un matelas usé, une savate cassée et des feuilles de tôle jonchent le sol. Ce même sol où marchent quelques enfants pieds nus, mais contents de jouer avec le chien du coin venu s’abreuver dans une flaque d’eau boueuse. À côté, les maisons en tôle essaient de rester debout, même si l’on a l’impression qu’en quelques coups de vent elles seraient réduites à néant.

« Nou kontan nou zanfan nou, madam. Ou panse nou kontan nou zanfan laba ? » nous lance Jessica Tiatouche, les larmes aux yeux. Âgée de 27 ans et actuellement sans emploi, cette mère célibataire habite seule dans une petite bicoque à Cité La Cure, non loin de la maison de Priscilla Piron. Une maison de quelques mètres carrés qui, à chaque grosse pluie, est inondée. Ses trois enfants, des jumeaux d’un an et un autre plus âgé de quelques mois, ont été eux aussi emmenés par la CDU, vendredi soir vers 19h. Le quatrième a été récupéré par la CDU de Quatre-Bornes.

Priscilla Piron est quant à elle âgée de 31 ans. Cette mère de quatre enfants, âgés de 14 mois à 10 ans, qui ont eux aussi été placés en shelter, semble accablée. « Ils sont venus avec plusieurs policiers pour nous enlever nos enfants. Nous discutions Priscilla et moi, ici même. On avait acheté de quoi manger et on avait donné quelques sous aux enfants pour qu’ils s’achètent des gâteaux », explique-t-elle.

Accompagnés de policiers, les officiers de la CDU sont intervenus après avoir appris que ces enfants vivaient dans des conditions insalubres et que certains d’entre eux auraient même été contraints de mendier.
Placés à l’hôpital

« […] eight children who are living in an inhygienic house, without basic amenities, with poor corporal hygiene and are grossly neglected and indulged in mendicity », indique-t-on à l’officiel. Ils ont été d’abord placés à l’hôpital et reçoivent les soins nécessaires.
« Nous sommes pauvres, et nous nous occupons seules de nos enfants, mais nou leker pe fermal ! Nous ne savons pas où ils sont, comment ils vont, et en plus, je donne toujours le sein à mes enfants. C’est terrible, ils n’avaient pas le droit de nous les enlever », lâche Jessica Tiatouche. Selon la jeune mère, « nos enfants vivaient correctement. On venait de leur donner un bain quand les policiers ont débarqué, ils étaient contents et jouaient ensemble. »

Si Jessica Tiatouche avoue qu’il lui arrive de faire la manche et que « cela n’est pas une honte, car j’ai fait tellement de demandes pour avoir une aide, un emploi, mais en vain. Comment vais-je faire pour survivre ? » Elle ne comprend pas pourquoi on lui a arraché ses enfants. D’ailleurs, une de ses voisines est encore sous le choc. « Li vré ki zot mizér mé li okip so bann zanfan. Bann’la pa bouzé, zot abitié res anplas lamem », nous confie-t-elle. « On était tous choqués hier en voyant venir les policiers et les officiers de la CDU », dit-elle.
Des officiers de la CDU qui disent avoir agi « in virtue of an Emergency Protection Order duly signed by the District magistrate of Port Louis Court under the section 4 of the Child Protection Act. » En effet, ce n’est pas la première fois que ces deux familles matriarcales reçoivent la visite des officiers de la CDU. « Ils étaient déjà venus pour voir si les enfants étaient bien traités », avoue Jessica Tiatouche.

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Rita Venkatasamy : « Il y a beaucoup d’enfants abandonnés à Maurice »
Contactée par Week-End, l’Ombudsperson for Children persiste et signe. « Il faut éduquer la population et cibler les mamans à risque. » Rita Venkatasamy ne cache pas sa stupeur face au cas des deux enfants abandonnés à Quatre-Bornes. « Nous ne savons pas depuis combien de temps ils vivent dans de telles conditions, il nous manque encore tellement d’éléments, mais je ne juge pas la maman », dit-elle. Elle ajoute que la CDU a agi très rapidement dans cette affaire.

Rita Venkatasamy déplore le nombre de cas d’abandon en hausse dans le pays. « Le plus souvent, ce qui se passe, c’est que les mamans abandonnent leurs enfants avec leur mère ou leurs sœurs. Il y a beaucoup d’enfants abandonnés, nous avons eu un cas où la grande sœur s’occupait de cinq enfants toute seule. Il faut donc éduquer le parent et cibler la maman à risque, car le problème ne sera pas résolu en plaçant l’enfant dans un shelter. Ce n’est pas cela la solution, il faut savoir encadrer ces enfants-là. La place d’un enfant est au sein d’une famille saine », dit-elle.

L’Ombudsperson for Children s’insurge aussi du rôle des pères de plus en plus absents au sein des familles. « Où sont ces pères-là ? Que font ces hommes pendant que c’est la maman qui doit assumer toutes les responsabilités ? Il faut donc beaucoup éduquer les garçons », conclut Rita Venkatasamy.
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Deux enfants retrouvés seuls avec un chien et un… singe
C’est la stupeur. Mardi dernier, deux enfants sont secourus par les pompiers et les policiers grâce à l’appel de détresse des commerçants de la localité à Quatre-Bornes. Abandonnés avec un chien et un singe attachés à une corde, un garçonnet de quatre ans à moitié nu et une fillette de trois ans complètement nue tentait de s’échapper par la fenêtre d’un appartement au troisième étage.

Alertés par les commerçants en face de l’immeuble, les sapeurs-pompiers ont dû intervenir pour finalement tomber sur une scène des plus atroces. Dans le petit appartement fermé à clé se trouvaient les deux gamins ainsi que les deux animaux, avec des excréments qui jonchaient le sol, sans compter l’odeur infecte et l’état insalubre des lieux. La mère âgée de 28 ans allègue être sortie pour acheter de la nourriture et qu’elle allait rentrer, sauf qu’il ressort que cette dernière paraissait être sous l’effet d’une substance illicite, comme l’indiquait Le Mauricien vendredi.

« Mardi après-midi, des passants et des commerçants ont vu deux enfants près de la fenêtre de l’appartement dans une position très dangereuse. Ils auraient pu tomber. Les passants ont alors appelé les autorités pour les sauver. Les parents n’étaient pas là. Nou konn lafami de vue, on ne les connaît pas personnellement », témoignaient un commerçant. Les enfants sont toujours à l’hôpital et reçoivent les soins nécessaires.

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