Controverse des jumelles – Les parents : « Dites-nous la vérité sur notre deuxième bébé ! »

– Le gynécologue du public ayant procédé à l’accouchement était le médecin traitant de la maman dans le privé et aurait confirmé à nouveau la présence de deux bébés juste avant l’accouchement

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– Le couple a envoyé des correspondances aujourd’hui à différentes autorités

– Un document de l’hôpital faisant mention de “twins pregnancy”

Cinq jours après la naissance de leur petite fille à l’hôpital du Nord, Akash et Neha Sookun sont formels : les médecins traitants dans le service public et dans le privé leur avaient bien annoncé dès les premières semaines de grossesse que Neha attendait des jumelles. La jeune maman de 27 ans raconte au Mauricien que la veille de l’accouchement, le gynécologue à l’hôpital – celui-là même qui l’a suivie au privé – lui aurait affirmé que « les deux bébés se portent bien ».

« On est dans le flou et on imagine toutes sortes de choses. Dites-nous la vérité ! » supplie la mère, visiblement désemparée. Le couple a envoyé aujourd’hui par voie postale des correspondances à plusieurs autorités du pays concernant ce problème. Mais au sein du ministère de la Santé, certains disent qu’il n’y avait « qu’un seul bébé pendant la grossesse ».
Dès qu’elle a su qu’elle était enceinte, Neha Sookun a commencé son traitement de grossesse à l’hôpital du Nord et, en parallèle, était suivie, raconte-t-elle, par un gynécologue du privé. D’ailleurs, ce dernier, qui travaille aussi dans le service public, a procédé à l’accouchement par césarienne le 16 mars dernier en fin de matinée.
La maman, enseignante de secondaire, raconte que dès les premiers mois, les médecins du public et du privé lui avaient annoncé qu’elle donnerait naissance à deux bébés, des jumelles. Les premiers instants de surprise et d’émotion passés, la joie envahit Neha et Akash Sookun, enseignant lui aussi au secondaire, et le couple partage alors la nouvelle avec leurs proches. « Ce sont les médecins eux-mêmes qui nous ont dit que nous allions avoir des jumelles », affirme le couple. « Nous n’avons rien inventé. » Dans un document de l’hôpital relatif au contrôle régulier de la santé de la maman, on y voit d’ailleurs la remarque “Twins pregnancy” et la date du 18/12/2017 y est aussi mentionnée. C’est ainsi que, ces derniers mois, le couple s’est préparé à tous les niveaux pour accueillir leurs jumelles dans leur maison. Outre ses rendez-vous de contrôle régulier à l’hôpital, l’enseignante indique avoir aussi été suivie tout au long de sa grossesse par un seul gynécologue dans le privé et que c’est ce dernier qui s’est occupé d’elle à partir du 7e mois à l’hôpital. Elle s’est également rendue en deux occasions, au début de sa grossesse, chez deux autres médecins, et ce pour des raisons bien spécifiques. « Lors de mon rendez-vous le 15 mars à l’hôpital, le Dr R., qui m’a vu dans le privé, était de service et m’a dit de me préparer car que j’allais accoucher le lendemain et qu’il allait pratiquer une césarienne. Ma grossesse était arrivée presque à terme. Ce médecin m’a aussi dit ce jour-là, et encore quelques minutes avant l’accouchement, que les “deux bébés” étaient en bonne santé. Jusqu’à la dernière minute, ce médecin parlait de deux bébés et non d’un seul. Comment ne pas le croire puisqu’il m’a accompagnée pendant ma grossesse et que j’avais confiance ? » se demande la maman.

Mais après l’accouchement, ce vendredi 16 mars, la jeune femme est complètement anéantie en apprenant qu’il n’y a qu’un seul bébé. « Il y avait plusieurs personnes dans la salle d’opération. Mo senti mwa pe toufe… Mo deman dokter-la kot mo lot zanfan ete e li zis fer mwa enn sign lamin ki pena. » Elle déplore l’attitude de ce médecin après l’accouchement. « Je ne l’ai pas revu en salle et c’est un autre médecin qui a signé le document de “discharge”. Il ne répond pas aux appels téléphoniques », affirme la maman. Celle-ci est rentrée chez elle avant-hier en larmes et avec ses nombreuses interrogations.
Le couple se dit « complètement bouleversé » par cette nouvelle situation et qu’il y a en eux « une profonde souffrance ». Depuis le 16 mars, le couple se pose de nombreuses questions : « Nous voulons connaître la vérité sur le deuxième bébé qu’on attendait . Est-ce qu’il y a eu erreur de diagnostic pendant neuf mois ? Le bébé est-il décédé ? A-t-on volé notre enfant ? » Akash Sookun dit avoir fait part de ces mêmes réflexions au directeur de l’hôpital, qu’il a rencontré avant-hier. « Il m’a répondu qu’il est impossible qu’on puisse voler un bébé en présence de plusieurs membres du personnel et qu’on ne peut pas non plus cacher un décès », relate le mari. Tout en étant en colère, le couple fait preuve d’une certaine compréhension.

« C’est vrai qu’en médecine, il peut y avoir un décalage dans certains diagnostics », reconnaît la maman. « Mais si les médecins se sont trompés en prévoyant des jumelles, pourquoi la direction de l’hôpital et le gynécologue du privé ayant pratiqué la césarienne ne nous disent-ils pas la vérité en face au lieu de nous laisser avec nos doutes et nos incertitudes ? Ce médecin du privé ne répond même plus à nos appels. S’il ne veut pas me rencontrer, il pourrait au moins parler à mon époux. Je suis tourmentée. Qu’on allège cette souffrance, je vous en prie ! » supplie la jeune maman.

Après la déposition consignée au poste de police de l’hôpital et une plainte logée à l’hôpital par son mari le jour de l’accouchement, Neha Sookun compte en faire de même en début de semaine prochaine. « Je vais faire deux dépositions, une au poste de police de l’hôpital et l’autre au poste de police de Triolet », dit-elle. Akash et Neha Sookun ont envoyé des correspondances à plusieurs autorités afin de leur demander de faire la lumière sur ce problème auquel ils sont confrontés, à savoir au Prime Ministers Office, au ministre de la Santé, au commissaire de police, au Medical Council et à l’Ombudsperson for Children.

LE MINISTRE HUSNOO: « Un seul bébé selon le rapport officiel »

Sollicité pour une réaction sur le cas de la naissance d’un seul bébé au lieu de jumelles à l’hôpital du Nord, le ministre Anwar Husnoo avance que le rapport officiel qu’il a obtenu fait mention de l’accouchement d’un seul bébé. « Les parents affirment qu’une échographie pratiquée par le passé démontre que la maman était enceinte de jumelles. Mais j’ai appris qu’à l’heure de l’accouchement, il n’y avait qu’un seul bébé. Maintenant, tout dépend de la personne du privé ayant pratiqué cette échographie. Au niveau de l’hôpital, il ressort qu’il n’y avait pas de jumelles », affirme le ministre.

 

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