CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA MIOD : Trois employées poursuivent l’institut pour “constructive dismissal”

Décidément, il semblerait que l’actuel conseil d’administraion du Mauritius Institute of Directors (MIoD) a une conception tout à fait particulière de la bonne gouvernance. Après  avoir renvoyé son CEO lors d’une réunion sans lui donner l’occasion de s’exprimer, le conseil d’administration aurait eu une attitude étonnante vis-à-vis des six employées de l’institut, pour dire le moins. C’est en tout cas ce qu’affirment trois d’entre elles  qui ont considéré que cette attitude équivalait à un renvoi et ont décidé de poursuivre la conseil d’administration pour “constructive dismissal.” Voici leur version de ce qui s’est passé au MIoD le vendredi 22 septembre dernier, après le renvoi de l’ex-CEO.
Les six employées du MIoD savaient que le board avait convoqué une réunion pour le 22 septembre avec un seul item à l’ordre du jour: discuter du contrat du CEO, Juan Carlos Zara, en poste depuis seize mois. Mais fait curieux, surtout dans un institut qui dispense des cours sur la bonne gouvernance, le principal concerné n’est pas invité à la réunion! Vers 16h25, les six employées reçoivent un appel de la présidente les invitant à rencontrer le board dans le bureau de Blast, qui se trouve vis-à-vis du siège de l’IMoD à  Ébène. Sont présents dans la salle de réunion: Heba Capdevila – Jangeerkhan, présidente; Olivier Decotter, vice-président; Patricia Day Hookoomsing, Neemalen Gopal et Paul Halpin. La présidente demande aux employées d’attendre la secrétaire de la compagnie qui va prendre les “minutes” de la réunion. Après l’arrivée de la secrétaire, la présidente lit un communiqué en anglais annonçant que le board s’est séparé de son CEO et annonce le travail qui doit être fait. Choquées par la nouvelle, les employées demandent la permission de sortir un moment pour digérer la nouvelle qu’elles n’arrivent pas à assimiler. De retour dans la salle, une des employées, parlant au nom du groupe, demande l’autorisation de partir pour toutes les employées. La présidente refuse et dit qu’elles doivent rester pour faire le travail. La porte-parole demande une fois encore l’autorisation de partir. La présidente s’énerve, élève la voix et dit  à la porte-parole désignée des employées:  “Give me the key to the MIoD. You have made your choice. You take your responsibilities and bear the consequences. We consider that you are against the Board.” La porte-parole remet les clés à la présidente qui déclare: “Anyone else who leaves takes their responsibilities. We consider that you are against the Board.” Trois des employées décident néanmoins de partir, les trois autres restent. Choquées, les trois employées qui ont quitté la salle se disent qu’elles viennent de perdre leur emploi et se demandent en pleurant quoi faire à la sortie du bâtiment. C’est là qu’elles rencontrent les membres du board qui quittent la réunion et passent devant elles sans même les regarder.
Le lendemain, les six employées se rencontrent et discutent de ce qui s’est passé la veille. Elles décident d’écrire une lettre aux membres du board pour décrire l’état dans lequel elles se trouvent et protester contre la manière dont elles ont été traitées. La lettre devait être envoyée lundi mais dans la soirée de dimanche, la présisdente leur envoie un email collectif pour féliciter les trois employées qui étaient restées et fustiger celles qui étaient parties. Leur comportement, écrit-elle, était inacceptable et elle allait s’occuper de leur cas, les informant qu’elle souhaite les rencontrer individuellement lundi. Les six employées décident alors d’envoyer tout de suite leur lettre aux membres du board. Trente minutes plus tard, la présidente leur répond que le MIoD avait retenu les services d’un cabinet légal à qui leur lettre avait été envoyée. Malgré tout, lundi, les six employées décident de se rendre au bureau, mais l’une d’entre elles, morte de peur, fait une crise de panique et doit être transportée à l’hôpital où on lui administre un calmant. À la sortie de l’hôpital, les  employées décident d’aller consulter un avocat. Après les avoir entendues, l’avocat déclare qu’elles sont “constructively dismissed”, c’est-à-dire qu’elles se retrouvent dans une situation où les actions de leur employeur les forcent à prendre le chemin de la sortie de l’institut. Trois des employées décideront de suivre le conseil de l’avocat, les trois autres choisiront, pour des raisons personnelles, de retourner au travail. Vendredi, trois plaintes pour “constructive dismissal” ont été servies à la Chair Person et aux membres du Mauritius Institute of Directors, dont “the first object, according to the FRC Act, section 70, is to promote the highest standards of Corporate Governance and of business and ethical conduct of Directors serving on boards of companies and public interest entities.”
Ce qui frappe et choque dans cette affaire, c’est le silence – complice ? – de tous ceux qui à Maurice ne ratent pas une occasion pour expliquer l’importance de la bonne gouvernance dans une société démocratique. Ceux-là même qui, bien souvent, donnent des leçons au service public supposé être moins performant en matière de bonne gouvernance que le secteur privé.

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