Construction d’un hôtel : Clear Ocean doit Rs 20 M à l’État pour bail non-payé

  • En dépit de cela, le ministère des Terres lui accorde trois délais pour débuter la construction de son hôtel
  • Mahen Jhugroo a omis ce détail en répondant aux questions parlementaires le 7 mai dernier

Clear Ocean Hotels and Resort Ltd n’avait, au 8 mai dernier, toujours pas payé le bail, pour le terrain de Pomponette. C’est ce que révèle une lettre envoyée par le ministère des Terres et du Logement, au principal concerné, en date du 8 mai 2019. Le montant dû, incluant les intérêts, s’élève à Rs 20 millions. Cela représente le bail pour la période de 2017-2018 et 2018-2019. Dans un tel contexte, le ministère aurait dû, selon les termes du contrat, annuler le bail depuis longtemps. Sauf qu’il a accordé un délai en trois fois, au promoteur pour débuter la construction de son hôtel… Une position qui suscite de nombreuses interrogations.

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La lettre du 8 mai dernier est en fait un deuxième « reminder » que le ministère a adressé à Clear Ocean Hotels and Resort Ltd (COHRL). La lettre mentionne en effet : « Please refer to the Ministry’s letter and the Statement of claim dated 4 december 2018, regarding rent and interest due in respect of the abovementioned plot of State Land. It is noted with concern that the amount owed by you has still not been paid. Rent due plus interest for period from 2017/2018 as at 08 May 2019 amounts to Rs 20,139,280.55.”

Cette même lettre rappelle que selon l’article 16(a) du contrat, le bail est annulé « de plein droit » et sans indemnité, en cas de non-paiement pendant une période de plus de trois mois. Ce deuxième « reminder » somme ainsi COHRL à régler la somme due dans un délai de quinze jours. Toutefois, la question qui se pose, c’est pourquoi le ministère des Terres et du Logement n’a pas annulé le bail, alors que le contrat lui en donnait « plein droit ». D’autant que le bail impayé remonte à 2017.

Plus que cela, le ministère des Terres et du Logement est même allé jusqu’à octroyer trois délais à COHRL pour la construction de son hôtel St-Felix Sheraton. Le dernier, en date de septembre de l’année dernière, expire le 30 juin prochain. C’est le ministre Mahen Jhugroo lui-même, qui l’a annoncé à l’Assemblée nationale le 7 mai dernier, alors qu’il répondait à des questions des députés Ezra Jhuboo et Rajesh Bhagwan sur ce projet. Cela, à condition que le promoteur produise un nouveau permis EIA. Jusqu’ici, il avait bénéficié de celui de Midas Acropolis, ancien détenteur du bail.

Toutefois, à ce jour, le site du ministère de l’Environnement ne fait aucune mention d’une demande de permis EIA par COHRL pour son hôtel à Pomponette. Tout laisse croire que le promoteur ne sera, une nouvelle fois, pas en mesure de respecter le délai. C’est la troisième fois que le gouvernement lui accorde du temps supplémentaire pour cela.

Les derniers développements sur le plan judiciaire laissent croire que COHRL, qui fait partie du groupe Pelangi Resorts, dirigée par la Sud-Africaine Miranda Meyer, n’a pas les moyens financiers pour la construction de cet hôtel. L’année dernière, la compagnie a été poursuivie pour non-paiement du loyer de son bureau à la Barclays House, Ebène. Le montant dû s’élevait à Rs 6,2 M. Par la suite, un arrangement a été trouvé entre les deux parties, COHRL ayant trouvé un créancier pour régler ses dettes.

D’autre part, en Afrique du Sud, Miranda Meyer a fait l’objet de poursuites pour escroquerie alléguée. Selon la presse locale, elle aurait, entre autres, invité des compatriotes à investir dans le projet de Saint Félix, mais ne voyant rien venir, ceux-ci sont venus constater la situation à Maurice et se sont retrouvés devant des feuilles de tôles, barricadant la plage.

Devant tous ces faits accablants, il reste à voir ce que fera le gouvernement, à l’approche de l’échéance du 30 juin. À l’Assemblée nationale le 7 juin dernier, Mahen Jhugroo avait laissé entendre que le gouvernement allait consulter le State Law Office sur cette affaire, afin de prendre une décision.

De son côté, le collectif Aret Kokin Nou Laplaz qui a toujours contesté la déclassification de la plage publique de Pomponette, réclame que celle-ci soit rendue au public mauricien. L’équipe avait également fait une minutieuse enquête pour démontrer que COHRL n’était pas en mesure de construire l’hôtel St-Félix, et n’a jamais eu une oreille attentive au niveau du gouvernement jusqu’ici.

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